La pièce de théâtre « 132 ans » d’Ould Abderrahmane Kaki, a été présentée, dimanche à Alger, dans le cadre de la double célébration du Soixantenaire de l’Indépendance de l’Algérie et la Journée nationale de l’Artiste.
Accueillie au Théâtre National Mahieddine-Bachtarzi, cette belle œuvre historique et révolutionnaire, récemment produite par le théâtre régional Abdelkader-Alloula d’Oran rappelle la résilience du peuple algérien durant près d’un siècle et demi d’histoire, face aux pratiques inhumaines et abjectes du colonialisme français.
Le texte du regretté dramaturge et metteur en scène Ould Abderrahmane Kaki (1934-1995), présenté pour la première fois en 1963 au TNA et reproduit nombre de fois depuis, a été mis en scène par Hbib Medjahri dans une conception contemporaine, dont le travail artistique a été documenté et archivé par l’universitaire et assistant metteur en scène, Ahmed Beghalia.
« Pour la première fois au niveau des théâtres régionaux, les différentes étapes de mise en scène de cette nouvelle édition du spectacle « 132 ans » ont été documentés dans un livre pour servir plus tard, de référence aux étudiants et aux chercheurs », avait déclaré Ahmed Beghalia.
D’une durée de 80mn, le spectacle reconstitue les atrocités et les crimes lâchement perpétrés durant 132 années par l’occupant français contre le peuple algérien, à travers des ellipses temporelles établissant ces faits historiques odieux, également introduits et reliés par la magie d’une narration intemporelle.
Certaines étapes de l’histoire ont été restituées dans de belles chorégraphies signées Aissa Chouat, exécutées sur des compositions musicales aux cadences actuelles conçues par Abderrahim Ziani, dans des tableaux qui ont offert au spectacle des figures esthétiques de haute facture, à l’instar de la scène du « coup de l’éventail », au début du spectacle.
Fruit d’un atelier de formation de jeunes acteurs mis en contact avec d’autres plus anciens, le spectacle a brillamment été rendu par une quinzaine de comédiens, dont Youcef Benzahra, Amine Mellah, Houria Zaoueche, Nassima Farida Zabchi, Houari Louz, Nardjes Benamara et Bouchra Gourad.
Evoluant sur une scène nue avec un éclairage judicieux aux atmosphères tourmentées, le jeu des comédiens prolongeait les événements historiques projetées sur un grand écran au fond de la scène, dans une scénographie signée Khaled Hounani.
Montrant à l’écran la résistance populaire et les combats menés par l’Armée de libération nationale contre la soldatesque française, le spectacle a également été soutenu par des chants en chœurs et une musique illustrative, avec notamment les interprétations à la voix présente et étoffée de Yacine Ourabah.
A l’issue de la représentation, les comédiens ont réinvesti la scène, bougies à la main, chantant le célèbre refrain d’« El ma, el ma men âand Sidi Rabbi djaybou » de la pièce « El Guerrab wes’Salihine » en hommage à Ould Abderrahmane Kaki, un des pionniers du 4e art en Algérie, à l’avant-garde de l’emploi de la « Halqa » dans le théâtre à l’italienne.
Le nombreux public présent a longtemps applaudi les comédiens et l’ensemble des créateurs de cette nouvelle version d’un spectacle qui aura marqué l’histoire du 4e Art en Algérie.
Seize pièces de théâtre, produites dans le cadre du programme « Le mois du théâtre » dédié à la célébration du soixantenaire de l’indépendance, sont présentées au public à Alger et dans plusieurs wilayas du pays.
« Le mois du Théâtre » se poursuit au TNA, avec au programme de lundi, le spectacle « El madi yaôud » (le passé resurgit) du Théâtre régional de Batna.
M. B.