jeudi 17 octobre 2024
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En France, 620 personnes SDF sont mortes dans la rue en 2021

Les sans domicile fixe (SDF) vivent dans la rue et malheureusement y meurent également. Recenser ces décès « hors société » n’est pas une statistique courante, c’est le travail du collectif Les morts de la rue qui milite pour une meilleure prise en charge non seulement des obsèques des SDF, mais pour prévenir et éviter cette fin de vie tragique.

Au moins 620 personnes vivant dans la rue ou en structures d’hébergement provisoire sont décédées, en France, en 2021. Le rapport publié par le collectif Les morts de la rue recense, parmi ces décès, une majorité d’hommes (89%) et une moyenne d’âge de 48 ans, c’est-à-dire trente ans de moins que l’âge moyen des décès dans le reste de la population. Julien, épidémiologiste, travaille à mi-temps pour l’association, il explique à RFI : « 620, c’est notre chiffre, mais le système n’est pas complet. L’Inserm estimait à 3 000 morts par an en France, donc le chiffre exact se situe entre les deux. »

« Redonner une mémoire aux morts de la rue, c’est important »

Avec ces données, l’association veut « rendre visible une réalité occultée ». Christelle de Les morts de la rue détaille : « Nous recensons la mortalité des SDF au niveau national avec l’aide de collectifs des régions, le Samu social, mais aussi les riverains ou les hôpitaux publics. Nos volontaires, après un décès, collent des affiches dans la rue et cherchent plus d’informations sur la personne afin de lui rendre hommage. Redonner une mémoire aux morts de la rue, c’est important. Nous sommes trois salariés et plus d’une centaine de bénévoles. » Elle explique à RFI : « Offrir de la dignité lors des funérailles, retrouver l’entourage de la personne, sa famille pour assister à l’enterrement, c’est notre travail. » Elle revient sur un épisode récent qui l’a marqué : « Avenue Hoche, un SDF connu des riverains depuis près de 20 ans, a été retrouvé sans vie un matin. Très vite, dans la rue, il a été réalisé un petit autel avec des bougies et des fleurs. Et une jeune fille du quartier, avec une collecte d’argent conséquente, est venue nous voir pour qu’on organise au mieux les obsèques avec la Ville de Paris. »

Près d’un tiers sont victimes d’une mort violente

En 2021, 39% de ces décès sont survenus dans la rue ou le métro, 30% dans un établissement de soins et 12% dans un squat, une voiture ou un hall d’immeuble. 42% des décès sont survenus en Île-de-France et près d’un tiers sont victimes d’une mort violente provoquée par une agression, une noyade…

« C’est la 10e édition de notre rapport. C’est aussi l’occasion pour nous d’évaluer notre dispositif et sa pertinence. » relate Julien. Les réseaux sociaux ne sont pas absents de leur dispositif Twitter, Facebook et Instagram.

« L’absence de moyens et de réponses adaptées »

Julien se souvient de ce jeune africain encore adolescent venu en France après un périple à travers la Libye et l’Europe. « Il était sur le point de trouver une structure et il allait être scolarisé à la rentrée. Il est mort noyé pendant l’été. » Au total, sur les dix dernières années (période lors de laquelle le collectif a mené ses enquêtes), 5 508 personnes SDF sont mortes. Dans l’année, le collectif a recensé 81 décès de personnes anciennement sans abris. Le collectif dénonce « l’absence de moyens et de réponses adaptées » pour accompagner les personnes sans domicile. Il recommande d’assurer l’accès au logement pour les populations fragiles et prévenir la perte de logement. Un blog dédié à leur mémoire est consultable.

T. B.