Les sacrifices des joueurs de l’équipe de football du Front de Libération Nationale (FLN) et leur patriotisme, constituent « une leçon » pour les générations actuelles et futures, en étant le « premier ambassadeur de l’Algérie » avant même son indépendance, a expliqué mercredi Mohamed Maouche, un des 32 joueurs de cette équipe hors normes qui avait sillonné le monde pour porter haut la voix de l’Algérie combattante.
Celui qui veut connaître l’histoire de cette sélection du FLN, doit revenir 65 ans en arrière, et plus précisément au 13 avril 1958, lorsqu’un groupe de 32 jeunes joueurs avait pris la décision irrévocable d’oublier leur « statut de stars » avec les clubs français afin de répondre à l’appel de la patrie, et faire connaître la cause algérienne à travers la création d’une équipe de football.
Dans un entretien à l’APS, Mohamed Maouche revient sur l’origine de la création de cette équipe et les sacrifices qui avaient suivi pour ceux qui avaient fait le choix de répondre à l’appel de la patrie: « l’idée de créer cette équipe, est née dans l’esprit de Mohamed Boumezrag El-Mokrani en 1957, lors de la participation de quelques Algériens au Festival international des étudiants à Moscou sous l’égide de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) sous la direction de Moulay Tahar, chargé à l’époque des affaires des étudiants algériens ».
« Boumezrag et Moulay avaient étudié l’idée de créer une sélection nationale formée de joueurs professionnels évoluant dans les grands clubs français, avec pour objectif de faire entendre la voix de l’Algérie dans le concert international. Dés lors, ils avaient entamé les contacts avec les joueurs, à commencer par les regrettés Abdelaziz Bentifour, et Mokhtar Arribi, puis moi-même, en se fixant un rendez-vous dans un café à Paris. »
Des jeunes avaient ainsi mis un trait sur la vie de stars du football, dont certains étaient tout prés de prendre part au Mondial-1958 en Suède, mais qui ont décidé « de tourner le dos à cette vie pour rejoindre le FLN, en donnant une merveilleuse image de l’Algérien, contrairement aux déclarations du colonialisme français », se rappelait Maouche.
Maouche continue son récit, les larmes aux yeux en détaillant les raisons pour lesquelles ils avaient décidé de brader le « vedettariat » et former la sélection du FLN, « surtout pour faire face au mépris dont on était l’objet, en nous obligeant de force à accomplir le service civil avec l’armée française, sans oublier les conditions de misère dans lesquelles vivaient nos compatriotes en France ».
« Le rendez-vous de se retrouver en Tunisie avait été pris, et les joueurs rejoignaient l’un après l’autre la capitale tunisienne afin de déclarer la naissance de la sélection du FLN, dans un défi solennel au championnat de la France coloniale, notamment avec le désir d’un peuple de libérer son pays du joug colonial », a-t-il ajouté.
Toutefois parmi les 11 joueurs concernés, seul Maouche manquait à l’appel car il avait été arrêté à la frontière franco-suisse, en voulant s’enfuir une première fois. Mais il avait réussi à s’évader et rejoindre ses camarades à Tunis, où il avait été chaleureusement accueilli par leurs frères tunisiens.
« A Tunis, débutait le long périple du FLN. J’avais participé au deuxième tournoi organisé dans les pays d’Europe de l’Est dont l’ex Yougoslavie, et l’ex-Tchécoslovaquie, en disputant nos premiers matches en présence de 5.000 spectateurs. Mais notre notoriété grandissante au fil des matches, à travers la presse, a fait que plus de 50.000 spectateurs venaient nous voir », relève-t-il en donnant force détails sur l’organisation des rencontres de l’équipe du FLN.
« C’était une grande fraternité entre les joueurs, on était bien encadrés par nos dirigeants. Malgré notre jeunesse, nous étions très conscients du poids de la responsabilité sur nos épaules. Parmi les pressions imposées sur le plan sportif par la France sur les joueurs algériens, les lettres adressées à la Fifa pour interdire notre participation avec des clubs ou sélections nationales, chose acceptée par l’instance internationale qui a ordonné aux fédérations nationales affiliées, de refuser d’affronter la sélection du FLN, et recruter ses joueurs. En dépit de ses menaces, nous avions joué contre de nombreuses sélections, dont la Tunisie, l’Irak, la Syrie, la Jordanie et l’Irak », souligne-t-il.
« Les dernières rencontrées livrées par cette glorieuse équipe étaient avec des clubs tunisiens, dont Gabès et Monastir, avant l’annonce de l’indépendance de l’Algérie, qui constituait la plus belle des choses dans notre pays », a encore souligné Maouche.
« La sélection du FLN n’a pas son pareil dans le monde, elle est unique dans son genre, et l’histoire ne le rééditera jamais, car cette équipe a prouvé au monde que l’Algérie est unie », termine Maouche.
APS