La libération de Vadim Krasikov, l’agent des services secrets russes condamné à Berlin à la prison à perpétuité pour le meurtre en Allemagne d’un opposant au régime de Vladimir Poutine, a été la pièce maîtresse de l’échange de prisonniers entre Moscou et différents pays occidentaux. Berlin a fini par céder aux pressions américaines, mais la décision, globalement soutenue en Allemagne, provoque états d’âme et critiques.
« Il faut parfois pour des raisons humanitaires pactiser avec le diable ». Le président de la commission des Affaires étrangères du Bundestag, le social-démocrate Michael Roth, résume le sentiment ambiant et partagé en Allemagne. « Un pacte avec le diable », c’est aussi le titre du commentaire de Une du quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine ce matin qui rappelle le Faust de Goethe.
Dans la majorité comme parmi les chrétiens-démocrates, on approuve la libération du tueur Vadim Krasikov pour permettre celle de prisonniers en Russie. Mais le mot « amer » revient dans beaucoup de commentaires. Dans la bouche du ministre de la Justice qui a ignoré l’avis du parquet fédéral opposé à la libération de Krasikov.
« Un goût amer », c’est ce qu’écrit Amnesty International dans un communiqué. L’organisation de défense des droits de l’homme craint que les concessions faites à Moscou constituent « un pas vers l’extension de l’impunité judiciaire de la Russie ».
L’avocate des proches de la victime de Krasikov a parlé, elle, « d’une décision catastrophique ». Plusieurs responsables politiques craignent qu’un tel échange n’encourage la Russie à prendre d’autres Occidentaux en otage.
P. T.