Les blés français défient la concurrence grandissante sur le marché algérien. Ils ont fait un très bon début de campagne, grâce à des prix compétitifs.
L’Algérie a longtemps été le débouché naturel des blés français vendus hors Union européenne. Mais ces dernières années, les exigences algériennes posées dans les appels d’offres ont été modifiées et ont permis au blé de la mer noire et en particulier au blé russe de se positionner avec succès.
L’Algérie a en quelque sorte ouvert le champ de la concurrence. Jamais formellement exclu, le blé français a lui perdu son statut privilégié, mais n’a pas, pour autant, délaissé le terrain et fait même un retour en force.
Des circonstances de début de campagne favorables
Depuis le début de la campagne il y a six mois, la France a exporté 350 000 t de plus de blé que l’année dernière à la même période – 1,496 million de tonnes contre 1,154 million de tonnes – selon les chiffres communiqués la semaine dernière par FranceAgriMer la cellule de veille du ministère français de l’Agriculture.
Des volumes en augmentation qui n’ont rien à voir avec une faveur algérienne : le blé français est tout simplement devenu très compétitif : il l’est plus que les autres origines européennes, allemandes ou roumaines et se retrouve au coude-à-coude avec le blé russe ce mois de janvier. Seul le blé ukrainien est résolument imbattable à l’importation en Algérie.
Au-delà des prix qu’ils offrent, les exportateurs français ont bénéficié de la faiblesse de l’offre « mer noire » en début de campagne : l’été dernier, il y eu très peu de blé russe sur le marché et encore moins de blé ukrainien. Les deux origines ne sont montées en puissance qu’une fois le corridor d’exportation soutenu par l’ONU mis en place.
La Russie joue toujours sa carte en Algérie
La France a donc eu le champ libre. Ce qui lui a permis d’accélérer ses exportations par rapport à l’année dernière en Algérie, et de manière encore plus notable au Maroc. Mais cela ne veut pas dire qu’elle réussira à tenir le rythme jusqu’à la fin de la campagne, commente Sébastien Poncelet, directeur du développement au sein du cabinet Agritel : pour cela, il faudrait qu’elle reste très compétitive, notamment face à la Russie qui bénéficie cette année d’une récolte historique, mais aussi qu’il reste beaucoup de blé français à exporter.
Selon FranceAgrimer, compte tenu des disponibilités estimées à ce jour en blé français, la cadence pourrait effectivement ralentir en deuxième partie de campagne : il reste à exporter hors UE 4,2 millions de tonnes de blé dans les 7 prochains mois alors que 6,4 millions de tonnes ont été exportées durant les 5 premiers mois. Mais la situation n’est pas figée, précise la cellule de veille du ministère français, « jusqu’à la fin de la campagne, les prévisions peuvent être révisées ».
M.-P. O.