Aux États-Unis, quatre membres de la milice d’extrême droite Proud Boys, dont leur ancien chef, ont été condamnés pour sédition, un chef d’inculpation très rare passible de 20 ans de prison, pour leur rôle dans l’assaut du Capitole de Washington le 6 janvier 2021.
C’était l’un des procès les plus emblématiques du 6 janvier contre l’une des milices trumpistes les plus célèbres des États-Unis. Au moment de l’énoncé du verdict, l’ancien chef des Proud Boys, Enrique Tarrio, est resté impassible. Lui n’était pourtant pas présent le jour de l’attaque du Capitole, il avait été arrêté dans une autre affaire, mais la veille dans un parking sous terrain de Washington, il avait rencontré le chef d’une autre milice d’extrême droite, les Oath Keepers, pour préparer la manifestation.
C’est cette réunion qui leur vaut d’être condamnés pour sédition, un chef d’inculpation extrêmement rare utilisé contre les rebelles confédérés pendant la guerre de Sécession.
« Notre travail va continuer »
En plus d’Enrique Tarrio, quatre autres membres des Proud Boys ont été condamnés. Ils étaient en première ligne durant l’envahissement du temple de la démocratie américaine. L’un d’eux apparait dans l’une des vidéos les plus virales et violentes du 6 janvier, explosant une vitre du bâtiment avec un bouclier de police.
Quatre de ces cinq inculpés sont également condamnés pour conspiration visant à empêcher la certification des élections ; ils encourent jusqu’à cinquante années de prison.
Le ministre de la Justice s’est immédiatement félicité de ces condamnations. « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir, a dit Merrick Garland, pour défendre la démocratie, et notre travail va continuer », alors qu’un procureur spécial enquête toujours sur le rôle de Donald Trump dans l’assaut du Capitole.
► Décryptage
L’accusation de sédition est très grave. « La sédition, c’est vouloir faire tomber le gouvernement américain. C’est rare et c’est grave. » Pour que la justice parvienne à tel verdict, il fallait un dossier en béton. « … Le département de la Justice a été très prudent, ils avaient les preuves nécessaires, parce qu’il y a évidemment une coloration politique, donc il faut que ce soit vraiment en béton pour montrer que ce n’est pas une réponse politique, que c’est vraiment criminel. Pour l’Américain moyen, le vrai patriote qui veut protéger l’intégrité du gouvernement et de l’État américain, c’est une bonne nouvelle, et ça ne peut que renforcer l’autorité et la cote de Joe Biden. »
Mais, selon le chercheur, cela ça complique les choses pour Donald Trump, « parce que c’était quand même eux qui estimaient qu’ils étaient en train d’agir sur ordre du président. Je vois déjà les publicités politiques qui attaquent Donald Trump, qui vont mettre à côté les aveux de ces personnes et quelques propos insensés de Donald Trump, qui touchent aussi la question de la sédition. C’est une mine d’or pour les stratèges politiques ».
D. T.