samedi 15 mars 2025
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Espace : les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite veulent voir plus grand

Pour la première fois, l’Arabie saoudite s’apprête à envoyer une femme et un homme vers la Station spatiale internationale (ISS) qui rejoindrait un autre astronaute arabe, originaire du pays voisin des Émirats arabes unis. Dans la région du Golfe, la conquête spatiale est devenue un enjeu important, synonyme de diversification économique.

« Une mission historique ». C’est par ces mots que le Dr. Mohammed Bin Saud al-Tamimi, patron de la Commission spatiale saoudienne, a qualifié l’envoi de deux ressortissants du royaume vers la Station spatiale internationale. Au cours du deuxième trimestre 2023, les Saoudiens Rayyanah Barnawi et Ali al-Qarni devraient en effet rejoindre l’équipage de la mission spatiale AX-2 à bord de l’ISS. Le vol spatial devrait être lancé depuis les États-Unis.

« Une étape qui vise à renforcer les capacités saoudiennes en matière de vols spatiaux habités », a rapporté l’agence de presse officielle SPA. Mais aussi à « contribuer à la recherche scientifique qui sert les intérêts de l’Homme dans des domaines essentiels tels que la santé, la durabilité et la technologie spatiale ». Et surtout « à bénéficier des opportunités prometteuses offertes par ce secteur et ses industries à l’échelle mondiale ».

Diversifier son économie et redorer son image austère

Cet accomplissement s’inscrit d’ailleurs dans le cadre de la « Vision 2030 » du royaume lancé par le prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du pays et fils du roi Salmane, il y a plus de cinq ans. L’Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole brut au monde qui dépend encore largement de ses revenus pétroliers, cherche en effet à diversifier son économie. Et aussi à redorer son image austère alors que le pays est confronté à des critiques récurrentes sur les violations des droits humains.

Même si l’Arabie saoudite a déjà envoyé le premier astronaute arabe et musulman de l’histoire dans l’espace en 1985, son programme spatial est l’un des nouveaux moyens d’atteindre ces objectifs. C’est seulement à la fin de l’année 2018 que la Commission spatiale saoudienne voyait le jour par décret royal. Depuis, des investissements colossaux dans ce domaine ont été réalisés. En 2020, le royaume prévoyait par exemple une augmentation de 8 milliards de riyals (soit plus de 2 milliards de dollars) pour son programme spatial d’ici à 2030. Le royaume ambitionne donc de devenir une grande puissance spatiale. Au même titre que son voisin et puissant allié du Golfe : les Émirats arabes unis.

Nouveau champ de rivalité entre Riyad et Abou Dhabi

Mais dans ce domaine, Abou Dhabi a une longueur d’avance. Le 26 février prochain, l’émirien Sultan al-Neyadi devrait d’ailleurs lui aussi décoller à bord d’un vaisseau SpaceX vers l’ISS pour une mission de six mois. En 2019, un autre émirien, Hazzaa al-Mansoori, s’était déjà envolé dans l’espace pour une mission de huit jours à bord de la Station. Il était alors le premier citoyen du pays à voyager dans l’espace.

Deux ans plus tard, les autorités de la monarchie du Golfe ont par ailleurs lancé la mission « al-Amal » (« l’espoir » en français). La sonde spatiale émirienne avait alors été placée en orbite autour de la planète Mars. Celle-ci est conçue pour fournir des images de la Planète rouge afin de mieux comprendre son atmosphère et son climat. L’année dernière, les Émirats arabes unis ont aussi lancé la première mission du monde arabe vers la Lune, en y envoyant un rover.

Dans le Golfe, la conquête de l’espace pourrait donc devenir un nouveau champ de rivalités entre grandes puissances économiques.

N. K.