vendredi 14 mars 2025
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Mort du réalisateur Carlos Saura, figure du cinéma espagnol et européen

Le cinéaste espagnol Carlos Saura est décédé ce vendredi 10 février 2023 à l’âge de 91 ans, a annoncé l’Académie espagnole du cinéma. Figure du cinéma européen, il avait notamment réalisé Cría cuervos, en 1976.

« L’Académie du cinéma a le profond regret d’annoncer le décès de Carlos Saura », a-t-on appris par l’intermédiaire du réseau social Twitter ce vendredi, « l’un des cinéastes fondamentaux de l’histoire du cinéma espagnol, mort aujourd’hui à son domicile à 91 ans, entouré de ses êtres chers », précise l’Académie des arts et des sciences du cinéma d’Espagne.

Le réalisateur laisse ainsi derrière lui une cinquantaine d’œuvres cinématographiques. « Son dernier film, Las paredes hablan, était sorti vendredi, preuve de son activité infatigable et de son amour pour son métier jusqu’à ses derniers instants », explique l’Académie.

Carlos Saura devait recevoir un Goya d’honneur, samedi à Séville, de la part précisément de l’Académie des arts et des sciences du cinéma d’Espagne. Un hommage lui sera finalement rendu à cette occasion, la cérémonie des récompenses du cinéma espagnol, à « la mémoire d’un créateur irremplaçable », selon l’Académie.

Une « figure fondamentale de la culture espagnole »

Né le 4 janvier 1932 à Huesca, dans le nord de l’Espagne, dans une famille d’artistes, Carlos Saura obtient sa première reconnaissance mondiale en 1966, à Berlin. Un Ours d’argent pour La Chasse. En 1975, il sort Cría cuervos, allégorie de la dictature franquiste, prix du jury à Cannes et nommé au César du meilleur film étranger, dont le succès ira de pair avec celui de « Porque te vas », chanson de José Luis Perales interprétée par Jeanette.

Le réalisateur espagnol s’inscrit d’abord dans le registre du réalisme social, avant de s’orienter vers des films musicaux, notamment sur le flamenco. À partir de la mort de Franco, en 1975, il passe progressivement à des hymnes d’amour au tango et au fado, au folklore argentin et à la jota aragonaise, à l’opéra et au flamenco.

« Cinéaste, photographe, scénographe, artiste total, Carlos Saura est parti. Prix national de la cinématographie en 1980, sa carrière a reçu toutes les récompenses imaginables et, par-dessus tout, l’amour, l’appréciation et la reconnaissance de nous tous qui apprécions ses films », écrit le ministre de la Culture, Miquel Iceta Llorens.

« Carlos Saura, figure fondamentale de la culture espagnole, nous quitte. Son talent est, et sera toujours, un héritage culturel de notre histoire grâce à des films inoubliables tels que ¡Ay, Carmela! ou La prima Angélica. On dit au revoir au réalisateur de l’imaginaire, son cinéma reste », commente le chef du gouvernement, Pedro Sánchez.

« Une œuvre essentielle pour une profonde réflexion »

« Avec Carlos Saura, une partie très importante de l’histoire du cinéma espagnol meurt. Il laisse derrière lui une œuvre essentielle pour une profonde réflexion sur le comportement humain. Repose en paix, ami », a encore réagi l’acteur, réalisateur et producteur espagnol Antonio Banderas, géant du cinéma ibérique.

Prolifique, Carlos Saura jouait sur l’imaginaire dans des films à l’esthétique sophistiquée, au style à la fois lyrique et documentaire, centré sur le sort des plus démunis. Il a souvent dépeint des personnages issus de la bourgeoisie, tourmentés par leur passé et flottant entre réalité et fantasme, commente l’Agence France-Presse.

Plusieurs fois marié et père, le monstre sacré avait notamment été en couple avec Geraldine Chaplin, qu’il considérait comme sa muse avec qui il avait eu un enfant.

G. K.