jeudi 17 octobre 2024
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Liban : l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth relancée

Après une suspension de treize mois due à des interférences politiques, le juge Tarek Bitar chargé de l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth, en août 2020, a relancé lundi les investigations. L’explosion de 2 700 tonnes de nitrate d’ammonium, entreposées sans mesures de précaution dans le port, avait fait 220 morts, 6 500 blessés et détruit une partie de la capitale libanaise.

Tarek Bitar a visé gros lundi 23 janvier en engageant des poursuites contre le puissant patron de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, et le chef de la Sécurité de l’État, Tony Saliba.

Les deux officiers supérieurs ont été convoqués à comparaître devant le magistrat en tant qu’inculpés, aux côtés de six autres suspects. On ne sait pas encore s’ils répondront à la convocation.

Le juge d’instruction a aussi décidé de libérer cinq des dix-sept personnes encore détenues depuis près de deux ans dans le cadre de l’enquête.

Le magistrat a expliqué sa décision de relancer les investigations par « des études juridiques menées pour sortir de l’impasse devant laquelle de multiples recours judiciaires ont placé l’enquête ».

Les décisions du juge ont suscité des réactions contradictoires à Beyrouth.

Bataille contre l’impunité

Le ministre de la Justice Henri Khoury semble mécontent et a insisté sur « la nécessité de préserver le secret de l’enquête ».

D’autres voix ont cependant applaudi la démarche du juge.

Pour Nizar Saghieh, directeur de l’influente ONG Legal Agenda, active dans le domaine juridique, Tarek Bitar a « lancé une bataille contre l’impunité » cultivée par la classe politique.

P. K.