Les bombardements israéliens sont incessants sur Rafah. Cette ville du sud de la bande de Gaza est devenue l’épicentre de la guerre, un million de personnes l’ont fuie depuis début mai et le lancement de l’offensive terrestre israélienne. C’est un désastre humanitaire dans cette région qualifiée « d’enfer sur terre », par l’ONU. Tous les hôpitaux de Rafah ont fermé, assurent les Gazaouis.
Longtemps, Salma a été réfugiée dans l’hôpital Koweïtien de Rafah. « Dans la bande de Gaza, si vous trouvez une place dans l’enceinte d’un hôpital, vous vous y installez pour y vivre », témoigne la jeune femme à notre correspondant à Jérusalem. « Nous avons espoir que les hôpitaux soient épargnés par les frappes », poursuit-elle.
« On a pourtant dû quitter l’hôpital Koweïtien il y a quelques jours, car il a été bombardé. On est partis pour l’autre hôpital de Rafah, l’hôpital Émirati. On s’est dit qu’il était dans une zone relativement sûre, car loin des combats. Mais ça a été une mauvaise surprise, car tout le périmètre de cet hôpital a également été bombardé. Et aujourd’hui, des bombes sont tombées à l’entrée de cet hôpital. Les soignants sont tous partis ». « Et les deux hôpitaux ont donc fermé », assure Salma.
Un calvaire pas près de finir…
« Désormais, tous les hôpitaux de Rafah sont hors service. Le Koweïtien, l’Émirati, l’Indonésien. Il reste uniquement des hôpitaux de campagne. Et nous, on est dans le dénuement, sans-abri… On ne trouve refuge nulle part dans la région de Rafah. »
Et le calvaire n’est pas près de finir. Le conseiller à la sécurité nationale israélien affirme que la guerre pourrait se poursuivre « encore sept mois », afin d’atteindre l’objectif de détruire le Hamas au pouvoir à Gaza. Mercredi, l’armée israélienne a affirmé avoir pris le contrôle d’une zone tampon stratégique entre la bande de Gaza et l’Égypte située à proximité de Rafah.
Les négociations reportées
Parmi les conséquences de cette escalade à Rafah, le report de nouvelles négociations prévues cette semaine pour discuter d’un cessez-le-feu et de la libération d’otages israéliens. En fin de semaine dernière, c’est à Paris que se sont retrouvés le chef des renseignements israéliens, son homologue américain de la CIA et le Premier ministre du Qatar. Le Qatar, pays médiateur, en contact direct avec le Hamas palestinien dont le bureau politique est hébergé à Doha. Cette rencontre dans la capitale française devait permettre d’entamer de nouvelles négociations cette semaine au Qatar pour un cessez-le-feu et pour la libération des otages israéliens et de détenus palestiniens. Mais le lourd bilan des bombardements israéliens à Rafah est venu tout interrompre : pour le Hamas, hors de question de mener des pourparlers en pleine escalade. Ce n’est pas la première fois qu’un pic de violence dans la guerre à Gaza paralyse le processus de négociation, déjà extrêmement fragile et incertain. Par ailleurs, il reste un obstacle de taille sur le chemin d’un accord : pour le Hamas, ces discussions doivent déboucher sur la fin de la guerre à Gaza, ce sur quoi Israël refuse pour l’heure de s’engager.
S. B.