La gandoura en velours constantinoise conserve, en dépit de la modernité des tenues vestimentaires, un charme indélébile. Fièrement portée par les femmes de la région, elle est présente dans toutes les occasions de fête, où elle est exhibée comme un bijou de valeur.
La gandoura constantinoise fait partie du patrimoine culturel. Ancrée dans les traditions, son utilisation remonte à la période précoloniale, où elle habillait les épouses des Beys, les aristocrates et les femmes de la haute classe, a expliqué à l’APS l’enseignant-chercheur Haidar Rouag, spécialiste en patrimoine et anthropologue à l’Université Abdelhamid Mehri Constantine-2, à la veille d’une journée d’étude sur l’habit féminin traditionnel de l’Est du pays. Pour lui, cet habit est « sacré car il symbolise à la fois la beauté, la noblesse et la distinction ».
Le chercheur a expliqué qu’il existait plusieurs sortes de gandoura constantinoise, les plus célèbres étant la gandoura en velours « medjboud » ou « Tarzi », ajoutant qu’il existe un autre genre aussi célèbre appelé « Chamssa » contenant sept couleurs, en plus d’autre genres rares comme la gandoura « Tell » et gandoura « Echetar », sur lesquelles deux couleurs sont associées notamment dans la partie supérieure de la robe.
La gandoura en velours de Constantine a inspiré beaucoup de stylistes, qui l’ont modernisée à travers le temps, faisant des genres « Cocktail », « Echaâra » et « El Fetla » des chef-d’œuvres relatant l’amour manifesté par les couturiers à cet art.
M.Rouag a relevé qu’en dépit de l’évolution vertigineuse que connait le monde de la mode, la gandoura en velours de Constantine est parvenue à préserver sa place et son aura, demeurant indétrônable dans sa catégorie, bien que les noms laissés par les ancêtre diffèrent comme Djeba, Hayek, Bernous ou Kaftan fergani.
L’habit traditionnel, un composant culturel fondamental
L’habit traditionnel est un composant culturel fondamental d’un pays, a affirmé le directeur de la section régionale Est du Centre national de recherche en préhistoire, anthropologie et histoire (CNRPAH), Hocine Taoutaou, qui a rappelé que l’Algérie possède d’innombrables potentiels culturels et civilisationnels.
M.Taoutaou, qui supervisera la journée d’étude prévue demain (jeudi) à la maison de la Culture Malek Haddad de Constantine sur l’habit traditionnel féminin sous le slogan : « La gandoura constantinoise, identité, beauté et histoire », a indiqué que ce patrimoine immatériel, qui se caractérise par son originalité, définit une région particulière. Jalousement préservé par des générations successives, ce style traditionnel féminin de l’Est algérien réunit les conditions principales pour l’inclure dans la liste du patrimoine culturel immatériel mondial de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture UNESCO, a-t-il assuré.
Dans les ruelles exiguës de la vielle ville de Constantine, l’APS s’est rapprochée de Mme Zeyneb, qui a indiqué que les couturiers et propriétaires de magasins de vente de la gandoura en velours, et en dépit de leur âge avancé, sont toujours animés par l’envie de proposer de nouvelles créations dans cet habit traditionnel.
Mme Zeyneb a relevé que la gandoura en velours est présente dans toutes les maisons de Constantine, car considérée comme « un des symboles de l’élégance et du chic ». « Elle est indispensable dans le trousseau de la mariée », a-t-elle ajouté, faisant remarquer que des célébrités, des épouses de personnalités politiques et des stars de cinéma l’ont portés dans de grands évènements et cérémonies.
M. B.