Près de 30 000 personnes ont assisté ce samedi 5 novembre à la messe du pape François célébrée dans le stade de Bahreïn, parmi lesquelles des centaines de chrétiens vivant en Arabie saoudite, où les églises sont interdites.
Parmi la foule des fidèles catholiques réunis autour du pape dans le stade de Bahreïn, des centaines de chrétiens résidents en Arabie saoudite ont fait le déplacement pour ce jour historique.
Car dans le royaume des Saoud, impossible de trouver une église ou de manifester sa foi chrétienne dans l’espace public. Alors, célébrer une messe avec le pape François est un signe de réconfort pour beaucoup.
C’est ainsi que Rosy, une Libanaise émigrée dans l’est de l’Arabie saoudite, n’a pas hésité à faire la route de nuit et franchir le pont de 25 kilomètres qui sépare son pays d’accueil de Bahreïn.
Elle et son mari ont dû quitter le Liban il y a neuf ans, en raison de la crise économique. Et c’est avec une « infinie tristesse » que la maronite a dû se résoudre à ne plus pouvoir exprimer sa foi librement.
Devant l’effondrement du pays du Cèdre, elle n’a que peu d’espoir de retourner chez elle. Cette visite du pape dans cette périphérie est pour elle un encouragement.
Peut-être, imagine-t-elle, que ce voyage fera bouger les lignes et qu’un jour une église sera construite en Arabie saoudite.
Là-bas, on estime qu’il y aurait 1,5 million de chrétiens, venus essentiellement des Philippines et de l’Inde.
Trois jours à Bahreïn
Au troisième jour de cette visite inédite, ce samedi matin, quelque 30 000 personnes de 111 nationalités, selon les autorités, se sont réunies au stade national de Bahreïn à Riffa, la plus grande enceinte du pays, au sud de la capitale, Manama, pour assister à la messe du pape François.
Le souverain pontife argentin a salué la foule à bord de la Papamobile, embrassant et bénissant des bébés sur son chemin. Il a ensuite prononcé une homélie, en espagnol.
Puis, dans l’après-midi, toujours ce samedi, le pape a été reçu avec des danses et des fleurs à l’école du Sacré-Cœur de Manama, où il a appelé les jeunes qu’il rencontrait à « dialoguer ».
Peu avant, une dizaine de personnes ont été brièvement arrêtées. Elles manifestaient à l’entrée de l’école où allait se tenir la rencontre pour demander la libération de leurs proches emprisonnés, a expliqué Sayed Alwadaei, directeur de l’ONG Bahrain Institute for Rights and Democracy (BIRD), basée à Londres.
Depuis la révolte de 2011, Bahreïn est régulièrement accusé par les ONG et des institutions internationales de réprimer les dissidents politiques, en particulier ceux de la communauté chiite, dans un pays dirigé par une dynastie sunnite.
Le gouvernement assure de son côté ne pas tolérer « la discrimination » et avoir mis en place des mécanismes de protection des droits humains.
Le royaume a formalisé ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège en 2000. Bahreïn abrite environ 80 000 catholiques, selon le Vatican. Ces gens sont principalement des travailleurs asiatiques.
Hugues Lefèvre in RFI