Le président de la République française, Emmanuel Macron, n’a pas abandonné son ambition d’ouvrir « une nouvelle page d’avenir » de la relation franco-algérienne, comme il l’avait annoncé lors de son premier déplacement à Alger, en décembre 2017.
Invité en juillet par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, à assister aux Jeux méditerranéens d’Oran, alors que l’Algérie célébrait le 60e anniversaire de son indépendance, la rencontre avait dû être décalée pour des raisons d’agenda côté élyséen. De jeudi à samedi prochain, Emmanuel Macron, accompagné des ministres, Catherine Colonna (Affaires étrangères), Bruno Le Maire (Économie) et Gérald Darmanin (Intérieur), évoquera les grands dossiers des préoccupations communes. La guerre menée par la Russie en Ukraine qu’Alger aurait tendance à considérer avec une « trop grande neutralité » du fait de sa proximité avec Moscou, selon une source diplomatique française ; les conséquences de ce conflit sur l’approvisionnement des Européens en gaz à l’heure où nombre d’entre eux se tournent vers l’Algérie, l’un des dix premiers exportateurs mondiaux ; la bataille des visas depuis que Paris a décidé d’en réduire la délivrance tant que les autorités algériennes n’accepteront pas de reprendre leurs ressortissants expulsés par la France ; et naturellement la question mémorielle, qui continue d’empoisonner les relations. Le chef de l’État maintient le curseur sur le devoir de vérité historique, à condition qu’il soit mutuel, en cherchant à éviter toute repentance qui exacerberait les tensions au sein de la société française. L’Élysée souhaite que les jeunes porteurs de la mémoire franco-algérienne réunis à plusieurs reprises dans ses travaux d’approche – petits-enfants de combattants du FLN, de harkis ou de soldats français – l’accompagnent à Alger. L’historien de l’Algérie Benjamin Stora, dont le rapport sur la « réconciliation des mémoires » sert de mode d’emploi au Président, sera du voyage ainsi que l’expert du monde arabe Jean-Pierre Filiu et l’islamologue Gilles Kepel. Autres personnalités invitées, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Mohamed Hafiz, et le grand rabbin de France, Haïm Korsia, dont les parents sont nés respectivement à Tlemcen et à Oran. Ce dernier, né en France et qui n’a jamais connu le pays de ses parents, serait alors la première personnalité religieuse juive au sein d’une délégation officielle à visiter l’Algérie.
FRANÇOIS CLEMENCEAU in Le Journal du Dimanche