dimanche 22 décembre 2024
Accueil > A la UNE > Syrie : quel avenir pour les bases militaires russes et américaines présentes sur le territoire ?

Syrie : quel avenir pour les bases militaires russes et américaines présentes sur le territoire ?

Plusieurs centaines de soldats américains sont déployés en Syrie, tout comme les soldats russes qui bénéficient de deux bases militaires sur le territoire syrien. Après la chute de Bachar el-Assad et l’arrivée des nouvelles autorités syriennes, la question se pose de quel sort sera réservé à ces éléments.

Des centaines de soldats américains sont déployés en Syrie, mais aussi en Irak voisin. cela dans le cadre d’une coalition internationale anti-jihadiste créée pour combattre le groupe terroriste État islamique lorsque ce dernier contrôlait des pans entiers de territoires syrien et irakien. La présence américaine la plus notable en territoire syrien se situe à Al-Tanf dans l’est de la Syrie.

Al-Tanf est une base perdue dans l’immensité du désert syrien. Mais sa position est stratégique : elle est située à quelques encablures de la frontière irakienne et à quelques kilomètres de la frontière jordanienne. C’est un avant-poste idéalement positionné le long de la route reliant Bagdad à Damas, principal axe Est-Ouest de toute la région.

Une base qui facilite les attaques aériennes israéliennes

Depuis 2016, la garnison américaine d’Al-Tanf sert à la fois de socle pour lancer des opérations contre le groupe État Islamique, et de camp de formation pour les factions de l’opposition syrienne combattant le groupe jihadiste.

La base facilite également les attaques aériennes israéliennes contre des cibles situées à l’extrême nord de la Syrie. Ces attaques, en raison d’une trop longue distance, n’auraient pu être menées depuis le Liban ou le plateau du Golan. Depuis 2018 et la perte d’un appareil, les forces israéliennes évitent complètement de pénétrer dans l’espace aérien syrien par la côte occidentale. Al-Tanf a toujours était un caillou dans la chaussure de Damas, une emprise inestimable pour toute opération spéciale.

Deux bases stratégiques pour projeter les forces russes vers l’Afrique

Ce mercredi 11 décembre, le Kremlin a dit, vouloir une situation « stabilisée le plus vite possible » en Syrie. Moscou dit être « en contact » avec les nouvelles autorités syriennes à propos du sort des deux bases militaires russes situées sur le territoire syrien : la base navale de Tartous et l’aérodrome militaire de Hmeimim. Deux emprises stratégiques pour projeter des forces russes vers l’Afrique.

La base navale de Tartous et la base aérienne voisine de Hmeimim constituent pour les forces russes un hub logistique de première importance : le port de Tartous permet de recevoir et de stocker le matériel militaire qui est ensuite ventilé par voie aérienne, notamment vers le Sahel. Les emprises syriennes sont la clé de voute de la projection russe vers les mers chaudes et, au-delà, l’Afrique.

« La base qui hébergeait l’escadron méditerranéen, qui était une flotte détachée de la flotte de la mer Noire russe, et assurait sa reconnaissance en avant, c’était comme une sorte d’avant-poste pour la dissuasion russe de façon générale. Et notamment pour menacer le flanc sud de l’Otan, explique Vincent Tourret chercheur à l’université de Montréal. Et ce second point, c’est effectivement la projection vers l’extérieur, pour du matériel lourd. En fait, c’est un hub extrêmement pratique vers l’Afrique et vers les tentatives russes d’y créer des États satellites ou clients, notamment avec des groupes paramilitaires ou privés de type Wagner ou maintenant Africa Corps. »

Si le port de Tartous et la base aérienne voisine de Lattaquié étaient perdues, le revers serait immense pour la Russie, contrainte alors de trouver une alternative auprès de partenaires comme la Libye ou l’Algérie. Mais rien n’est encore joué et Moscou fait feu de tout bois pour sauver ses très stratégiques bases syriennes.

M. B.