jeudi 21 novembre 2024
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Luca de Meo CEO du groupe Renault presente la nouvelle 4L pendant le Mondial de l automobile 2022. Paris, FRANCE-17/10/2022.//04MEIGNEUX_meigneuxA006/2210172018/Credit:ROMUALD MEIGNEUX/SIPA/2210172024

Automobile / Renault confirme son retour à meilleure fortune

Le groupe au Losange a fait état vendredi d’un chiffre d’affaires en forte progression au troisième trimestre.

Renault redresse la tête. Malgré le coup du sort subi au printemps par sa sortie contrainte de Russie (jusque-là son deuxième marché après la France), le groupe au Losange engrange désormais les fruits de la « Renaulution » lancée il y a deux ans par son directeur général Luca de Meo. Les résultats du troisième trimestre publiés vendredi en témoignent, avec un chiffre d’affaires de 9,8 milliards d’euros sur les trois derniers mois, soit une hausse de 20,5 % sur un an sur un périmètre excluant la Russie. Le constructeur n’a pourtant vendu que 481.000 véhicules dans le monde sur la période, soit une baisse de 2,3 % par rapport à 2021. La conséquence de difficultés d’approvisionnement persistantes, en particulier sur les semi-conducteurs. Dans le détail, les ventes de la marque Renault sont en repli de 4,8 %, alors que Dacia progresse de 4,5 %. Mais chaque voiture écoulée génère beaucoup plus de valeur que par le passé.

70 % de ventes aux particuliers

Le groupe privilégie désormais les canaux commerciaux les plus rentables. Il vend moins aux grandes enseignes de location de voitures (qui achètent en masse mais avec de gros rabais), et se concentre sur les ventes aux particuliers, qui représentent désormais 70 % des ventes dans les cinq principaux pays d’Europe. Les remises consenties aux clients sont orientées à la baisse. Renault met également l’accent dans son catalogue sur les voitures de segment C (les berlines et SUV familiaux), qui génèrent plus de marge qu’une Clio ou une Twingo. Il bénéficie pour cela de nouveaux modèles, comme l’Arkana, qui a engrangé 60.000 commandes depuis le début de l’année, ou la Megane E-tech électrique, qui en a reçu 37.000 depuis son lancement au printemps.

L’Austral, le SUV hybride qui a ouvert son carnet de commandes cette semaine, s’annonce lui aussi prometteur. Dacia n’est pas en reste avec le lancement réussi du Jogger, son véhicule familial à 7 places. Résultat, les ventes dans les segment C et au-dessus atteignent désormais 41 % (+ 5 points sur un an).

De surcroît, les modèles choisis par les clients sont à des niveaux d’équipement et de motorisation en hausse. Tout cela contribue à des tarifs plus élevés, un « effet prix » qui a contribué à augmenter de 12,8 % le chiffre d’affaires au troisième trimestre, « meilleure performance historique » selon le groupe. Le groupe devrait poursuivre sur son élan durant les mois à venir, assure le directeur financier Thierry Piéton, notamment grâce à la Mégane E-tech et à l’Austral. « Elles auront un impact année pleine en 2023, avec des marges unitaires bien supérieures aux voitures qu’elles remplacent. Pour nous, c’est cela qui va changer la donne », assure le dirigeant.

La conjoncture s’annonce moins favorable

Pourtant, la conjoncture s’annonce moins favorable : l’inflation devrait grignoter les marges dans le secteur et, surtout, les commandes sont en recul depuis juin en Europe, de l’aveu de plusieurs constructeurs. Renault affirme de son côté que son portefeuille de commandes est « stable » fin septembre par rapport à fin juin, et toujours à « un niveau historique ». Les stocks du constructeur ont tout de même enflé ces dernières semaines, passant de 117.000 à 237.000 véhicules en trois mois. Selon Thierry Piéton, « c’est le reflet de la hausse de la production, et de la préparation du quatrième trimestre », qu’il annonce « robuste ». Le constructeur a confirmé sans surprise qu’il comptait atteindre une marge opérationnelle supérieure à 5 %. Cette cible serait atteinte avec trois ans d’avance sur le plan « Renaulution », mais elle reste très faible par rapport aux autres entreprises du secteur. Renault doit d’ailleurs dévoiler de nouveaux objectifs financiers à moyen terme le 8 novembre. Les analystes et les observateurs sont également impatients d’en savoir plus sur le projet de création d’une entité consacrée aux voitures électriques, ainsi que sur le réaménagement des relations capitalistes croisées avec l’allié Nissan. Sur ce dernier point, l’une des principales interrogations porte sur la position de l’Etat, qui détient 15 % du Losange. « L’Etat français soutient toutes les initiatives visant à renforcer l’alliance entre Renault et Nissan », a déclaré à ce propos vendredi le directeur général de l’Agence des participations de l’Etat Alexis Zajdenweber. L’attention, a-t-il précisé, porte « sur tous les éléments susceptibles de renforcer les projets industriels. »

Lionel Steinmann in Les Echos