Les équipes numériques de la police de la poste américaine ont saisi les noms de domaines sur lesquels opérait Z-Library, le plus gros site de piratages de livres et de magazines. Popularisé par le hashtag #zlibrary sur Tiktok, ce site qui avait plusieurs années est finalement tombé très rapidement.
C’est une histoire dans laquelle la scène du crime s’appelle TikTok et où les policiers sont des facteurs. Ou presque. Z-Library, le plus gros site au monde de piratage de livres vient de tomber. Ses serveurs DNS ont été saisis et il est désormais impossible de s’y connecter, à lui, ou à ses nombreux miroirs. Mais comme dans toutes les meilleures « tragédies », on se délecte des éléments (un peu) comiques.
Le premier élément cocasse, c’est l’autorité américaine en charge de l’opération. Ne mettez pas 10$ sur le FBI ou la Homeland Security, vous allez perdre : il s’agit de la « iCOP Analytics Team », une division numérique de la police… des services postaux américains. Oui, « La Poste » américaine (USPS) a sa propre police appelée United States Postal Inspection Service. Et ce serait la plus vieille agence chargée de faire respecter les lois, devant les forces de polices conventionnelles, puisqu’elle a été créée en 1775 par… Benjamin Franklin !
Forte de plus de 2000 agents, dont plus de la moitié en armes, cette force a de nombreuses missions. Qu’elles soient physiques, avec le tracking et les enquêtes relatives aux colis piégés. Ou désormais numériques, puisqu’une de ses prérogatives est de glaner les informations qui circulent sur les réseaux, du net au darknet. Et c’est donc elle qui a donc saisi les domaines z-lb.org, b-ok.org, et 3lib.net, qui pointent désormais vers l’URL au nom très explicite de SEIZEDSERVERS.COM (serveurs saisis.com !).
Point de fouille dans le darknet via Tor ou de réseau louche, le théâtre à l’origine de cette saisie serait le réseau social Tiktok. Ou plus particulièrement le hashtag #zlibrary, qui pullulait sur un grand nombre de vidéos. Une popularisation qui a fait monter la popularité du site auprès d’une audience grandissante… ainsi que la moutarde au nez de la puissante guilde des auteurs. Celle-ci s’est fendue d’une communication critiquant le fait que « le hashtag #zlibrary sur le très populaire réseau Tiktok combine plus de 4 millions de vues, en référence à d’innombrables vidéos postées par des étudiants et des lycéens (…) promouvant (le site) comme l’endroit par excellence pour aller chercher des livres gratuits ». Tiktok a rapidement réagi en bloquant le hashtag, mais le mal (ou le bien !) était fait.
Car la dénonciation des auteurs n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd : à peine quelques jours après, les autorités américaines sont donc tombées sur Zlibrary. Et le site a (pour le moment) disparu du web. Lui et ses 11 millions de livres et 84 millions d’articles librement disponibles. S’il ne fait aucun doute que les ayants-droits se frottent les mains, l’histoire nous a enseigné qu’une fois qu’une plate-forme tombe ou se fait saisir, il ne faut pas longtemps pour qu’elle revienne, souvent plus forte. Comme dans le domaine de l’audio ou de la vidéo, ou les plates-formes de type Spotify ou Netflix ont créé des modèles économiques, les acteurs du secteur de l’édition ont intérêt à inventer des modèles de distribution numérique. Sous peine d’avoir à chasser le prochain gros site d’ici à quelques mois.
Torrentfreak