jeudi 17 octobre 2024
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Nouveau gouvernement en Italie : l’UE inquiète, mais prête à coopérer

L’Union européenne s’est dite prête à coopérer avec le nouveau gouvernement eurosceptique de Giogia Meloni, qui a prêté serment ce samedi 22 octobre et qui doit prendre ses nouvelles fonctions dimanche.

Depuis la prestation de serment de Giorgia Meloni comme nouvelle présidente du Conseilà Rome, peu de capitales ont réagi. En revanche, les félicitations venant de Bruxelles se multiplient comme on pouvait s’y attendre, rapporte notre correspondant à Bruxelles.

Les dirigeants des trois institutions européennes – Commission, Conseil et Parlement – se sont tous fendus d’un message officiel. « Travailler ensemble », écrit Charles Michel, le président du Conseil européen. À la Commission, Ursula von der Leyen compte sur « une coopération constructive » et au Parlement, Roberta Metsola veut « surmonter toutes les difficultés ».

Mais derrière cet exercice obligé, les dirigeants de l’UE laissent transparaître leurs préoccupations. Et c’est d’abord vers la situation économique de l’Italie que tous les regards sont tournés à Bruxelles. La dette de l’Italie atteint désormais le niveau faramineux de 150% du produit intérieur brut, ce qui est supérieur à la dette de la Grèce lorsque la crise de ses finances publiques s’est emballée en 2010. Mais cette fois, il s’agit de la troisième économie de l’Union qui représente un risque systémique pour l’ensemble des 27. Et les propositions de campagne de la nouvelle présidente du Conseil ne finissent pas d’inquiéter, puisque Giorgia Meloni veut augmenter la dépense publique, réformer le pacte de stabilité de la zone euro et renégocier le plan de relance.

L’UE veut tout de même se rassurer en affirmant que le nouveau ministre italien de l’Économie Giancarlo Giorgetti a toujours soutenu Mario Draghi et pourrait donc poursuivre une partie de sa politique économique louée par les Européens. La réputation de cette figure pro-Bruxelles ne sera pas de trop. Comme bon nombre de ses voisins, l’urgence en Italie est d’atténuer le poids des factures énergétiques pour les ménages comme les entreprises. L’organisation patronale Confindustria prévient que 120 000 d’entre elles risquent de voir leurs coûts fixes multipliés par cinq cet hiver. De quoi menacer l’existence de beaucoup d’entre elles.

Liaisons dangereuses

Autre motif d’inquiétude pour les dirigeants européens : les relations qu’entretiennent certains membres de la coalition italienne avec le Kremlin, qui pourraient avoir des conséquences internes dans l’Union. On se souvient au sein du Parlement européen de déclarations hasardeuses de Silvio Berlusconi et on voit d’un œil inquiet ses déclarations d’amitié cette semaine encore avec Vladimir Poutine. La Commission européenne a d’ailleurs souligné au passage que la vodka envoyée à l’ancien président du Conseil par le Kremlin constituait une violation de l’embargo sur les importations de spiritueux de Russie.

De son côté, Matteo Salvini n’a pas hésité en septembre à critiquer les sanctions de l’UE à l’encontre de la Russie, ce qui avait encouragé le Hongrois Viktor Orban à espérer qu’il serait possible d’y mettre fin grâce au soutien de l’Italie. Mais la nomination de l’ancien commissaire européen Antonio Tajani aux Affaires étrangères est faite pour apaiser les craintes des Européens qui comptent aussi sur les positions pro-Otan de Giorgia Meloni dont le parti reste après tout le poids lourd de la coalition.

On imagine plus en revanche une recomposition du paysage politique de l’UE et un recentrage vers les préoccupations des pays d’Europe centrale qui veulent peser plus sur les nouvelles orientations de l’Union. La Pologne fait d’ailleurs partie des premiers pays à avoir envoyé des félicitations à Rome ce samedi.

M. B.