À l’issue de la finale organisée à Malmö en Suède le 11 mai, la Suisse est désignée vainqueure de l’Eurovision 2024. Une 68e édition qui n’échappe pas à son lot de polémiques avec, notamment, la participation d’Israël en plein conflit à Gaza.
C’est un retour en grâce pour la Suisse. Le pays remporte la 68e édition du concours Eurovision de la chanson avec 591 points accordés à son artiste Nemo, venu chanter The Code le 11 mai 2024 à Malmö en Suède. L’interprète non-binaire et sa rengaine entêtante « wo ho ho » ont su captiver les plus de 200 millions de téléspectateurs européens. La dernière fois que le pays avait gagné la compétition, c’était en 1988 avec Céline Dion et son tube Ne partez pas sans moi.
« J’espère que cette compétition pourra continuer à encourager la paix et la dignité pour chacun », a déclaré Nemo en recevant le trophée de verre, les larmes aux yeux.
Avec sa tenue tout en moumoute rose, Nemo, 24 ans, a imposé son style et son univers en raflant de nombreux « 12 points », le maximum de points possible, de la part de la majorité des 37 pays jurys de la compétition. Sa carrière débute en 2012 dans une comédie musicale en Suisse et Nemo acquiert au fil du temps une petite notoriété, chantant en suisse allemand, sa langue natale. Nemo opère un virage à partir de 2020 et chante en anglais, la langue la plus communément chantée à l’Eurovision.
La deuxième place est pour la Croatie qui a concouru avec Baby Lasagna et sa chanson Rim Tim Tagi Dim qui comptabilise 547 points. Les bookmakersont eu une fois de plus le nez creux puisqu’il faisait partie des favoris. La troisième place est décernée à l’Ukraine, avec Alyona Alyona et Jerry Heil qui ont chanté Teresa & Maria, marquant 453 points.
La France se classe 4e du concours
Avec sa ballade romantique intitulée Mon Amour, le chanteur français Slimane décroche la 4e place avec 445 points, mais ce n’est pas assez pour briser une chaîne de 47 années de disette. Le dernier sacre du pays remonte à 1977 avec Marie Myriam et L’oiseau et l’enfant.
Slimane a tenté de faire la différence avec une proposition qui sort de l’ordinaire. Au cours de sa performance, le chanteur s’est éloigné de son micro pour chanter a capella et déployer toutes ses capacités vocales. Quelques indices pouvaient laisser présager d’un bon score de la France. Lors de sa tournée européenne pour présenter le titre qui allait représenter la France, Slimane a toujours bluffé son auditoire en chantant a capella, mais cela n’a pas été suffisant.
Polémique sur fond de guerre à Gaza
Depuis quelques années, l’Eurovision est désormais entaché de polémiques. Cette fois-ci, pas de doigt d’honneur de désapprobation ou de suspicion de prise de drogue en direct. Bien qu’événement « apolitique », la guerre que mène Israël dans la bande de Gaza s’est invitée sur la scène du concours. L’Union européenne de radio-télévision (UER) a demandé à Israël de revoir les paroles de sa chanson interprétée par Eden Golan pour le concours, car elle faisait des références trop appuyées à l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas et qui a fait 1 200 morts.
De nombreuses voix se sont élevées contre la présence d’Israël à l’Eurovision, à commencer par celle du public qui a hué Eden Golan lors de sa prestation en direct. À Malmö, ville hôte du concours, une grande manifestation pro-palestinienne s’est déroulée le 9 mai dernier, rassemblant plus de 12 000 personnes.
Plusieurs pays participants ont également montré leur désapprobation comme l’Espagne, l’Irlande, la Finlande ou la Norvège. Mais la France et l’Allemagne ont quant à elles fustigé les protestations contre la participation d’Israël. D’autres ont pointé l’hypocrisie de l’UER, qui a maintenu la participation d’Israël au concours malgré la guerre contre Gaza, alors que l’organisation avait exclu la Russie au motif de la guerre en Ukraine.
Au final, Eden Golan a terminé à la cinquième marche du podium grâce à un vote massif des téléspectateurs, alors que la candidate israélienne avait été positionnée 12e sur 26 par le jury.
Une unité qui vole en éclats
D’autres polémiques ont éclaté en marge du concours. Le représentant des Pays-Bas a été exclu de l’Eurovision pour avoir eu un comportement hostile envers une photographe. Surnommée « la Sorcière », l’artiste irlandaise Bambie Thug a maintenu sa présence à la finale du concours malgré l’appel au boycott lancé par plus de 400 personnalités irlandaises. Face aux critiques, elle a rappelé qu’elle soutenait la cause palestinienne.
Malgré les remous, l’UER a tenté cette année de faire bonne figure. Mais si le slogan de l’Eurovision « United by music » (« unis par la musique ») a été martelé tout au long de la compétition, l’unité recherchée a, quant à elle, bien volé en éclats.
F. C.