jeudi 17 octobre 2024
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Royaume-Uni : un centre d’accueil de migrants au cœur de la première crise du gouvernement Sunak

En plus de la crise économique, le gouvernement britannique doit faire face aux critiques sur sa politique migratoire : samedi, un millier de migrants sont arrivés sur les côtes anglaises et l’année 2022 a déjà battu le record de l’année dernière.

Le système d’accueil des migrants est déjà saturé. Il n’y a pas assez de ressources humaines pour faire face aux arrivées. Et c’est la situation d’un centre d’accueil en particulier qui inquiète les ONG et une partie de la classe politique : le centre de Manston, situé dans une ancienne base militaire dans le Kent, à l’est de Londres. Ce centre a ouvert au début de cette année et ce n’est pas un centre d’hébergement à proprement parler. Les personnes qui arrivent à Douvres, au sud de l’Angleterre, y sont acheminées pour y être réorientées, vers des hôtels, par exemple, à travers le pays.

Manston doit pouvoir accueillir jusqu’à 1 600 personnes pour cinq jours maxima. Or, il semblerait que le centre soit largement surpeuplé – 3 000 à 4 000 personnes, selon les sources –, avec des familles contraintes de dormir à même le sol pendant plus d’un mois. Plusieurs cas de diphtérie et de rage ont été rapportés.

La ministre de l’Intérieur en question

Ces conditions affligeantes se sont aggravées ces dernières semaines. Depuis environ huit semaines, ce qui correspond à l’arrivée au ministère de l’Intérieur de Suella Braverman. Cette conservatrice dure est obsédée par la mise en œuvre du partenariat migratoire de délocalisation du système d’asile vers le Rwanda.

Le rôle, le devoir légal de la ministre de l’Intérieur, c’est de s’assurer que les migrants soient transférés vers des hébergements comme des hôtels ou des centres dédiés. « Il y a beaucoup trop de gens là-bas, et la situation n’aurait jamais dû en arriver là, constate Sir Roger Gale, le député conservateur de la circonscription de Manston. Je ne suis pas convaincu que ce ne soit pas délibéré. Le ministère dit qu’il est difficile de trouver des places d’hébergement. Je crois comprendre désormais que c’est une question de politique, qu’il a été décidé de ne pas réserver de places d’hébergement. »

La ministre aurait ainsi été prévenue il y a plus de trois semaines qu’elle était en train d’enfreindre la loi et le code ministériel. Mais elle n’y a pas remédié. Des allégations corroborées par le très sérieux Times, mais réfutées par le ministère de l’Intérieur.

Dissuader les demandes d’asile

Mais pourquoi la ministre enfreindrait-elle la loi ? Et pourquoi un député de son propre camp l’accuse-t-elle ? Suella Braverman a pour objectif une réduction drastique de l’immigration. En bloquant le transfert des migrants vers des solutions plus durables et en les confinant dans des conditions très dures, Suella Braverman est soupçonnée par Roger Gale, par les associations et par l’opposition, de vouloir dissuader les candidats à l’asile.

D’autant plus que la ministre est une personnalité controversée, jusqu’au sein de son parti. Elle avait dû démissionner du gouvernement Truss il y a dix jours, après avoir envoyé des documents confidentiels sur son mail personnel. Puis, elle avait été nommée à nouveau par Rishi Sunak la semaine dernière. Pour une partie des conservateurs, elle risque de mettre en péril le gouvernement de sérieux promis par Rishi Sunak et les chances des Tories de remonter dans les sondages.

E. V.