À la tribune de la COP27, à Charm el-Cheikh en Égypte, Emmanuel Macron a prononcé lundi 7 novembre un discours qui se voulait très mobilisateur en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Le président français a appelé à maintenir les objectifs, à ne pas faire du climat « une variable d’ajustement » de la guerre en Ukraine, et a plaidé pour que les pays riches remplissent leurs engagements financiers.
« L’urgence climatique n’est pas pour demain », a dit Emmanuel Macron pour montrer qu’elle reste la priorité des priorités. « Nous ne sacrifierons pas nos engagements climatiques sous la menace énergétique de la Russie. »
À la tribune de la COP, le président français a voulu avoir un discours volontariste, notamment en abordant la question de la justice climatique
« Nous devons aller au bout de la solidarité financière. On est à 82 milliards d’engagés, on doit dans les tout prochains mois aller aux 100 milliards, aider à convaincre les derniers pays riches qui n’ont pas pris tous leurs engagements, mais surtout on doit débourser beaucoup plus vite et trouver des mécanismes pour que cet argent arrive vers le grand Sud. »
Seule solution pour que la confiance entre pays du Nord et du Sud ne soit pas rompue, à entendre Emmanuel Macron qui veut aller plus loin : « Nous avons besoin d’un grand choc de financements concessionnels. Et il est au cœur du débat qu’avec raison beaucoup ont mis sur la table, celui des pertes et préjudices. »
Emmanuel Macron veut avancer sur la question des financements innovants sur le climat. Une manière de reconnaître que pour le climat aussi, l’argent est le nerf de la guerre.
« Nous devons donc urgemment reconnaître à ces écosystèmes un statut particulier et proposer aux États qui les abritent des contrats politiques et financiers pour les aider à les préserver. C’est pourquoi nous avons ce matin lancé, avec plusieurs États ici présents – la Colombie, le Gabon, le Rwanda, plusieurs représentants des peuples autochtones, les Philippines… avec la Chine, les États-Unis et les Européens –, une initiative, pour en quelque sorte mettre en place ces programmes de préservation positive. »
Rencontre entre le président et des jeunes engagés
Avant la COP, Emmanuel Macron a rencontré, en bras de chemise dans le jardin de son hôtel, une dizaine de jeunes engagés pour le climat, parmi lesquels plusieurs Africains rencontrés lors de sa visite officielle au Cameroun. L’échange a duré environ une heure. Le chef de l’État français a abordé de manière informelle les principaux enjeux de la transition climatique.
Le président de la République a d’abord écouté ce qu’ils avaient à lui dire, comme Boubacar, agriculteur du Niger, qui l’a interpelé sur la crise alimentaire : « Réfléchissez beaucoup plus local que national ou multilatéral », a plaidé ce dernier.
Emmanuel Macron a défendu une agriculture africaine souveraine, des partenariats locaux, et a mis en avant le projet de « grande muraille verte » : « On lutte contre la désertification et pour la diversité ; on lutte pour la réduction des émissions, en tout cas la meilleure capture ; pour la souveraineté alimentaire africaine ; et la création d’emplois. »
À une jeune déléguée pour le climat qui l’interpellait sur la question des pertes et préjudices – « comment on répond ? Parce qu’il y a des impacts, il y a des gens dont la vie est affectée, qui perdent leurs moyens de subsistance, si ce n’est leur vie » –, le chef de l’État répond :
« La réponse n’est pas dans un nouveau fonds, parce qu’on en a déjà trop et tout le monde est paumé, dans les fonds. Et après les fonds ça sert simplement aux États à dire « on a mis tant dans un fonds » et les gens n’en voient jamais la couleur. La question, c’est comment on est efficaces sur le terrain, par rapport aux pertes et préjudices, et comment on a une forme de mécanisme de solidarité effective le jour où quelqu’un a ce choc. »
Une heure face à des jeunes sélectionnés, un exercice qu’Emmanuel Macron pratique souvent et qui lui permet de donner une autre tonalité, moins institutionnelle, à son déplacement à la COP27.
V. G.