Le nouveau Premier français, Michel Barnier, était l’invité du journal de 20 heures de TF1 ce vendredi 6 septembre, au lendemain de sa nomination par Emmanuel Macron. Encore trop tôt pour la moindre grande annonce, mais une deuxième occasion tout de même, après son discours de la veille sur le perron de l’hôtel de Matignon, d’exposer méthode et cap.
Sans surprise, Michel Barnier n’a pas l’intention, dans le temps qui lui sera imparti dans ses nouvelles fonctions délicates, d’abroger la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, avec son fameux passage de l’âge légal de départ à 64 ans, lui qui proposait 65 lorsqu’il briguait l’Élysée. Pour en savoir plus, le nouveau chef d’un gouvernement encore à trouver promet qu’il aura très vite l’occasion de s’exprimer devant l’Assemblée nationale, mais aussi, précise-t-il, devant le Sénat.
« On ne va pas tout remettre en cause », a-t-il expliqué ce vendredi soir sur TF1. Michel Barnier souhaite en revanche « ouvrir le débat », en vue d’une « amélioration » de cette loi décriée, en incluant davantage, insiste-t-il, les partenaires sociaux. « Notre pays a besoin de syndicats forts », plaide le Premier ministre. Dans son viseur, « les personnes les plus fragiles », mais ce, dans le respect du « cadre budgétaire ». Ne lui « demandez pas » de dire où cela aboutira.
« Rien en commun ou pas grand-chose » avec Le Pen, mais du « respect »
Faute de certitudes, le Savoyard fait tout de même un vœu pieux : « J’espère être là jusqu’à la fin du quinquennat », a-t-il lancé. Et d’envoyer au passage quelques gages, à défaut de pouvoir entrer dans le détail, là encore. Comme celui-ci : Michel Barnier ne s’interdit pas, ce sont ses mots, de réfléchir à une « plus grande justice fiscale », alors que la situation budgétaire du pays est mauvaise. Sa certitude, c’est que pour « nos enfants », « il ne faut pas augmenter la dette ».
Il entend s’efforcer « de mieux maîtriser, de mieux utiliser l’argent public », et de s’appuyer « sur des services publics, parce que nous avons besoin de services publics efficaces », a-t-il développé. « Il faut aussi de la croissance », et cette dernière, dit-il, « ne tombe pas du ciel », « ne vient pas de l’administration », mais « des entreprises, petites, grandes ou moyennes, des agriculteurs, des pêcheurs, de notre commerce extérieur », sans oublier les Français de l’étranger et les Outre-mer.
« Il y en a marre de faire des chèques en blanc sur les générations futures, à propos de l’écologie comme à propos des finances publiques. »
Son cap concernant les entrées au sein du territoire ? « Une immigration maîtrisée », « rigoureuse et humaniste ». Selon lui, il faut que les Français sortent du « sentiment que les frontières sont des passoires ». Il entend pour cela proposer « des mesures concrètes », mais il faudra là encore attendre pour en savoir plus. « Je n’ai pas eu de discussion avec Mme (Marine) Le Pen », assure-t-il. Il n’a avec elle, ajoute-t-il, « rien en commun ou pas grand-chose ». « Mais je la respecte. »
« Il est le président et j’ai du respect pour la fonction, et pour l’homme »
« Je n’ai pas de plan de carrière », promet par ailleurs Michel Barnier, 73 ans. « Je sais que c’est difficile. Je pense que c’est le moment que, chacun à sa place, se retrousse les manches. Et moi, je vais le faire. » Le Premier ministre estime qu’on n’a « peut-être pas assez travaillé collectivement » dans ce pays. Et d’ajouter que les idées viennent de partout, et notamment de la base. « Chaque citoyen est nécessaire, chaque citoyen est important », considère l’ancien commissaire européen.
Alors, reste à savoir qui aurait vocation à entrer dans son équipe. « Ce ne sera pas simplement un gouvernement de droite », expose-t-il. « Peut-être » y aura-t-il des ministres sortants, il ne l’exclut pas. « Oui », il pourrait y avoir des gens de gauche selon lui. Son leitmotiv étant d’« ouvrir la porte et ouvrir la table à tous ceux qui le voudront ». Et de lancer d’autres pistes, outre l’accès aux services publics : les bas salaires, les déserts médicaux, la santé, ou encore le logement.
Concernant la proportionnelle comme mode de scrutin pour désigner les prochains députés en 2027, ou même avant, à l’occasion d’une nouvelle dissolution sous le mandat d’Emmanuel Macron, Michel Barnier assure qu’au sujet de cette demande exprimée dans la classe politique, il n’y a « pas de ligne rouge ». Son seul souhait étant « que la Ve République fonctionne bien ». « J’ai besoin, temporise-t-il, de discuter avec tous les groupes politiques » à ce sujet également.
Quid du président ? « Le Parlement est important, il faut le respecter. Et je respecterai, comme je l’ai dit hier, toutes les forces politiques. » « Il y a une chose à laquelle je crois, vous me parliez de « est-ce qu’on peut travailler autrement » ; oui, je pense qu’on travaille mieux avec le Parlement. » Mais avancer en bonne intelligence : « Il est le président de la République et j’ai du respect pour la fonction, et pour l’homme. Le président doit présider, et le gouvernement doit gouverner. »
« Moi je viens du gaullisme social. Il y aura des gens de ma famille politique, il y aura naturellement des hommes et des femmes de bonne volonté qui appartiennent à la majorité sortante, et puis je ne vais pas aujourd’hui faire le casting, parce que je ne m’interdis pas de réunir, autour de la même table, des hommes et des femmes qui ont des compétences. »
M. B.