samedi 19 avril 2025
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Rapport : Un état des lieux du numérique en Algérie – 2025

Introduction

Depuis 2020, l’Algérie a engagé une accélération résolue de sa transformation numérique. Volonté politique affirmée, réformes structurelles, dynamique institutionnelle : les jalons ont été posés. En parallèle, une société de plus en plus connectée s’empare de ces outils et en façonne les usages. 

Les avancées sont là, parfois spectaculaires, mais encore fragmentées, inégalement réparties, et souvent freinées par la bureaucratie. Une lecture attentive, sur les plans politique, économique, sociétal, technologique, environnemental et légal, permet de mieux cerner l’état du numérique algérien et d’envisager lucidement les chemins d’amélioration encore possibles.

Politique : Une volonté affirmée, des structures en place

Cette orientation stratégique vise à améliorer les services publics, accroître la transparence administrative et renforcer la souveraineté numérique du pays. La transformation numérique est désormais perçue comme un axe transversal, soutenu par des initiatives politiques et une structuration institutionnelle progressive.

Une structuration progressive de la gouvernance numérique

Plusieurs initiatives structurantes ont été adoptées pour encadrer cette dynamique :

  • La Stratégie nationale de l’intelligence artificielle (2024) : elle repose sur six piliers axes – recherche et innovation, compétences humaines, infrastructures et bases de données, investissements, régulations, et secteurs prioritaires. Elle vise à positionner l’Algérie comme un pôle africain en IA, en s’appuyant sur des partenariats scientifiques et technologiques internationaux, et sur le renforcement des capacités locales en calcul et en algorithmique.
  • La Stratégie nationale de transformation numérique (2025) : elle fixe les priorités de numérisation des secteurs publics et économiques. Elle entend moderniser les services publics, promouvoir l’économie numérique, renforcer l’inclusion numérique et assurer la souveraineté technologique. Elle prévoit également une interconnexion progressive des administrations via une infrastructure nationale d’échange de données, ainsi que la mise en place d’une identité numérique unifiée.
  • Le Haut-Commissariat à la Numérisation (HCN), rattaché à la Présidence de la République, est chargé de piloter la mise en œuvre des stratégies numériques. Depuis sa création en 2023, il coordonne plus de 500 projets, dont 75 % sont liés à la modernisation des services publics qu’il compte réaliser en 2025-2026. Toutefois, sa communication reste perfectible : son site web est encore en construction, près de deux ans après sa création, limitant la transparence et la lisibilité de ses actions.
  • La plateforme nationale bawabatic.dz, issue de l’ancien ministère de la Numérisation, centralise les services numériques de plusieurs ministères. Mais elle souffre d’un manque d’actualisation, d’une navigation peu fluide, et d’une structuration incomplète, ce qui réduit son efficacité comme guichet numérique unique.

Malgré ces limites, certains chantiers de modernisation administrative illustrent le potentiel du numérique et dans certains cas le chemin parcouru:

  • Le système d’inscription universitaire du MESRS, qui intègre l’orientation post-bac, les paiements en ligne et la gestion des dossiers étudiants, fonctionne désormais de manière fluide pour des centaines de milliers d’usagers.
  • Le portail de l’AADL, après une période de forte instabilité technique en 2024, a été réorganisé et stabilisé, permettant une gestion plus sereine des souscripteurs.
  • Le service BaridiMob, déployé par Algérie Poste, a connu une forte adoption, avec plus de 20 millions d’opérations enregistrées en 2024, traduisant un progrès tangible en matière d’inclusion financière.
  • La généralisation des titres biométriques constitue également une réussite notable : passeports, cartes d’identité nationale, permis de conduire et bientôt la carte grise sont désormais délivrés en quelques jours, avec une grande fiabilité et dans des délais largement réduits.
  • Les actes d’état civil sont désormais accessibles en ligne via la plateforme du ministère de l’Intérieur, permettant aux citoyens d’obtenir des documents essentiels (acte de naissance, de mariage, de décès) sans déplacement, de manière simple et sécurisée.
  • L’Algérie a également noué plusieurs partenariats internationaux avec des instances telles que l’UIT, la Banque Africaine de Développement (BAD), la Smart Africa Alliance, et a lancé l’Algerian Investment Fund pour attirer les investissements dans l’économie numérique.

Enfin, les indicateurs internationaux traduisent cette dynamique : selon le E-Government Development Index (EGDI) 2022 des Nations Unies, l’Algérie se classe 112e sur 193 pays (score de 0,5611), en progression de huit rangs depuis 2020. Le pays reste en dessous de la moyenne mondiale, mais au-dessus de la moyenne africaine. Des améliorations sont notées dans l’OSI (Online Services Index) et le HCI (Human Capital Index), tandis que le TII (Télécommunications Infrastructures Index) demeure faible. Le portail interactif en développement et le travail sur l’interopérabilité des plateformes pourraient contribuer à rehausser cette performance.

Les jalons politiques de la transformation numérique sont posés. L’Algérie dispose aujourd’hui d’une vision stratégique, d’une structure centrale (HCN) et de projets concrets en cours de déploiement. Mais cette dynamique reste freinée par plusieurs facteurs :

  • Manque de transparence : La communication sur les projets numériques en cours est insuffisante, ce qui empêche une évaluation claire de leur état d’avancement.
  • Retard dans la transformation numérique des entreprises : De nombreuses entreprises algériennes n’ont pas encore intégré pleinement les technologies numériques, en raison de coûts élevés et d’un manque de sensibilisation.
  • Inégalités numériques : Si des efforts ont été réalisés pour réduire la fracture numérique, de nombreuses zones rurales restent encore exclues des services numériques.
  • Fragmentation des systèmes : Les différents systèmes et plateformes numériques ne sont pas toujours interconnectés, ce qui limite l’efficacité des services publics numériques.
  • Absence d’indicateurs de performance : Le manque d’indicateurs clairs rend difficile l’évaluation de l’efficacité des projets numériques en cours.

Conclusion 

Le passage de la stratégie à l’exécution reste donc le véritable défi. Il nécessite une gouvernance intégrée, des moyens opérationnels accrus, une interopérabilité effective, et un pilotage centré sur les résultats.

C’est à cette condition que le numérique pourra devenir l’ossature d’un État plus agile, plus transparent et plus proche du citoyen.

Ces bases politiques et institutionnelles constituent les fondations sur lesquelles l’économie numérique algérienne s’appuie pour se diversifier et se moderniser.

Économie : Un levier stratégique en construction

Une dynamique de diversification numérique

L’économie algérienne, historiquement fondée sur les hydrocarbures, amorce une transition progressive vers une économie numérique. Le numérique représente aujourd’hui environ 2,5 % du PIB, un niveau encore modeste par rapport aux standards régionaux, mais en constante augmentation. Ce secteur joue un rôle croissant dans la diversification économique, la modernisation des services, la dynamisation de l’investissement et surtout dans l’inclusion financière des citoyens et des entreprises.

Le secteur du pétrole et du gaz représente environ 93 % des exportations de l’Algérie, il est indispensable pour le pays. La numérisation y joue un rôle clé, avec des technologies comme les capteurs IoT et l’analyse de données en temps réel pour améliorer l’efficacité et optimiser la production. L’intelligence artificielle est également utilisée pour réduire les émissions de carbone. Sonatrach, l’acteur principal, intègre progressivement de nouvelles solutions numériques.

Monétique et paiements électroniques : une adoption accélérée

La monétique constitue l’un des domaines les plus visibles et mesurables de la transformation numérique en Algérie. Ces dernières années ont vu une adoption massive des moyens de paiement électroniques :

  • Cartes de paiement :
    • 15,6 millions de cartes Edahabia
    • 4,27 millions de cartes CIB en circulation au début de 2025
  • Transactions en ligne : 19,5 millions d’opérations en 2024, soit une multiplication par 5 par rapport à 2020.
  • TPE (Terminaux de Paiement Électronique) : 74 000 terminaux installés, pour 44,5 millions de transactions en 2024.
  • Paiement mobile : 503 milliards DZD traités en 2024, dont 48 milliards DZD dès janvier 2025.
  • Web marchands : 582 plateformes recensées à fin mars 2025.
  • 2,8 % de la population possédait une carte de crédit et 22,9 % une carte de débit.
  • 8,2 % de la population a effectué des achats en utilisant des téléphones mobiles ou internet et 4,7 % a envoyé de l’argent.

Le web marchand, qui désigne les plateformes proposant des biens ou services avec paiement en ligne, reste encore limité mais connaît une expansion constante, portée par l’essor des services logistiques essentiellement portés par des startups, des fintechs locales et de la culture entrepreneuriale numérique.

Fintechs et banques digitales : un cadre réglementaire à stabiliser

Le développement de la fintech en Algérie se structure autour d’initiatives prometteuses mais confrontées à des freins réglementaires :

  • Le pays compte 19 banques, dont 6 banques publiques. Les principales banques étrangères sont françaises, moyen-orientales, britanniques (HSBC) et américaines (Citibank).
  • En octobre 2024, la Banque d’Algérie a adopté le règlement n°24-04, définissant les conditions d’agrément et d’exercice des banques digitales.
  • C’est une avancée majeure qui permettra de développer progressivement la Fintech pour inclure la banque mobile, les portefeuilles numériques et les systèmes de paiement en ligne.
  • En revanche, le cadre régissant les Prestataires de Services de Paiement (PSP) n’est pas encore finalisé. Ce vide ralentit la diversification des solutions de paiement (wallets, agrégateurs, paiements P2P, etc.) et limite l’arrivée d’acteurs innovants afin d’accélérer l’inclusion financière en Algérie.
  • Deux entités, GIE Monétique et SATIM (Société d’Automatisation des Transactions Interbancaires et des Moyens de Paiement Électroniques), facilitent les paiements numériques. Elles jouent un rôle clé dans l’écosystème des paiements électroniques en Algérie et dans la modernisation du système bancaire du pays.

La réussite du secteur dépendra de la capacité des institutions à assurer un équilibre entre régulation, innovation et inclusion.

Start-ups numériques et capital-risque local

Le tissu entrepreneurial numérique bénéficie aujourd’hui de mécanismes de soutien concrets :

  • Le Fonds algérien des start-ups (ASF), doté d’un budget national de 1,2 milliard DZD (et 1 Milliard DZD par wilaya), soutient les projets technologiques à fort potentiel.
  • Depuis 2020, le financement participatif (Crowdfunding) permet aux startups algériennes d’accéder à des capitaux de manière flexible et d‘entrer en bourse. La loi sur les marchés publics facilite les négociations directes entre entités publiques et startups, favorisant ainsi l’innovation et les opportunités pour ces entreprises émergentes.
  • L’incubateur public Algeria Venture, bras armé du ministère de l’Économie de la connaissance, accompagne plus de 2000 startups labellisées à travers le territoire. Les domaines d’activité sont variés : software, e-santé, edtech, agrotech, industrie 4.0, 7% sont dans la Fintech.
  • Des initiatives soutiennent les startups technologiques avancées, notamment par la capture de propriété intellectuelle, la commercialisation de la recherche universitaire, et le mentorat. Le Ministère de l’Économie de la Connaissance développe un réseau d’accélérateurs pour aider les grandes entreprises à collaborer avec les startups, en offrant une infrastructure de bureaux et un environnement favorable pour incuber des projets rentables.

Ces structures contribuent à faire émerger un écosystème numérique national, même si l’accès au financement privé, à l’export, ou aux marchés publics reste encore à améliorer.

Pour réduire les importations, l’Algérie promeut la production locale et diversifie ses exportations en créant un hub de fabrication d’électronique en Afrique du Nord. Cela inclut la production locale d’équipements TIC comme les téléphones mobiles, les appareils électroménagers et les équipements audio.

Les fabricants en Algérie comprennent des entreprises publiques (ENIE, ENIEM), privées (Condor Electronics, Bomare Company) et étrangères (Samsung, Huawei, Wiko).

Télécommunications : un pilier économique robuste

Le secteur des télécoms conserve une place stratégique dans le développement de l’économie numérique :

  • Algérie Télécom : chiffre d’affaires estimé entre 1,14 et 1,17 milliard USD en 2024, en croissance de 2 à 3 %.
  • Mobilis (ATM) : environ 1,26 milliard USD de chiffre d’affaires, avec plus de 22,1 millions d’abonnés.
  • Djezzy : 832 millions USD de revenus en 2024, avec 17,1 millions d’abonnés et une couverture 4G de 91,5 %.
  • Ooredoo : 776 millions USD de chiffre d’affaires, 14,7 millions d’abonnés, une base client stable et une rentabilité soutenue.

Ces performances confirment le poids économique et social des télécoms, qui constituent une colonne vertébrale pour l’accès au numérique, le déploiement de nouveaux services, et l’interconnexion des territoires.

L’économie numérique algérienne est bien engagée sur la voie de la croissance, mais elle reste encore trop fragmentée, insuffisamment interconnectée, et trop peu soutenue par l’investissement privé. Plusieurs leviers pourraient accélérer sa consolidation :

  • Finaliser le cadre réglementaire complet des Fintechs et des PSP pour libérer les innovations de paiement.
  • Stimuler la demande publique et privée en services numériques (achats en ligne, dématérialisation, digitalisation des PME).
  • Soutenir la scalabilité des start-ups, notamment à l’international, à travers des incubateurs orientés export et des fonds d’investissement sectoriels.
  • Encourager la coopération entre opérateurs télécoms, banques et start-ups pour développer des services à valeur ajoutée et des solutions hybrides.

Ces performances confirment l’importance stratégique des télécoms pour l’accès au numérique, la fourniture de nouveaux services et l’interconnexion des régions.

L’économie numérique algérienne est en pleine croissance, bien qu’encore fragmentée et insuffisamment interconnectée. Pour soutenir cette dynamique, plusieurs leviers doivent être actionnés, notamment l’achèvement du cadre réglementaire pour les fintechs et les PSP, la stimulation de la demande publique et privée en services numériques, ainsi que le soutien à l’internationalisation des start-ups locales. Le secteur des télécoms, quant à lui, reste essentiel pour permettre cette transformation. Cependant, des fractures sociales, géographiques et des inégalités d’accès aux technologies continuent de freiner cette transition. La consolidation de l’économie numérique en Algérie nécessitera des investissements accrus, une gouvernance efficace et une vision industrielle claire.

Société : Une jeunesse connectée, mais des fractures à résorber

Un potentiel humain majeur face à des inégalités d’usage

Avec près de 70 % de la population âgée de moins de 35 ans, l’Algérie dispose d’un capital humain considérable, théoriquement favorable à l’adoption rapide des technologies numériques. Ce profil démographique constitue un levier stratégique pour la transformation digitale du pays. Toutefois, l’accès aux outils numériques, leur usage réel, ainsi que les compétences numériques de base restent marqués par de fortes disparités géographiques, économiques et générationnelles. La société algérienne est donc à la fois motrice et fragilement intégrée dans le virage numérique en cours.

Une société de plus en plus connectée

En 2024, on dénombre plus de 33,5 millions d’internautes, dont une majorité via mobile. Cependant, des fractures numériques notables subsistent, avec un accès à Internet haut débit pour seulement 24,5 % de la population rurale, contre 75,5 % en milieu urbain. Cela souligne les défis liés à la couverture numérique équitable à travers le territoire.

L’application BaridiMob a enregistré plus de 40 millions d’opérations en 2024, confirmant l’adoption croissante des services financiers numériques. La plateforme Moukawil.dz, dédiée à l’entrepreneuriat, ainsi que les MOOC proposés par diverses institutions, attirent environ 200 000 utilisateurs.

L’usage des réseaux sociaux est particulièrement révélateur de cette appropriation technologique. En 2024, les réseaux sociaux en Algérie comptent 24,85 millions d’utilisateurs, soit 54,1 % de la population. La répartition par sexe montre que 46,2 % des utilisateurs sont des femmes et 53,8 % des hommes. Toutefois, certaines plateformes montrent des tendances de consommation distinctes : par exemple, Snapchat a une majorité d’utilisatrices (52,2 % contre 46 % d’hommes).

Les outils de communication instantanée dominent largement : WhatsApp (38,2 millions) et Facebook (32,6 millions) sont les plus utilisés, suivis de Messenger (27,5 millions) et Instagram (19,1 millions), qui attirent un public jeune, en quête d’interaction plus créative et visuelle. TikTok (18,7 millions) et YouTube (18,5 millions) confirment également l’engouement pour les formats vidéo.

Cependant, des plateformes comme Snapchat (9,11 millions) et LinkedIn (4,1 millions) restent en retrait. LinkedIn, en particulier, montre un manque d’appropriation numérique dans les échanges professionnels, tandis que X (anciennement Twitter), avec seulement 1,13 million d’utilisateurs, peine à rivaliser face à des réseaux plus populaires.

Ce graphe illustre le nombre d’utilisateurs des principales plateformes sociales en Algérie en 2025. On peut y observer la domination de WhatsApp et Facebook, suivis par des plateformes plus visuelles comme Messenger, Instagram et TikTok. Ce graphique met en évidence l’influence croissante des réseaux sociaux dans la vie quotidienne des Algériens, en particulier chez les jeunes.

Des disparités persistantes et des initiatives ciblées

Malgré cette connectivité croissante, des fractures numériques notables subsistent, notamment :

  • Des écarts d’accès aux terminaux connectés et au très haut débit, en particulier entre zones urbaines et rurales.
  • Un faible niveau d’alphabétisation numérique chez une partie importante de la population, en particulier chez les adultes et dans certaines couches sociales.

Plusieurs initiatives ont été mises en place pour répondre à ces défis :

  • Le programme École Numérique, qui intègre les outils numériques dans l’enseignement de base, afin de familiariser les jeunes générations avec les technologies dès leur plus jeune âge.
  • Le lancement de lycées pilotes pour l’enseignement de l’intelligence artificielle, depuis 2024, vise à fournir aux jeunes des compétences avancées en technologie.
  • Le projet des Villages numériques, annoncé par le ministère de la Poste et des Télécommunications, a pour objectif de fournir des services numériques et des formations aux zones enclavées.

Ces initiatives témoignent de la volonté de démocratiser l’usage du numérique en Algérie, mais leur impact reste encore limité. Ces actions peinent à produire des effets d’échelle suffisants pour répondre aux besoins d’une population de plus de 45 millions d’habitants.

La société algérienne est bel et bien entrée dans l’ère numérique. Les jeunes générations adoptent massivement les plateformes, les outils de paiement et les services numériques. Mais cette dynamique est encore hétérogène, et il existe un risque réel d’exclusion numérique silencieuse pour les populations rurales,

âgées, ou en difficulté d’accès à la technologie.

Conclusion

L’Algérie est bien engagée dans la transition numérique, avec une jeunesse largement connectée et des initiatives en cours pour réduire les fractures numériques.

Cependant, des disparités importantes persistent, notamment entre les zones urbaines et rurales, et des efforts supplémentaires sont nécessaires pour renforcer l’alphabétisation numérique, faciliter l’accès aux équipements et pérenniser les programmes pilotes.

Pour réussir cette transition, il faut étendre ces initiatives à l’échelle nationale et assurer une véritable inclusion numérique, afin d’éviter que certaines couches sociales ne soient laissées pour compte dans ce processus de transformation.

Technologie : Des infrastructures en modernisation

La transformation numérique d’un pays repose sur des infrastructures solides, évolutives et souveraines. En Algérie, des progrès notables ont été réalisés depuis 2020 dans des secteurs stratégiques tels que les télécommunications, les centres de données, la connectivité très haut débit, et l’intelligence artificielle appliquée.

Ces avancées sont soutenues par des investissements publics, le développement de l’ingénierie locale, et l’ouverture vers des innovations internationales. Toutefois, la dépendance à des technologies importées, particulièrement en matière de matériel réseau, de logiciels critiques et d’infrastructures cloud, constitue un frein à la souveraineté numérique.

Une connectivité en nette amélioration

La pénétration de l’Internet en Algérie a atteint 33,49 millions d’utilisateurs en 2024, soit 72,9 % de la population, avec une croissance annuelle de 3,9 %. Cela témoigne d’un fort progrès dans l’accès à Internet, bien que des disparités subsistent en fonction des régions.

Le nombre d’abonnés à la fibre optique jusqu’au domicile (FTTH) a dépassé les 1,9 million en avril 2025, marquant une accélération de la couverture très haut débit. Parallèlement, la capacité de bande passante internationale de l’Algérie a été portée à 10,2 Tbit/s grâce au renforcement des infrastructures de backbone et à l’interconnexion avec les câbles sous-marins. Ces améliorations renforcent la connectivité du pays et préparent le terrain pour les technologies de demain.

Le secteur mobile continue d’afficher une croissance solide. En 2025, la répartition du marché mobile est la suivante :

  • Mobilis : 41,0 %
  • Djezzy : 31,72 %
  • Ooredoo : 27,27 %

Le déploiement de la 5G est prévu pour la fin de l’année 2025 début 2026 dans les grandes villes, après des tests pilotes menés par Mobilis (Oran, 2021), Djezzy (Alger) et Ooredoo (Constantine). Ces essais ont utilisé la bande des 3,5 GHz, avec des partenaires technologiques comme Huawei, Nokia et ZTE.

Un écosystème technologique en émergence

L’État soutient activement la montée en compétence des ressources humaines spécialisées. Des établissements comme l’ENSIA (École nationale supérieure de l’intelligence artificielle), l’ENSC (École nationale supérieure de cybersécurité), l’ENSM (National Higher School of Mathematics) et l’ENSNN (National Higher School of Nanosciences and Nanotechnology) forment une nouvelle génération d’ingénieurs et de chercheurs dans des domaines stratégiques tels que l’intelligence artificielle, la cybersécurité, les nanotechnologies et la robotique. Chaque année, environ 2000 étudiants sont formés dans ces institutions.

Des projets concrets sont menés par des centres de recherche de référence, tels que le CDTA (Centre de Développement des Technologies Avancées), qui a développé des solutions d’IA appliquées au diagnostic médical, à la reconnaissance automatique de plaques d’immatriculation, et à l’optimisation énergétique.

Le CERIST (Centre de Recherche sur l’Information Scientifique et Technique) a lancé un moteur de recherche intelligent algérien, ainsi qu’un outil d’analyse prédictive pour le pilotage des politiques scientifiques nationales.

Les infrastructures technologiques de l’Algérie se modernisent à un rythme soutenu. L’expansion de la fibre optique, les préparatifs pour la 5G, le renforcement des capacités de calcul et de stockage, ainsi que l’émergence de l’IA appliquée traduisent un basculement progressif vers un numérique plus structuré et plus performant.

Dépendance aux technologies importées et défis à surmonter

Cependant, cette avancée reste encore trop dépendante des technologies importées. Les logiciels, équipements critiques, composants et architectures sont souvent conçus à l’étranger, limitant ainsi la souveraineté technologique du pays.

Cette situation expose les données sensibles à des risques externes et freine le développement de solutions locales. L’innovation reste également freinée par l’absence d’un écosystème industriel capable de produire des technologies avancées en Algérie.

Pour consolider les acquis et bâtir une véritable souveraineté technologique, plusieurs mesures doivent être prises :

  • Encourager la production locale de composants et d’équipements numériques, en créant un tissu industriel adapté.
  • Renforcer les partenariats entre centres de recherche, universités et startups, afin de favoriser le transfert de technologies et d’idées.
  • Investir massivement dans la formation technique spécialisée, notamment dans les domaines de l’open hardware, des architectures logicielles souveraines, et des systèmes embarqués.
  • Établir une feuille de route claire pour l’indépendance numérique, avec des objectifs de substitution technologique à moyen terme.

La technologie ne doit pas seulement être un outil d’usage ; elle doit devenir un levier de puissance, d’innovation locale et de maîtrise stratégique. L’Algérie dispose des talents, des ambitions et des premiers jalons. Il s’agit désormais de structurer un écosystème technologique capable de se projeter, de produire et de s’exporter.

Conclusion

L’Algérie a réalisé des progrès significatifs dans la modernisation de ses infrastructures technologiques, mais la dépendance aux technologies importées reste un frein à la souveraineté numérique.

La clé pour une transformation réussie réside dans le renforcement de l’écosystème local, la production de technologies domestiques et l’encouragement des partenariats public-privé pour stimuler l’innovation.

Ces efforts permettront de consolider les acquis et de préparer le pays à une transition numérique complète et souveraine.

Environnement : Le numérique au service de la durabilité

Dans un contexte marqué par la raréfaction des ressources naturelles, la transition énergétique et les effets du changement climatique, le numérique apparaît comme un levier stratégique pour améliorer la gestion environnementale en Algérie.

Si les initiatives restent encore éparses, elles montrent un potentiel réel d’intégration des technologies de l’information dans la planification écologique, l’optimisation des ressources et le suivi en temps réel des écosystèmes.

Agriculture de précision et gestion de l’eau

L’INRAA (Institut National de Recherche Agronomique d’Algérie), en partenariat avec des start-ups spécialisées dans les capteurs connectés, mène des projets pilotes d’irrigation intelligente dans les régions de El Oued et Biskra.

Ces systèmes permettent d’ajuster les volumes d’eau en fonction des besoins réels des cultures, réduisant ainsi la consommation d’eau et augmentant l’efficacité de l’agriculture.

L’agriculture de précision est un secteur en plein essor, où les technologies numériques apportent une réelle valeur ajoutée en optimisant l’utilisation des ressources naturelles.

Par ailleurs, des essais de drones agricoles à vision multispectrale sont en cours dans les régions de Mascara et Biskra. Ces drones permettent de surveiller la croissance des plantes, d’identifier les zones stressées et d’anticiper les besoins en nutriments ou en traitements phytosanitaires.

L’intégration de l’Internet des objets (IoT) et d’autres outils numériques dans le secteur agricole permet non seulement d’améliorer l’efficacité mais aussi de garantir une productivité plus durable. En 2024, l’agriculture devrait contribuer à environ 12,4 % du PIB de l’Algérie, montrant ainsi l’importance croissante de ce secteur dans l’économie numérique du pays.

Réseaux intelligents et énergies renouvelables

La Sonelgaz expérimente des systèmes de smart grids (réseaux électriques intelligents) dans plusieurs wilayas pilotes, notamment à Boumerdès et Naâma, intégrant des compteurs intelligents et des systèmes de gestion automatisée de la demande énergétique. L’objectif principal est de mieux équilibrer la production et la consommation d’énergie, notamment avec l’intégration progressive de l’énergie solaire dans le réseau national. Ces systèmes permettent une gestion plus flexible et plus efficace de l’énergie, avec un impact direct sur la durabilité des infrastructures énergétiques.

Dans le même esprit, l’intégration des énergies renouvelables dans l’alimentation des infrastructures numériques est déjà amorcée. Certains projets de data centers envisagent une alimentation hybride (solaire-réseau), en particulier dans les zones du sud du pays, où l’ensoleillement est optimal. Cette approche permet non seulement de réduire les coûts énergétiques, mais aussi de limiter l’empreinte carbone des infrastructures numériques.

Gestion des déchets et surveillance environnementale

Des projets de monitoring environnemental commencent à émerger. Par exemple, la wilaya de Tipaza teste un réseau IoT pour le suivi des déchets publics, avec des capteurs installés sur les bennes à ordures et des tableaux de bord pour les gestionnaires municipaux. Ces technologies permettent d’optimiser la gestion des déchets, d’améliorer la collecte et le tri, et de réduire l’impact environnemental des opérations de gestion des déchets urbains.

Ces projets s’inscrivent dans une logique plus large de gestion intelligente des écosystèmes, avec l’usage croissant de technologies comme l’IA et l’IoT pour la surveillance de la qualité de l’air, des sols et de l’eau. Les données collectées en temps réel permettent de mieux comprendre l’état des écosystèmes et d’anticiper les risques environnementaux, contribuant ainsi à une gestion plus proactive et plus durable des ressources naturelles.

Éco-responsabilité des infrastructures numériques

Le data center d’Icosnet, par exemple, affiche un indice PUE (Power Usage Effectiveness) de 1,4, ce qui lui permet d’être très sobre en énergie. Ce type d’infrastructure, optimisée sur le plan thermique et énergétique, préfigure une nouvelle génération de centres de données à faible impact carbone. Cette évolution vers des infrastructures plus écologiques est un pas important vers un secteur numérique plus durable et respectueux de l’environnement.

Cependant, malgré ces avancées, l’absence d’une stratégie nationale claire pour un numérique durable demeure un point faible structurel. Aucun référentiel d’évaluation environnementale spécifique n’est encore imposé aux opérateurs du numérique, et les projets pilotes manquent souvent de suivi à long terme ou de généralisation. Cela limite la portée de ces initiatives, qui peinent à se déployer à une échelle nationale et à atteindre un impact significatif sur la durabilité du secteur numérique dans son ensemble.

Pour renforcer cette dynamique, plusieurs pistes peuvent être envisagées :

  • L’élaboration d’une stratégie nationale du numérique vert, adossée à des indicateurs de suivi de l’empreinte environnementale.
  • L’instauration d’un label “green tech” algérien pour les entreprises et infrastructures numériques écoresponsables.
  • L’intégration de critères environnementaux dans les appels d’offres publics liés au numérique.
  • Le développement d’un fonds d’innovation pour les technologies propres, en partenariat avec le secteur privé et les collectivités locales.

Conclusion

Les initiatives numériques pour la durabilité en Algérie sont en bonne voie, mais elles restent encore dispersées et manquent de coordination.

L’agriculture de précision, les réseaux intelligents, la gestion des déchets et l’éco-responsabilité des infrastructures numériques sont des domaines où le numérique peut jouer un rôle clé dans la gestion durable des ressources naturelles.

Cependant, pour que ces initiatives aient un impact réel et durable, il est impératif d’adopter une stratégie nationale du numérique vert. Cela inclut la mise en place de référentiels environnementaux pour les infrastructures numériques, l’instauration de labels « green tech » et le développement d’un fonds d’innovation pour les technologies propres.

La durabilité dans le numérique ne pourra se concrétiser que par une approche cohérente et structurée, fondée sur des actions concrètes et une vision à long terme.

Légal : Renforcer les fondations d’un État numérique de droit

L’Algérie a entrepris, depuis 2018, des réformes législatives significatives pour encadrer sa transition numérique. Plusieurs lois structurantes ont été adoptées pour protéger les données personnelles, promouvoir la cybersécurité, encadrer la signature électronique, et poser les bases de l’interopérabilité et de l’identité numérique. Toutefois, la mise en œuvre effective de ces textes reste encore incomplète, freinée par des obstacles institutionnels, techniques et humains.

  • Loi n° 15-04 (2015) relative à la signature et à la certification électroniques : Portée par l’Autorité Gouvernementale de Certification Électronique (AGCE), offre un cadre juridique permettant la signature numérique de documents administratifs ou commerciaux. Si son application demeure encore très limitée en pratique, des avancées notables ont été enregistrées récemment.

En effet, à la lumière des réalisations de l’AGCE, plus de 158 partenaires institutionnels ont signé des conventions, conduisant à l’exécution de plus de 90 000 signatures électroniques et à la délivrance d’environ 1 800 certificats de certification électronique.

Les efforts se poursuivent pour élargir l’adoption de ces services, notamment à travers une révision des tarifs de signature et de certification électroniques, afin d’encourager davantage d’institutions et d’organismes à franchir le pas vers le numérique sécurisé.

Cependant, l’AGCE souffre d’un déficit de visibilité, de moyens et d’un encadrement réglementaire encore flou, ce qui rend l’adoption de la signature électronique marginale. Pour la généraliser, il est nécessaire de simplifier les procédures, former les agents publics, et instaurer un cadre contraignant.

  • Loi n° 18-07 (2018) relative à la protection des personnes physiques dans le traitement des données à caractère personnel : Cette loi consacre le droit à la vie privée et définit les obligations des responsables de traitement. Elle a conduit à la création de l’Autorité Nationale de Protection des Données à Caractère Personnel (ANPDP). Cependant, malgré son existence, l’ANPDP n’est pas encore pleinement opérationnelle. Aucun rapport public, ni sanction ou recommandation significative n’a encore été émis, ce qui limite sa capacité de régulation.
  • Loi n° 21-18 (2021) portant loi de finances complémentaire : Elle introduit un ensemble d’incitations fiscales à destination des start-ups et entreprises innovantes. Malgré son intention louable, son application sur le terrain reste inégale, en raison de lourdeurs administratives et du manque de coordination entre les différents guichets publics.
  • Loi n° 23-04 (2023) relative à la cybersécurité : Cette loi introduit un cadre national de protection des systèmes d’information critiques (SIC) et prévoit une gouvernance dédiée à la sécurité numérique. Cependant, comme pour la loi de 2018, l’absence de textes d’application ralentit la concrétisation de ses effets sur le terrain.

Identité numérique et interopérabilité : des fondations inachevées

En 2024, plusieurs projets pilotes d’identité numérique certifiée ont été lancés afin de permettre aux citoyens d’accéder à l’ensemble des services publics avec une authentification unique, fiable et sécurisée. Toutefois, la généralisation de cette identité numérique reste freinée par plusieurs obstacles :

  • L’absence de base de données unifiée ;
  • Le cloisonnement des systèmes d’information entre administrations ;
  • L’absence d’un cadre juridique détaillé pour l’identification numérique.

Pour remédier à cette fragmentation, un Plan national d’interopérabilité a été mis en place afin de relier les bases de données de l’État (état civil, sécurité sociale, fiscalité, justice, etc.). Ce plan est actuellement en phase de test dans plusieurs wilayas pilotes (Blida, Constantine, Tizi Ouzou), avec un déploiement national attendu à l’horizon 2026. Cependant, la généralisation dépend encore de la volonté politique, du renforcement des infrastructures, et de l’instauration d’un cadre commun obligatoire pour les administrations.

Cybersécurité : la création du DZ-CERT

Dans le domaine de la cybersécurité, l’Algérie s’est dotée d’un Computer Emergency Response Team (DZ-CERT) national, hébergé par le CERIST. Ce centre a pour mission d’anticiper et de gérer les incidents de sécurité informatique, d’alerter les acteurs publics et privés en cas de vulnérabilités critiques, et de coordonner les réponses aux attaques majeures. Le DZ-CERT joue également un rôle clé dans la coopération régionale et internationale, en lien avec les autres CERT africains et internationaux, pour améliorer la résilience numérique du pays face aux cybermenaces croissantes.

Gouvernance numérique : une architecture à stabiliser

Le principal obstacle reste l’absence de gouvernance centralisée du numérique public. De nombreuses plateformes sectorielles et guichets numériques se sont multipliés ces dernières années, souvent sans coordination ni référentiel partagé. Ce morcellement crée des redondances, des incompatibilités techniques, et nuit à la confiance des citoyens et à l’efficacité administrative.

L’Algérie a posé des bases juridiques et institutionnelles importantes pour structurer l’État numérique. Mais ces bases restent encore inabouties, souvent symboliques plutôt qu’opérationnelles. Pour franchir un nouveau cap, il est nécessaire d’accélérer :

  • L’opérationnalité effective des institutions existantes, comme l’ANPDP et l’AGCE, en leur fournissant les moyens juridiques, humains et techniques nécessaires ;
  • La généralisation de l’identité numérique, en garantissant l’interopérabilité et la protection des données ;
  • La mise en place du Plan d’interopérabilité, qui doit être rendu contraignant pour les administrations, avec un calendrier précis ;
  • La mainmise du HCN (Haut Commissariat à la Numérisation) sur la gouvernance du numérique public, pour piloter l’architecture globale, éviter les doublons, et garantir une stratégie unifiée.

Enfin, le renforcement des capacités en cybersécurité, en s’appuyant sur le DZ-CERT, doit devenir une priorité nationale, tant pour protéger les infrastructures critiques que pour établir une culture de sécurité numérique partagée.

Conclusion

Les initiatives numériques pour la durabilité en Algérie sont en bonne voie, mais elles restent encore dispersées et manquent de coordination.

L’agriculture de précision, les réseaux intelligents, la gestion des déchets et l’éco-responsabilité des infrastructures numériques sont des domaines où le numérique peut jouer un rôle clé dans la gestion durable des ressources naturelles.

Cependant, pour que ces initiatives aient un impact réel et durable, il est impératif d’adopter une stratégie nationale du numérique vert. Cela inclut la mise en place de référentiels environnementaux pour les infrastructures numériques, l’instauration de labels « green tech » et le développement d’un fonds d’innovation pour les technologies propres.

La durabilité dans le numérique ne pourra se concrétiser que par une approche cohérente et structurée, fondée sur des actions concrètes et une vision à long terme.

Pour réussir sa transition numérique, l’Algérie doit non seulement renforcer la mise en œuvre des textes existants mais aussi accélérer la généralisation de l’identité numérique, de l’interopérabilité et de la cybersécurité.

Cela nécessitera une gouvernance centralisée, une meilleure coordination des initiatives, et des investissements conséquents dans les infrastructures et les ressources humaines.

Conclusion : Du cadre posé à l’action coordonnée

L’Algérie a clairement amorcé sa transition numérique. Des stratégies nationales ont été adoptées, des institutions dédiées créées, et des projets structurants lancés dans des domaines clés tels que les services publics, l’économie numérique, l’intelligence artificielle, les infrastructures, la cybersécurité ou encore l’inclusion numérique. Le cadre est là, les ambitions sont posées, et des résultats tangibles commencent à émerger.

Mais à ce stade, ce qui freine l’Algérie, ce n’est plus l’absence de vision, mais le retard dans l’exécution, la fragmentation des efforts, et l’insuffisante évaluation des politiques menées. Trop de plateformes coexistent sans

interopérabilité ; trop de lois restent inappliquées faute de décrets ; trop d’initiatives locales ne s’intègrent pas dans une logique nationale.

Pour faire du numérique un levier central de développement, l’État algérien doit désormais :

  • Accélérer la généralisation des outils structurants : identité numérique, interopérabilité, signature électronique, protection des données, cybersécurité.
  • Valoriser le capital humain, en formant massivement aux métiers du numérique, du code à la cybersécurité, en passant par les infrastructures, l’IA, la gouvernance des données.
  • Favoriser l’émergence d’un tissu technologique souverain, capable de concevoir, produire et déployer localement des solutions robustes, sûres et compétitives.
  • Instaurer une gouvernance numérique unifiée, dotée d’un leadership affirmé, de mandats clairs et d’une coordination intersectorielle efficace, intégrant pleinement la gestion du changement.
  • Instaurer une culture de l’évaluation fondée sur des indicateurs de référence internationaux (EGDI, OSI, TII, HCI), appuyée par des audits indépendants, une transparence des résultats et des mécanismes d’ajustement continu.

Le numérique n’est plus un secteur complémentaire. Il est devenu la colonne vertébrale de toute transformation économique, sociale, environnementale et administrative. Il structure les politiques publiques, conditionne la souveraineté nationale, et transforme le rapport entre l’État et le citoyen.

Sources : 

Ministry of Post and Telecommunication: https://www.mpt.gov.dz/fr/

Ministry of Knowledge Economy, Startups and Microenterprises, www.startup.dz

Conseil de l’IA : https://drive.google.com/file/d/1VGK5BCO29Wd-zPQ1cgBToaZPi39CNpOG/view?usp=drive_link

Digital Arabia : https://www.digitalarabia.network/media/pages/articles/grab-a-coffee-read/da075f7bd5-1617783451/strategy_paper_algerien_20210406.pdf

Datareportal.com: https://datareportal.com/reports/digital-2025-algeria

ARPCE : https://www.arpce.dz/fr/indic/mobile

Ali Kahlane (CARE)