Cinq ans après sa première visite, Emmanuel Macron est en Algérie pour trois jours, à l’occasion du premier déplacement à l’étranger de son deuxième mandat. Le président français a été accueilli, ce jeudi 25 août, à sa descente d’avion par son homologue, Abdelmadjid Tebboune. Après une visite commune au monument du Martyr, haut lieu de la mémoire algérienne de la guerre d’indépendance, tous deux ont eu un entretien en tête-à-tête, avant de s’exprimer conjointement face à la presse. Emmanuel Macron a notamment annoncé la création d’une commission d’historiens français et algériens sur la colonisation et la guerre.
Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ne se sont pas quittés après leur poignée de main, à l’arrivée du premier à l’aéroport d’Alger-Houari-Boumédiène. Tous deux ont passé en revue les troupes avant les hymnes nationaux.
Les deux présidents ont eu leur premier échange dans un salon de l’aéroport, entourés de leurs principaux ministres. Emmanuel Macron s’est ensuite rendu au mémorial du Martyr, passage obligé dans les visites officielles en Algérie, avant de rejoindre Abdelmadjid Tebboune au palais présidentiel d’El Mouradia, sur les hauteurs d’Alger. Les deux chefs d’État ont eu leur premier entretien en tête-à-tête.
Pour clore cette première journée d’Emmanuel Macron en Algérie, un dîner a été organisé en son honneur au Palais du peuple. Autant d’occasions d’aborder tous les sujets sensibles entre les deux pays. La question de la mémoire bien sûr, toujours sensible ; celle-ci avait occasionné une brouille entre Alger et Paris en octobre dernier, quand Emmanuel Macron avait reproché au système politico-militaire algérien d’« exploiter une rente mémorielle » et s’était interrogé sur l’existence de la nation algérienne avant la colonisation.
« Nous avons un passé commun, complexe, douloureux »
Les présidents Macron et Tebboune doivent aussi aborder des questions diplomatiques et de sécurité, comme la lutte contre le terrorisme et la situation au Mali, alors que la France vient de retirer ses derniers soldats du pays, ou encore la relation avec la Russie, sur laquelle les deux pays ont des divergences et qu’Emmanuel Macron veut, selon l’Élysée, aborder en toute franchise.
La question de l’intervention militaire russe en Ukraine doit aussi être évoquée. Pour Paris, c’est un sujet majeur, qui a des conséquences sur la vie quotidienne des Français, notamment en matière énergétique. L’Élysée affirme qu’Emmanuel Macron n’est pas venu chercher du gaz en Algérie. Mais cela ne l’empêchera pas d’en parler. La PDG d’Engie fait d’ailleurs partie de la délégation française.
Dans la soirée, et quelques heures après le début de la visite du chef d’État français, Abdelmajid Tebboune a salué des « résultats encourageants » qui permettent de « tracer des perspectives prometteuses ». Il a insisté sur la détermination des deux pays à « aller de l’avant » et « intensifier les efforts afin de rehausser les relations ». Le président algérien a notamment évoqué une « intensification des visites de haut niveau ».
Emmanuel Macron, quant à lui, a annoncé l’établissement d’une commission mixte d’historiens algériens et français pour étudier les archives sur la colonisation et la guerre d’Algérie. « Nous avons un passé commun, (…) complexe, douloureux », a déclaré le président réélu en mai dernier. Lui et Abdelmajid Tebboune ont « décidé ensemble » la création de cette commission qui sera chargée de « regarder l’ensemble de cette période historique », « du début de la colonisation à la guerre de libération, sans tabou, avec une volonté (…) d’accès complet à nos archives ».
M. B.