Présenté en séance spéciale au Festival de Cannes avant sa sortie en salles ce mercredi, ce film d’Elias Belkeddar se déroulant dans un Alger méconnu offre des rôles en or à ses deux acteurs principaux.
ILS ONT FÊTÉ Alger sur le tapis rouge de Cannes. Car si les comédiens Reda Kateb et Benoît Magimel, ainsi que le réalisateur Elias Belkeddar, présentaient « Omar la Fraise » hors compétition à la 76e édition du Festival, ils l’ont fait dans une ambiance joyeuse et enlevée, à la mesure du film qui sort ce mercredi.
Le film doit son titre au surnom de son héros incarné par Kateb, gangster parisien d’origine algérienne qui a fui la France à cause de nombreuses casseroles. Il n’est pas venu seul à Alger : Roger (Magimel), son fidèle bras droit, veille au grain pendant que son ami tente de monter de nouveaux coups sur place. Mais voilà, ces deux-là, pieds nickelés du grand banditisme, n’ont, au départ, que peu de repères dans cette ville. Après une ahurissante scène d’ouverture avec un échange de drogue et d’argent en plein désert, nos bras cassés se prennent pour des rois du pétrole… avant de se faire voler leur butin.
Un long-métrage remuant et singulier
Omar se voit donc obligé d’accepter la proposition d’un job de couverture, gérant d’une fabrique de pâtisseries orientales, où il va vite remarquer la belle Samia, contremaître qui ne s’en laisse pas conter. Pendant ce temps, Roger surveille leur maison et va se familiariser avec la ville à une vitesse fulgurante, devenant en quelques jours plus algérien que les Algériens. Mais ces deux-là auront tôt fait de repiquer à la cambriole et aux trafics douteux, ce qui va compliquer leur séjour forcé… Souvent drôle, très décalé, tragique par moments et parfois — trop — violent, « Omar la Fraise » doit beaucoup aux prestations de ses deux comédiens principaux, bien épaulés par Meriem Amiar qui campe formidablement une Samia dure à cuire. Reda Kateb, formidable en bandit paumé dans le pays de ses origines, touche au cœur dans sa façon de courir après ses larcins, ses regrets… son destin. Et Benoît Magimel nous gratifie d’une nouvelle prestation énorme, libre et décomplexée, formidable tonton flingueur capable de s’adapter à toutes les situations, de faire du premier venu son ami.
Drôle et tendu, flirtant parfois avec l’humour sanglant d’un Tarantino, le film nous fait découvrir un Alger méconnu, rongée par la pauvreté et le banditisme, mais plein d’une énergie propre à la jeunesse. Ainsi, le fait que nos deux lascars s’acoquinent avec une bande de gamins des rues, qui va devenir la bouée de sauvetage d’un Omar revenu de tout, participe au charme et à l’originalité de ce film.
R.B.
« Omar la Fraise » : comédie dramatique d’Elias Belkeddar, avec Reda Kateb, Benoît Magimel, Meriem Amiar… 1 h 40.