jeudi 21 novembre 2024
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En sommet à Riyad, les dirigeants arabes et musulmans dénoncent le « génocide » en cours à Gaza

Lundi 11 novembre, Riyad a convié les 22 pays de la Ligue arabe et la cinquantaine d’États réunis au sein de l’Organisation de la coopération islamique. Une rencontre consacrée aux conflits en cours dans la région sur laquelle plane aussi l’ombre de Donald Trump qui s’apprête à retrouver le Bureau ovale de la Maison Blanche.

Dès l’ouverture du sommet consacré aux guerres que mène Israël dans la bande de Gaza et au Liban, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman a utilisé le terme « génocide » pour qualifier les opérations militaires d’Israël dans la bande de Gaza. « Nous appelons la communauté internationale à assumer ses responsabilités […] en mettant immédiatement un terme aux attaques israéliennes contre nos frères en Palestine et au Liban. »

Les dirigeants arabes et musulmans réunis ont repris la même position vis-à-vis d’Israël, condamnant le « génocide » et les « crimes horribles et choquants » de l’armée israélienne à Gaza, « en particulier dans le nord de la bande ». Ils ont dénoncé la torture, les exécutions, les disparitions et le « nettoyage ethnique », selon le communiqué final de la réunion.

Mohammed ben Salman, hôte du sommet de Riyad, a également appelé Israël à « respecter la souveraineté territoriale de la République islamique d’Iran » et « s’abstenir d’attaquer son territoire ». La plupart des membres de la Ligue arabe comme de l’Organisation de la coopération islamique se retrouveront autour de ces déclarations très fermes. Même si de fortes divergences existent entre les pays qui ont normalisé leurs relations avec Israël et ceux qui s’y opposent, à commencer par la République islamique.

« République sœur »

Le prince héritier, dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, a d’ailleurs qualifié l’Iran de « République sœur », signe du réchauffement des relations entre les deux puissances du Moyen-Orient, qui ont longtemps soutenu des camps opposés dans la région, notamment en Syrie et au Yémen.

L’Iran, pays à majorité chiite, et l’Arabie saoudite, monarchie sunnite, ont rétabli leurs relations diplomatiques en mars 2023 après sept ans de rupture, dans le cadre d’un accord négocié sous l’égide de la Chine. Les deux pays ont multiplié les contacts depuis le déclenchement, en octobre 2023, de la guerre à Gaza, après l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre. L’Iran soutient le mouvement islamiste palestinien tandis que l’Arabie saoudite cherche à contenir l’expansion du conflit.

À ce sommet des pays arabes et musulmans, le premier vice-président iranien, Mohammad Reza Aref, a qualifié les assassinats des dirigeants du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais par Israël de « terrorisme organisé ». « Les opérations qualifiées avec l’expression trompeuse d' »assassinats ciblés », au cours desquelles des élites palestiniennes et des dirigeants d’autres pays de la région sont tués un par un ou en masse, ne sont rien d’autre que du terrorisme organisé », a-t-il affirmé.

Lors de sa prise de parole lundi, le Premier ministre libanais Najib Mikati a, lui, affirmé qu’une crise « sans précédent » menaçait l’existence de son pays. Il a également appelé la communauté internationale à « continuer d’envoyer de l’aide au Liban » et appelle de ses vœux la fin de toute ingérence « dans ses affaires internes ». Fin octobre, Najib Mikati avait critiqué pour la première fois « l’ingérence flagrante de l’Iran », des accusations rejetées par Téhéran.

Un État palestinien n’est pas « aujourd’hui » un projet « réaliste »

La réunion de ce lundi entre dirigeants de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) se déroule moins d’une semaine après l’élection de Donald Trump, alors que les pays de la région s’interrogent toujours sur les intentions de ce dernier. Le prochain président américain s’efforcera-t-il de mettre fin aux conflits en cours comme il l’a promis ? Ou sera-t-il un soutien inconditionnel d’Israël, dans la guerre comme dans son projet de torpiller toute perspective d’établissement d’un État palestinien ?

L’Arabie saoudite conditionne toute éventuelle normalisation avec Israël à la création d’un État palestinien, au côté d’Israël. Cette solution à deux États est voulue par une grande partie de la communauté internationale en vue d’un règlement du conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies. Or, vouloir établir un État palestinien n’est pas « aujourd’hui » un projet « réaliste », a estimé lundi le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, lors d’une conférence de presse à Jérusalem.

Les dirigeants arabes et musulmans maintiennent toutefois leur position : l’État d’Israël doit se retirer des territoires occupés s’il veut la paix. « Une paix juste et globale dans la région (…) ne peut être obtenue sans mettre un terme à l’occupation israélienne de l’ensemble des territoires occupés », conformément aux résolutions de l’ONU et plan arabe de paix de 2002, lequel stipule qu’Israël doit rendre tous les territoires occupés depuis 1967. Les dirigeants ont, par ailleurs, condamné les « des attaques continues des autorités israéliennes et de leurs représentants contre l’ONU et son secrétaire général », Antonio Guterres.

« Le monde attend » que la future administration du président élu des États-Unis, Donald Trump, mette « immédiatement » fin aux guerres d’Israël à Gaza et au Liban, a affirmé lundi le premier vice-président iranien, Mohammad Reza Aref. Avant la guerre à Gaza, l’Arabie saoudite était en pourparlers pour un « méga-accord » qui aurait conduit à la reconnaissance d’Israël en échange de relations sécuritaires et bilatérales renforcées avec les États-Unis. Cet accord s’inscrivait dans la continuité des Accords d’Abraham, négociés durant le premier mandat de Donald Trump.

M. B.