dimanche 22 décembre 2024
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Israël vise à nouveau la Syrie, l’ONU demande l’arrêt des « frappes israéliennes », contraires au droit international

Depuis la chute de Bachar el-Assad, Israël a mené des centaines de bombardements sur des sites militaires en Syrie. Officiellement pour éviter qu’ils ne servent contre l’État hébreu. C’est totalement contraire au droit international, disent des experts de l’ONU, également inquiets par l’impunité dont jouit Israël dans sa guerre à Gaza. Malgré les protestations onusiennes, Israël a une nouvelle fois visé des sites militaires syriens mercredi 11 décembre, notamment à Lattaquié, selon l’ONG OSDH.

Des frappes aériennes israéliennes ont visé des sites militaires en Syrie appartenant à l’armée du président déchu Bashar al-Assad dans les provinces côtières de Lattaquié et de Tartous, a affirmé mercredi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Des avions de combat israéliens ont lancé des frappes aériennes » ciblant des « sites militaires » dont « le port de Lattaquié » ainsi que des entrepôts dans la province voisine de Tartous, a indiqué l’OSDH. Celle-ci a ajouté que « les avions de combat israéliens continuent de détruire ce qui reste de l’arsenal militaire syrien pour le quatrième jour consécutif depuis la chute de l’ancien régime ».

L’ONU avait demandé mardi l’arrêt des « frappes et mouvements israéliens » en Syrie, où Israël a, selon l’OSDH, « détruit les principaux sites militaires » en menant plus de 300 raids aériens depuis la chute du président Bachar al-Assad dimanche. « Il est très inquiétant de constater des frappes et mouvements israéliens sur le territoire syrien. Cela doit cesser », a déclaré à Genève l’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie Geir Pedersen.

L’OSDH qui s’appuie sur un vaste réseau de sources en Syrie, a recensé « près de 310 frappes » israéliennes, visant selon lui des aéroports, radars, et dépôts d’armes dans plusieurs régions, ainsi qu’une unité de défense aérienne près du port de Lattaquié (nord-ouest), où des navires de la marine ont été endommagés.

Comme le secrétaire général des Nations unies, Francesca Albanese est officiellement interdite de séjour en Israël. La rapporteuse spéciale sur les territoires occupés est l’une des bêtes noires de Tel Aviv.

Pour Francesca Albanese, l’Assemblée générale de l’ONU doit tout simplement suspendre l’État d’Israël des Nations unies : « Un État membre qui frappe des écoles des Nations unies, qui tue plus de 270 personnels, on doit tirer une ligne parce que sinon le manque de respect envers les Nations unies deviendra la norme. »

L’instauration d’une culture de l’impunité

Autre grief, celui-ci porté par la rapporteuse spéciale sur l’indépendance des juges, Margaret Satterthwait : elle trouve inquiétant que des États refusent d’appliquer les mandats d’arrêt délivrés par la Cour internationale de Justice à l’encontre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et de son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant. Surtout que les juges et les procureurs de la Cour font depuis l’objet de menaces pas toujours voilées.

« Les menaces contre la Cour internationale de Justice contribuent à instaurer une culture de l’impunité, estime Margaret Satterthwait. Il est temps de mettre fin aux deux poids deux mesures : soit la justice internationale existe, soit elle n’existe pas. »

Pour un autre expert, ce qui se joue, c’est tout simplement la crédibilité de tout le système de droit international. Pourquoi voudriez-vous que des États sanctionnent la Russie quand les Occidentaux leur demande, dit-il en substance, si ces États ont le sentiment qu’Israël n’est pas traité de la même manière.

L’armée israélienne émet des appels à évacuer dans le sud de la Syrie

À 10 kilomètres de Dera, la fumée des tirs israéliens a obscurci le ciel syrien. En cause, notamment, des avancées militaires par l’armée israélienne qui s’engage sur la frontière au niveau du Golan.

Israël a en effet profité du retrait des forces armées syriennes de l’ancien régime et du vide sécuritaire dans le pays pour pousser ses forces et ses véhicules militaires vers les frontières sud de la Syrie, jusqu’à ce qu’ils atteignent le centre du gouvernorat de Quneitra.

« Les zones du bassin de Yarmouk et ses villages voisins ont été pénétrés par les forces israéliennes, raconte Ibrahim, un habitant du quartier. Et au cours des derniers jours, elles sont devenues presque sous son contrôle. Et nous, et toutes les maisons voisines, levons des drapeaux blancs au-dessus de nos maisons pour confirmer que nous sommes paisibles et que nous ne voulons pas de problèmes. »

En quelques jours, l’armée israélienne a pris le contrôle du sommet du mont Hermon et d’un certain nombre de villages et de villes qui l’entourent dans la zone démilitarisée, jusqu’à 18 kilomètres de profondeur en territoire syrien. L’armée israélienne a également demandé aux propriétaires du sud de la Syrie d’évacuer leurs maisons, selon Saad Al-Ahmad, un habitant. « Je suis dans le village d’Al-Hamidiyah à Quneitra et l’armée israélienne nous a averti que nous devions évacuer nos maisons et vider la zone des résidents, précise Saad Al-Ahmad, un habitant du village. Mais nous avons décidé de rester dans nos maisons et n’avons pas répondu. L’armée israélienne est entrée et a mené des opérations de ratissage dans le village, après la chute de Bachar el-Assad, pour rechercher des armes, mais ne les a pas trouvées. Mais elle continue de sortir et de rentrer à Quneitra. »

La zone démilitarisée est soumise à l’accord de désengagement de 1974 entre la Syrie et Israël, qui fait des incursions dans cette zone une violation de cet accord, mais Israël justifie ses mouvements par des nécessités de sécurité.

M. B.