L’ouragan Ian a ravagé mardi l’ouest de Cuba sans faire de victimes mais laissant derrière lui d’innombrables scènes de désolation, avant de mettre le cap vers la Floride, où habitants et autorités étaient en alerte face à un phénomène « extrêmement dangereux ».
Ian, qui a touché terre aux premières heures du matin dans la province de Pinar del Rio, à l’ouest de Cuba, se trouvait mardi après-midi à 375 kilomètres de Sarasota, en Floride, et avançait, avec des vents soutenus de 195 km/h, à une vitesse de 17 km/h.
Aucune victime n’est pour l’heure à déplorer, selon les autorités cubaines, mais les vents violents et les pluies intenses persistaient dans l’ouest de l’île où l’ouragan a semé la désolation dans plusieurs localités, ont constaté des journalistes de l’AFP. Sur la route de San Juan y Martinez, à 190 km de La Havane, la province de Pinar del Rio, où se trouvent la plupart des plantations de tabac du pays, a été durement touchée. Les cultures ont été inondées, des arbres déracinés et des fils électriques jonchaient le sol.
L’opérateur électrique national Union Eléctrica a par ailleurs déclaré une coupure généralisée de courant sur l’ensemble de l’île
La Floride, État américain, ne se trouve qu’à quelques encablures, sur la trajectoire de l’ouragan. Le Centre national des ouragans (NHC) américain a prévenu dans son bulletin de 21h (TU) que l’ouragan, de catégorie 3, allait s’approcher de la côte ouest de la Floride comme un « ouragan intense extrêmement dangereux ».
État d’urgence en Floride
Dans les jardins publics de Miami, où s’est rendu notre correspondant David Thomson, la mairie a laissé des tas de sable en libre-service, les habitants viennent ici remplir des sacs pour se protéger des inondations qui risquent d’accompagner Ian. Torse nu avec sa pelle, Aron, la trentaine, remplit frénétiquement ses sacs. L’ouragan majeur n’est pas encore arrivé mais il pleut sans discontinuer depuis deux jours et déjà l’eau commence à monter devant sa maison située en bord de mer. « Mon allée commence à être inondée, donc j’essaye d’empêcher l’eau de rentrer dans mon garage. »
À ses côtés, Freddie vient lui aussi remplir des sacs de sable, mais pour sa grand-mère. Elle commence à s’inquiéter car la trajectoire de l’ouragan est incertaine. « Quand je lui ai proposé mon aide hier, elle a dit non. Et aujourd’hui, elle change d’avis ! L’ouragan se déplace un peu vers l’est, donc ça va être pire que prévu ici », explique-t-il.
Freddie est suffisamment âgé pour se souvenir de l’ouragan Andrew qui avait dévasté Miami en 1992, alors il prend la menace au sérieux.
« L’ouragan Andrew avait tout simplement détruit le sud de Miami. C’était un ouragan de catégorie 5. Va y avoir beaucoup d’eau, beaucoup d’inondations, j’espère juste que les toits ne vont pas s’envoler. »
L’état d’urgence a été décrété dans toute la Floride et les autorités multipliaient les préparatifs. Et la consigne du gouverneur de Floride est simple : ne paniquez pas mais préparez-vous au maximum. « Dans certaines zones, il y aura des inondations catastrophiques et des vagues de tempête mortelles », a prévenu le gouverneur Ron DeSantis. Il a demandé aux habitants de faire des provisions et se préparer à des coupures de courant, tout en mobilisant 7000 membres de la Garde nationale.
Le président américain Joe Biden a pour sa part approuvé une aide d’urgence fédérale pour 24 des 67 comtés de Floride : « La Floride se prépare maintenant à l’arrivée de l’ouragan. Les prévisions peuvent changer mais pour l’instant les experts disent que ce sera un ouragan très violent, potentiellement mortel et aux effets dévastateurs. Donc je veux envoyer deux messages très clairs. D’abord, mon administration est en alerte et agit pour aider les gens en Floride. J’ai approuvé la demande d’aide d’urgence de la Floride dès que l’ai reçue de la part du gouverneur et j’ai demandé à mon équipe de renforcer l’aide sur place avant que la tempête frappe. La deuxième chose que je voudrais dire, c’est que les citoyens des zones potentiellement touchées doivent obéir aux instructions des responsables locaux. Evacuez quand on vous l’ordonne. Et soyez préparés à l’arrivée de la tempête. Votre sécurité est plus importante que tout. Je sais que tous ceux qui subissent les effets de cette tempête sont dans nos cœurs et nous serons avec vous à chaque étape. Nous ne vous laisserons pas. »
M. B.