En encadrant les pratiques commerciales des influenceurs sur internet, la loi adoptée en juin dernier assainit le secteur. Les créateurs de contenu gagnent peu à peu le combat de la qualité.
Dans la lumière du Pachamama, boîte de nuit parisienne transformée pour l’occasion en club de la prohibition, 600 influenceurs et créateurs de contenu se sont donné rendez-vous. Organisée le 10 janvier par l’agence Sleeq, la soirée Creator Industry a mis à l’honneur les stars des réseaux sociaux. Dans un monde où l’image est essentielle, certaines sont désormais absentes, épinglées par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Antoine Goretti, ex-candidat de téléréalité révélé dans l’émission 10 Couples Parfaits, ne voit plus ses anciens camarades de La Villa des Cœurs Brisés ou des Marseillais VS le Reste du Monde. « Je suis dans tous les événements parisiens, et il n’y a plus personne de la télé-réalité. Beaucoup ont fait de l’argent sur des arnaques et c’est eux qui ont tué le business de l’influence. Pour moi, l’influence, c’est mort. Si tu ne crées pas de contenu, c’est fini pour toi. »
Encadrement des promotions commerciales
Adoptée le 9 juin, la loi sur les influenceurs a encadré les promotions commerciales qui se sont développées sur les réseaux sociaux ces dernières années. Le texte vise à responsabiliser et le cas échéant à sanctionner les influenceurs, les agences, les annonceurs et les plateformes, pour renforcer la protection des utilisateurs et des consommateurs. En pointant ces dérives, le législateur a aussi révélé un nouveau métier, celui de créateur de contenu.
Avec l’essor des plateformes comme Facebook, Twitter, Instagram ou TikTok, des centaines de milliers de personnes ont fait de leur quotidien, leur travail, leur passion, une source de revenu en créant du contenu chaque jour pour leurs abonnés. Certains en vivent – 15 % environ – alors que d’autres exercent leur activité d’influenceur en parallèle d’un autre métier. En 2023, les rapporteurs de la loi sur les influenceurs en dénombraient 150 000 en France.
« À partir du moment où on est obligé de faire soi-même sa comptabilité, son démarchage, sa communication, être créateur de contenu devient un métier », remarque Lucas alias @lucasyaquoi. À 27 ans, le jeune entrepreneur sélectionne avec attention toutes les marques qu’il promeut à ses 500 000 abonnés sur TikTok. « Je vérifie d’où vient la marque, si elle est fiable, si ce n’est pas du dropshipping (arnaque qui consiste à vendre un produit en ligne sans le posséder en stock) », puis il interpelle les jeunes. « Quand tu as 17-18 ans ou que tu es étudiant, si on te propose 3 000 euros pour faire un placement de produit, c’est énorme. Mais il faut savoir dire non à ces arnaques ».
« Éliminer les gens qui faisaient et vendaient n’importe quoi »
Selon une étude Netino – Webhelp, les marques auraient dépensé en 2023 dans le monde 32,5 milliards de dollars en influence marketing, et prévoient un budget de 42 milliards en 2025. Un montant conséquent qui explique que plusieurs marques sont présentes à cette soirée pour promouvoir produits et services auprès de nouveaux créateurs de contenus.
Parmi les derniers arrivants du secteur de l’influence, il y a les candidats de la promotion 2023 de la Star Academy, le programme de téléréalité musicale de TF1. Clara, Louis, Candice et Victorien observent, essayent d’apprendre de leurs aînés. Ce dernier confie : « C’est très compliqué d’avoir une vision sur les réseaux sociaux parce que c’est un outil qu’on ne connaît pas, mais on sait que ça fait partie de notre job d’artiste, donc, on travaille dessus. » Désormais, la création de contenu est un métier qui s’apprend. Malgré les tentatives de création de formations à l’influence, le temps et les conseils du milieu restent la meilleure école pour les nouveaux.
Charles, alias @charlessterling, parle économie à ses 2 millions d’abonnés sur TikTok et Instagram. Pour lui, il est important de créer une nouvelle génération plus encadrée : « La loi sur les influenceurs permet d’éliminer les gens qui faisaient et vendaient n’importe quoi, tout en permettant aux vrais créateurs de contenu de se renforcer et de promouvoir des choses légales pour le public ». Un tri efficace au service d’un public enfin protégé.
H. B.