Gérard Depardieu est jugé ce lundi 28 octobre à Paris pour agressions sexuelles sur deux femmes. Une première affaire d’une série, concernant la star du cinéma aujourd’hui âgé de 75 ans, accusée par ailleurs de viol par deux autres femmes. Les faits examinés par le tribunal cette semaine remontent à 2021.
C’était lors d’un tournage, celui du film Les volets verts, un film de Jean Becker. Une décoratrice, d’une cinquantaine d’années, raconte avoir été agressée, par Gérard Depardieu, alors qu’elle quittait le plateau. L’acteur se serait montré extrêmement grossier avant de la bloquer entre ses jambes et de lui toucher le ventre et la poitrine. Des gardes du corps seraient alors intervenus pour emmener le comédien. Après ce même tournage, une assistante réalisatrice a également porté plainte pour agressions sexuelles.
Dans un entretien à l’Agence France-Presse, Anouk Grinberg, l’une des actrices du film, raconte que Gérard Depardieu, connu pour tenir régulièrement des propos obscènes et misogynes, avait eu un comportement particulièrement déplacé et agressif, sur le plateau.
En tout, une vingtaine de femmes disent avoir été victimes de propos ou de gestes déplacés de la part de la star sur des tournages entre 2004 et 2022. Deux l’accusent de viols, dont une actrice française qui avait une vingtaine d’années à l’époque des faits. Pour cette affaire, le parquet de Paris a requis un procès. Le juge d’instruction doit encore se prononcer.
Une autre enquête est en cours pour agression sexuelle. La plainte vient cette fois d’une assistante de tournage.
MeTooMeédia dénonce une « justice d’homme »
Considéré comme un monstre du cinéma français, connu pour ses outrances, l’acteur a longtemps bénéficié d’une certaine bienveillance avant de tomber de son piédestal. Il y a près d’un an, la diffusion d’images tournées cinq ans plus tôt en Corée du Nord avait fait scandale. Il y multipliait les déclarations obscènes à propos d’une très jeune fille. Pourtant, le chef de l’État français continuait à l’époque de parler d’un immense acteur.
Le regard est en train de changer, notamment vis-à-vis des hommes célèbres ? Pour Cécile Thimoreau, secrétaire générale de MeTooMedia, « nous, on fait tout pour [que cela évolue] parce que jusqu’à maintenant, il y a un très faible pourcentage des viols qui sont jugés et punis. Donc, nous, à MeTooMedia, on s’est constitué pour ça, en se disant “C’est pas possible” », explique-t-elle. « Ça fait des années que des femmes individuellement, de leur côté, portent plainte, ont vécu des choses terribles parce que nous, on les voit ces femmes et on voit dans quel état elles sont. On a aucun doute sur ce qu’elles ont vécu parce que psychologiquement, ça laisse des traces », ajoute Cécile Thimoreau.
Elle poursuit : « On se dit “mais ce n’est pas possible” en fait, c’est une justice d’homme puisque les femmes n’ont pas droit à cette justice pour les violences sexistes et sexuelles. Lundi, c’est le premier procès Depardieu pour l’agression sexuelle de deux femmes en 2021 », rappelle Cécile Thimoreau. « Il en avait agressé une autre qui a déposé plainte en 2014. Et puis Charlotte Arnould qui est la première à avoir osé porter plainte pour viol. Ensuite la journaliste, écrivaine espagnole qui elle l’accuse également de viol en 1995. Donc, en fait ça commence à faire une sacrée liste pour monsieur Depardieu. »
Pour MeTooMedia, la justice peut paraitre plus lente pour les hommes de pouvoir. Ce qui est certain, c’est qu’il y a un terreau qui a favorisé l’impunité.
On espère que ce premier procès de Depardieu va prononcer une peine à la hauteur de ses actes et qui va ouvrir la voie à une sanction exemplaire, mais juste.
M. B.