En RDC, l’heure est au bilan après la visite de deux jours du chef de la diplomatie américaine. Antony Blinken a écouté ce mercredi les plaidoyers des acteurs de la société civile. Il a réitéré la disponibilité de son pays à accompagner leur combat.
Antony Blinken a achevé son séjour congolais. À Kinshasa, il a échangé avec le président Félix Tshisekedi, le Premier ministre Sama Lukonde, le ministre des Affaires étrangères et d’autres personnalités politiques et de la société civile. Le pouvoir de Kinshasa tire un bilan positif de cette visite pour laquelle il attendait beaucoup, particulièrement sur le plan sécuritaire et environnemental.
Les autorités congolaises sont particulièrement satisfaites des propos sans ambiguïté tenus à Kinshasa par le secrétaire d’État américain concernant la nécessité de respecter l’intégrité territoriale de la RDC ainsi que la condamnation de tout appui aux groupes armés dont le M23. On se réjouit également du fait qu’Antony Blinken ait accepté de transmettre le message de protestation de Kinshasa à Paul Kagame. Sur cette question, le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, nuance en ajoutant que son gouvernement ne sera entièrement satisfait qu’après que le M23 a quitté Bunagana, ville occupée depuis près de deux mois.
Congolais et Américains ont également évoqué la coopération militaire. Les États-Unis ont conditionné une nouvelle fois le renforcement de ce partenariat par l’obligation pour Kinshasa d’écarter de l’armée les officiers dont les noms se trouvent sur différentes listes de sanctions internationales.
L’autre point de satisfaction côté congolais, c’est le fait que les États-Unis se soient montrés moins hostiles à la mise aux enchères des blocs pétroliers et gaziers dont certains sont situés sur des zones abritant les tourbières. La RDC reste ouverte et attend des propositions concrètes de la part des pays pollueurs, dont les États-Unis, pour préserver les forêts du bassin du Congo, considéré comme le poumon de la planète. Sur cette question, le fait que les deux parties décident de la mise sur pied d’un groupe de travail pour continuer les discussions a été perçu par Kinshasa comme un bon signe.
La société civile note « une volonté », attend des actes
Il y a également eu ce mercredi au moins une heure d’échange entre Antony Blinken et les délégués de la société civile, triés sur le volet, dont le prix Nobel de la Paix Denis Mukwege et l’activiste Julienne Lusenge. Un accent particulier a été mis sur les cycles de conflit dans l’est de la RDC et leurs dimensions régionales. Tous ont reconnu que ce problème ne bénéficie pas de l’attention qu’il mérite auprès de la communauté internationale. Certains ont même demandé la nomination d’un envoyé spécial des États-Unis pour la région des Grands Lacs, soulignant que « par le passé, ce dispositif avait contribué à l’atténuation des conflits ». D’autres ont insisté sur la fermeté que l’administration Biden devrait avoir vis-à-vis de Paul Kagame au sujet des accusations d’appui au M23.
Aucun engagement concret n’a été pris par le secrétaire d’État américain. Cependant, il a exprimé la détermination de l’administration « à agir davantage et à mettre la pression sur les acteurs liés aux conflits dans la partie orientale de la RDC ». « Nous avons senti en lui la volonté de faire quelque chose, mais nous sommes sortis de la réunion sans savoir ce que les États-Unis vont concrètement faire », a confié un membre de la société civile qui a participé aux échanges.
D’autres activistes ont également insisté auprès d’Antony Blinken pour qu’il plaide en faveur de la libération des militants des mouvements citoyens incarcérés.
P. L.