Moins de deux semaines après le début de leur offensive fulgurante en Syrie, les rebelles, emmenés par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham, ont fait chuter le président Bachar el-Assad, mettant fin à un demi-siècle de règne sans partage de la famille Assad. Selon les agences de presse russes, le président s’est rendu à Moscou après avoir pris la fuite.
Ce qu’il faut retenir
■ C’est une page de l’histoire de la Syrie qui se tourne. Après une offensive fulgurante menée par des rebelles, le régime de Bachar el-Assad est tombé. M. Assad, qui a pendant 24 ans dirigé d’une main de fer la Syrie meurtrie par près de 14 ans de guerre, se trouve avec sa famille à Moscou, selon les agences de presse russes.
■ En Syrie et dans le monde entier, des scènes de liesse ont accueilli la chute d’Assad mais beaucoup, dont la communauté internationale qui scrute la situation de très près, s’interroge sur l’avenir du pays et de sa transition. « Enfin, le régime d’Assad est tombé », a par exemple déclaré le président américain Joe Biden, tout en soulignant que « certains des groupes rebelles » avaient des « antécédents de terrorisme ».
■ Le chef de rebelles islamistes qui ont pris le contrôle de Damas, Abou Mohammed al-Joulani, a fait une entrée remarquée ce dimanche. Après avoir baisé le sol de la capitale en y arrivant, il s’est rendu à la mosquée historique des Omeyyades. « Cette victoire est un triomphe (…) pour toute la communauté islamique », a-t-il martelé. « La Syrie a été purifiée. »
■ Joe Biden a ajouté que les États-Unis ne « laisseraient pas » le groupe jihadiste État islamique (EI) profiter de la situation pour « se rétablir » en Syrie, où il avait occupé de larges pans de territoire entre 2014 et 2018. Le Centcom, commandement militaire américain pour le Moyen-Orient, a d’ailleurs annoncé que des avions américains avaient mené dimanche « des dizaines de frappes » dans le centre de la Syrie, visant « plus de 75 cibles » de l’EI.
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05h31 : Au Liban, les réfugiés syriens sont déjà prêts à rentrer au pays
Suite à la chute de Bachcar el-Assad, on a pu voir de nombreuses scènes de liesse dans la Bekaa où vivent de nombreux réfugiés syriens. C’est là où se trouve le poste-frontiere de Masnaa, qui mène vers Damas. Des Syriens veulent déjà rentrer chez eux. Dans le hall de la Surete generale a Masnaa, le service de sécurite en charge des frontières, c’est l’affluence. Hoda est avec sa mere et ses enfants. Elle vient de passer un an et demi au Liban, et elle rentre.
« On avait toujours de la peur, de l’angoisse, avant. On n’était jamais tranquille en rentrant au pays. Il y a deux jours, mon fils avait été arrete pour des raisons liées a ses papiers militaires. J’espère qu’il n’y aura plus de peur ! (elle rit) Il y a du monde qui veut entrer en Syrie ».
Il faut se dépêcher : de l’autre côté, au poste-frontière syrien, désormais sous contrôle insurgée, la fermeture s’approche, avant la tombée de la nuit. Abdelkarim est venu par curiosité, il envisage un retour prochain. « Dès le debut de l’offensive rebelle, je savais que Bachar allait tomber, car les combattants ont avancé a la vitesse de la lumière, sans être arrêtés. J’éprouve une grande joie. La Syrie est aujourd’hui pour tous les Syriens. J’ai de la famille, mes parents en Syrie. Cela fait dix ans que je ne les ai pas vus », raconte-t-il.
Dans l’autre sens, de la Syrie vers le Liban, c’est aussi l’embouteillage : des Syriens fuient le pays.
04h55 : Les différents groupes rebelles vont-ils réussir à gouverner ensemble ?
Après la chute de Bachar en Syrie, quel avenir pour la coalition des rebelles ? Les groupes islamiques et les autres vont-ils grouverner ensemble dans la concorde ? La réaction de l’opposant Anas El Abdeh Membre de la Coalition nationale de l’opposition syrienne, le nom du gouvernement syrien en exil depuis 2011, au micro de nos confrères de MCD.
« Jusqu’à présent, les groupes islamiques ont agi de manière patriotique, dans une très grande mesure. Le slogan lancé par al-Jolani est le suivant : «Que Dieu pardonne le passé». Il n’y a pas de vengeance et nous sommes tous les fils d’une seule nation. Je crois que l’opposition syrienne, y compris les groupes islamiques, a avant tout bénéficié de la leçon syrienne : il n’y a aucune chance de victoire des uns sans les autres, nous devons vivre ensemble et aucun d’netre nous ne peut éliminer l’autre. »
00h00 : Les Syriens célèbrent la chute de Bachar el-Assad
Des manifestants favorables à la rébellion syrienne ont éclaté dans plusieurs parties d’Europe comme ailleurs dans le monde ce dimanche 8 décembre. Malgré les incertitudes planant sur l’avenir, l’heure est à la joie parmi tous ces gens qui espéraient vivre un jour la chute du régime Assad, alors que le président déchu a fui Damas pour se réfugier en Russie.
23h30 : Réunion confirmée au Conseil de sécurité de l’ONU ce lundi
Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunira en urgence lundi après-midi pour des discussions à huis clos sur la Syrie, ont confirmé plusieurs sources diplomatiques à l’Agence France-Presse. Les consultations, qui auront lieu à partir de 15 heures (20 heures TU), avaient été demandées ce dimanche par la Russie.
22h30 : Les institutions à Damas toujours sous contrôle du Premier ministre
Le chef du HTS, principale composante de la rébellion, a fait son entrée dans la capitale syrienne dimanche. En revanche, les nouveaux maîtres de la ville n’ont pas pris possession des institutions. Ahmed al-Chareh a appelé ses combattants à ne pas s’en approcher. Elles sont donc restées sous contrôle du Premier ministre. Le chef du HTS veut, dit-il, une « passation officielle ». L’objectif affiché est d’éviter le chaos. Mais quelle sera la forme du futur gouvernement ? La rébellion est hétéroclite. Le nouvel exécutif intégrera-t-il alors d’autres composantes de l’opposition à l’ancien régime ? Les Syriens pourront-ils choisir leurs futurs dirigeants ? Le Conseil national syrien, principale coalition politique des opposants à Bachar el-Assad, salue l’attitude du HTS durant l’offensive, tout en estimant que « la leçon syrienne », c’est qu’aucun camp ne peut prendre le pouvoir seul. Jusqu’à présent, Ahmed al-Chareh n’a pas donné d’indication sur la forme du pouvoir qu’il espère voir émerger.
22h24 : Parmi les enjeux pour la Syrie désormais, le retour des déplacés et réfugiés chez eux
De nombreux défis attendent désormais les nouveaux maitres de Damas : le maintien de l’ordre, la mise en place d’un gouvernement et d’une administration capables de fonctionner, et bien sûr le retour des déplacés et réfugiés chez eux.
C’était dans leur première déclaration après être entrés dans la capitale. Avant le lever du jour dimanche matin, les rebelles annonçaient le départ de celui qu’ils appellent « le tyran », et invitaient aussitôt les réfugiés à rentrer dans « une Syrie libre ».
Selon l’ONU, plus de 6 millions et demi de personnes ont fui la Syrie depuis le début de la guerre en 2011. Pays limitrophes, la Turquie et le Liban en accueillaient le plus grand nombre, mais ces dernières années, leurs gouvernements souhaitaient ouvertement leur rapatriement en Syrie. Au point, pour la Turquie, de soutenir plus ou moins activement l’offensive de la rébellion contre le régime lancée le 27 novembre.
L’empressement est grand pour une partie des réfugiés eux-mêmes. De premiers retours ont déjà eu lieu depuis le Liban, ce dimanche, et le nombre de personnes qui rêvent d’un retour est d’ailleurs encore bien supérieur à cela.
Selon l’ONU, la Syrie compte aussi plus de 7 millions de déplacés internes. Près de la moitié d’entre eux vivent dans le nord-ouest, d’où la rébellion est partie. Les déplacés ont constitué une partie importante des troupes rebelles, soulignant à quel point le retour est une question majeure de cette ère post-Assad qui vient de s’ouvrir.
22h20 : La chute du régime Assad peut ouvrir un nouveau cycle de violences contre les Kurdes
En Syrie, une guerre peut en cacher une autre. La ville de Manbij, gouvernée par l’autorité autonome du nord-est syrien dominée par les Kurdes, est désormais attaquée par des factions de la rébellion syrienne, l’Armée nationale syrienne (SNA), soutenues par la Turquie.
Aussi, comme dans toute la Syrie, les populations kurdes du nord-est célèbrent la chute de Bachar el-Assad, mais l’inquiétude grandit à Manbij. Dimanche après-midi, l’aviation turque a bombardé le conseil municipal de cette ville multiethnique de 100 000 habitants, stratégiquement située sur la rive occidentale de l’Euphrate. En parallèle, des factions de l’Armée nationale syrienne, soutenues par la Turquie, ont tenté d’infiltrer la ville, donnant lieu à des combats violents dans les rues et à des échanges de tirs d’artillerie.
Les autorités kurdes redoutent que la Turquie profite de la déstabilisation en Syrie pour affaiblir leur autorité. Ankara souhaite en effet de longue date repousser sur la rive orientale de l’Euphrate les forces militaires kurdes, accusées d’être l’incarnation syrienne de la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
La situation est confuse à Manbij, mais la crainte de violences communautaires est réelles. Ce sont déjà ces factions pro-turques de la rébellion syrienne qui ont poussé des dizaines de milliers de Kurdes à fuir Alep, au lendemain de sa reprise, lundi dernier.
21h31 : 26 morts lors d’une attaque de groupes pro-turcs contre une zone contrôlée par les Kurdes (OSDH)
Au moins 26 combattants ont été tués alors que des forces syriennes soutenues par la Turquie ont lancé une offensive dans la région de Manbij, dans le nord de la Syrie, quelques jours après avoir pris une enclave tenue par les Kurdes. « Des factions pro-turques… ont pris de larges quartiers de la ville de Manbij dans la campagne orientale d’Alep, après de violents affrontements avec le Conseil militaire de Manbij », a rapporté l’ONG Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), cité par l’AFP. Ledit conseil est affilié aux Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes et soutenues par Washington, qui contrôlent de vastes régions du nord-est de la Syrie. « Les affrontements ont fait neuf morts parmi les combattants pro-turcs et au moins 17 parmi les membres du Conseil militaire de Manbij », selon l’OSDH. Les FDS ont affirmé que les conseils militaires de Manbij et de la ville voisine d’al-Bab portaient des « coups sérieux » aux combattants soutenus par la Turquie, évoquant des « affrontements féroces ». Dans un communiqué publié sur leur chaîne Telegram, les factions soutenues par Ankara ont déclaré avoir « pris le contrôle de la ville de Manbij à l’est d’Alep après des batailles acharnées ». Ces groupes ont également diffusé des vidéos de combattants déclarant avoir pris Manbij, apparemment depuis l’intérieur de la zone.
21h12 : Nombre de pays ont réagi à la chute du président syrien
Des « espoirs prudents » formulés par des Nations unies, aux appels à éviter le « chaos », les réactions sont nombreuses, après la fin à d’un demi-siècle de règne du clan Assad en Syrie.
21h10 : Notre émission Géopolitique revient sur la situation en Syrie
La communauté internationale a les yeux rivés sur la Syrie, après l’offensive éclair qui vient de mettre fin à un demi-siècle de règne sans partage du clan Assad avec la chute de Bachar el-Assad.
20h55: Une ONG fait état de frappes israéliennes contre des dépôts d’armes dans l’est
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a fait état d’une série de frappes aériennes israéliennes dans l’est du pays dimanche, précisant que la cadence des frappes s’était accélérée après la chute du président Bachar al-Assad. « Israël a mené des frappes aériennes contre des dépôts d’armes et des positions appartenant au régime renversé et à des groupes soutenus par l’Iran dans la province de Deir Ezzor », a déclaré à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.
20h48 : « Je n’ai pas vu la Syrie depuis 13 ans »: la chute de Bachar el-Assad fait renaitre l’espoir chez les réfugiés en Turquie
La chute du régime de Bachar el-Assad en Syrie fait renaitre l’espoir, pour de nombreux Syriens réfugiés dans les pays voisins, de rentrer chez eux. Un retour qui a commencé à s’opérer depuis la Turquie, où sont réfugiés plus de trois millions de Syriens qui ont fui le régime et la guerre dans leur pays depuis 2011.
19h53 : Frappes américaines sur le territoire syrien contre le groupe État islamique
Les États-Unis ont mené dimanche « des dizaines de frappes aériennes » dans le centre de la Syrie visant « plus de 75 cibles » du groupe État islamique (EI), a annoncé le Centcom, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient. « Il ne doit y avoir aucun doute: nous ne laisserons pas l’EI se reconstituer et tirer profit de la situation actuelle en Syrie », a déclaré le général Michael Erik Kurilla dans le communiqué du Centcom, après une offensive éclair de groupes rebelles qui a provoqué la chute du président Bachar al-Assad.
19h49 : Le chef du principal groupe rebelle à l’origine de la chute du clan Assad prend la parole
Depuis Damas, dans la célèbre mosquée des Omeyyades de la capitale, Ahmed al-Chareh alias Abou Mohammad al-Jolani salue une victoire « historique » présentant le mérite d’avoir « purifié » selon lui son pays. Le chef du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham déclare : « Cette victoire, mes frères, est un triomphe (..) pour toute la communauté islamique. Cette victoire, mes frères, est historique pour la région. ». « Aujourd’hui, la Syrie est purifiée », cette « victoire a été rendue possible par la grâce divine, le sang des martyrs (..) et la souffrance de ceux qui ont langui en prison ». La Syrie a été « livrée aux convoitises iraniennes », au « sectarisme » et à la « corruption » par les Assad, fustige-t-il.
19h40 : Bachar el-Assad n’a pas demandé d’aide à Téhéran, lance le ministre iranien des Affaires étrangères
Le président syrien déchu « ne nous a jamais demandé de l’aider » militairement pour combattre l’offensive rebelle en cours, a déclaré le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, à la télévision d’État. Il dit avoir été « surpris » par la « rapidité » de l’offensive et par « l’incapacité » de l’armée syrienne à la repousser.
19h18 : Le président américain prévient que certains des groupes rebelles ont des antécédents terroristes
Les groupes responsables de la chute de Bachar el-Assad ont pour certains « leur propre sombre bilan en matière de terrorisme et de violations des droits de l’homme », rappelle Joe Biden, qui précise que Washington va évaluer leur degré actuel de modération. Les États-Unis ont « pris note » des récentes déclarations des rebelles en la matière, dit-il, avertissant face à ces déclarations de modération que non seulement leurs mots seront analysés, « mais aussi leurs actions ».
Le président américain assure que son administration échangera avec « tous les groupes syriens », « y compris dans le cadre du processus sous l’égide des Nations unies, pour mettre en place une transition (…) vers une Syrie indépendante, souveraine (…) avec une nouvelle Constitution, un nouveau gouvernement au service de tous les Syriens ».
19h10 : Bachar el-Assad va devoir « rendre des comptes », estime Joe Biden
Il devra « rendre des comptes » pour les « centaines de milliers de Syriens innocents » ayant été « maltraités, torturés, et tués », considère le président américain, qui quittera le pouvoir en janvier. « Nous ne sommes pas sûrs d’où il est, mais il se dit qu’il est à Moscou », ajoute M. Biden dans son allocution prononcée depuis la Maison Blanche, tandis que les agences d’État russes assurent que le président déchu se trouve désormais avec sa famille dans la capitale russe.
18h55 : « Enfin, le régime el-Assad est tombé », lance le président américain Joe Biden
Le président des États-Unis salue, dans une allocution, la chute du pouvoir de Bachar el-Assad, qui représente selon M. Biden une « opportunité historique ». « Enfin, le régime el-Assad est tombé », déclare-t-il depuis la Maison Blanche, évoquant « un acte fondamental de justice » et une « opportunité historique » pour les Syriens en vue de « construire un meilleur avenir », tout en avertissant contre « les risques et l’incertitude » qui découlent de la situation.
18h55 : « Je suis ému pour mon frère, j’aurais espéré qu’il soit là aussi pour voir tout ça »
Soulagement et beaucoup d’émotions pour Obeida Dababagh, un Franco-Syrien dont le frère et deux neveux sont morts après avoir été arrêtés par le régime en 2013. Il se confie sur RFI.
« Je suis content pour tous ces Syriens, pour les 500 000 Syriens qui sont morts dans les geôles, les 12 millions de déplacés, le pays détruit, maintenant failli… Je plains ceux qui vont prendre le relai pour essayer de remettre à pied la Syrie. »
In RFI