En France, près d’un quart des 8-17 ans est en surpoids. Un traitement personnalisé et de longue durée s’avère essentiel.
Dans sa salle de consultation de l’hôpital Necker, le Dr Myriam Dabbas, pédiatre et responsable de l’unité obésité, reçoit Emma. Cette jeune fille de 15 ans pèse 107 kg pour une taille d’1,61 mètre. Grâce à l’équipe de l’hôpital, elle pourra bénéficier d’une prise en charge multidisciplinaire. C’est essentiel pour les patients atteints d’obésité sévère, car les complications peuvent être nombreuses.
Emma fait partie des 6 % d’enfants entre 8 et 17 ans en situation d’obésité en France, et 21 % sont en surpoids *. Ces catégories sont définies, chez l’adulte, par l’indice de masse corporelle (IMC), valeur calculée en divisant le poids (en kg) par la taille (en cm) au carré. Le surpoids correspond à une valeur supérieure à 25 et l’on parle d’obésité quand ce chiffre dépasse 30. Pour l’enfant, il faut prendre en compte la croissance, c’est pourquoi il est conseillé de se référer au carnet de santé où ces seuils sont calculés en fonction de l’âge.
La prise en charge du surpoids et de l’obésité est bien encadrée et graduelle selon le niveau du problème, explique le Dr Dabbas. Pour un surpoids ou une obésité sans complication, le premier rendez-vous a lieu en ville, chez le médecin traitant. On parle ici d’ajustements et d’adaptations, bien sûr au niveau alimentaire, que ce soit pour l’enfant, mais également dans le cadre familial : en effet, on ne peut pas demander à un enfant d’arrêter de boire du soda si toute la famille en consomme à chaque repas. « On ne parle pas de régime, certainement pas, déjà parce que ça ne marche pas, et c’est même grave chez l’enfant qui a besoin de pouvoir manger de tout pour assurer une croissance normale », insiste le Dr Dabbas. Au contraire, l’idée est d’accompagner le jeune et son entourage sur une prise en charge globale pour améliorer la qualité des repas et d’amener à pratiquer plus d’activités physiques.
Le sommeil joue un rôle clé. Si ces méthodes de première intention n’apportent pas le résultat espéré, on passe au niveau 2. Nous sommes alors toujours en ville mais, en plus du médecin traitant, si besoin, une prise en charge psychologique et des rencontres avec un diététicien. Pour coordonner le parcours de soins, il existe dans la plupart des régions françaises un réseau pour la prise en charge et la prévention de l’obésité pédiatrique (Repop) qui peut prendre en charge les consultations, habituellement non remboursées. Ce type de réseau peut également adresser des patients atteints d’obésité sévère (IMC supérieur à 40 et complications avérées) à l’hôpital. Le service du Dr Dabbas, à l’hôpital Necker, prend en charge environ 450 patients chaque année. Pour Emma, une évaluation se fera en ambulatoire : on va vérifier, notamment, l’état de son foie, de ses ovaires, de ses reins et son profil métabolique. S’il y a un problème sur l’un de ses organes, il y aura une prise en charge ciblée, en plus du traitement de l’obésité.
* Enquête « ObEpi-Roche » menée par la Ligue contre l’obésité, Sciences Po, Odoxa et Roche.
B. T.