Il est l’artisan du succès de nombreuses stars de la chanson chaâbi et l’initiateur des chansonnettes qui ont conquis le public des années 1970, musicien de talent, parolier et compositeur, Mahboub Safar Bati aura laissé une œuvre et un nom chevillé à la musique algérienne.
Cet artiste de talent avait révélé au public algérien et à la scène artistique professionnelle des années 1970, des voix comme celles d’El Hachemi Guerouabi, Amar Ezzahi, Boudjemaâ El Ankis ou encore Abdelkader Chaou, d’illustres chanteurs qu’il a participé à lancer avec des succès aujourd’hui éternels.
Cette année le festival national de la chanson chaâbi a choisi de marquer son retour sur la scène musicale en rendant hommage au génie créatif de Mahboub Bati et à son apport au chaâbi avec un programmation musicale qui lui est en grande partie dédiée et portée par des figures du genre comme Abderrahmane El Kobi, Abdelkader Chercham, Abdelkader Chaou ou encore Kamel Aziz.
Né en 1919 à Médéa, Safar Bati Mohamed El Mahboub de son vrai nom, a commencé à travailler très jeune après quelques mois à l’école coranique. Son amour pour la musique et son incroyable capacité d’apprentissage vont le mener à intégrer la troupe de théâtre de Mahieddine Bachtarzi en 1937 alors qu’il jouait déjà de la cornemuse.
A cette période on découvre également Mahboub le saxophoniste de jazz, qui évolue dans l’une des premières formations du genre en Algérie, fondée par son cousin Mahboub Stambouli, avant de créer son propre groupe à Bab El Oued, « Les chardonnerets ».
Il a également beaucoup appris auprès de figures de la chanson de l’époque comme El Hadj M’rizek, El Hadj M’Hamed El Anka, Khelifa Belkacem et les frères Fekhardji, Mohamed et Abderrahmane, avant de rejoindre, à la fin des années 1940, l’orchestre moderne de la station de radio d’Alger en qualité de clarinettiste.
Avec une aisance déconcertante, Mahboub Bati passe de luthiste dans l’orchestre traditionnel de Khelifa Belkacem aux instruments modernes dans la formation dirigée par le virtuose Mustapha Skandrani.
Après le recouvrement de la souveraineté nationale il se découvre la vocation de parolier et de compositeur et écrira en premier lieu pour Abderrahmane Aziz.
Mahboub Bati avait multiplié les scènes et les projets musicaux jusqu’aux années 1970, où il eut à affronter l’ire des conservateurs de la chanson chaâbi. Imperturbable et convaincu de son projet de moderniser le chaâbi, il écrit et compose une centaine de chansons, mettant au-devant de la scène une nouvelle génération de chanteurs.
Grâce à ses célèbres chansons et l’apport de belles voix, il aura réussi à conquérir le jeune public des années 1970 avec des succès indémodable comme « El Bareh » interprétée par El Hachemi Guerouabi, « Rah el ghali » portée par Boudjemaâ El Ankis, « Nesthel el kiya » de Amar El Achab, « Djah rabbi ya jirani » qui aura façonné le succès de Abdelkader Chaou ou encore « Mali hadja », sublimée par Amar Ezzahi.
A la fin des années 1970, Mahboub Bati aura signé pas moins de 500 chansons que les puristes vont qualifier de « chansonnette » avant de s’éteindre un 21 février 2000 laissant une œuvre colossale dont une partie reste inconnue du public.