vendredi 22 novembre 2024
Accueil > A la UNE > Batna : le massacre de Benkermiche à Hidoussa, un crime attestant de la barbarie du colonisateur

Batna : le massacre de Benkermiche à Hidoussa, un crime attestant de la barbarie du colonisateur

Les témoins encore en vie du massacre de la grotte Benkermiche de la localité de R’haouat dans la commune de Hidoussa (Batna), perpétré le 6 avril 1959 par l’armée d’occupation française, affirment que ce fut un des plus horribles crimes qui attestent de la barbarie du colonisateur.

Les témoignages recueillis par l’APS s’accordent à affirmer que près de 60 chouhada dont la majorité des blessés et des malades qui recevaient des soins en ce lieu servant d’infirmerie à l’Armée de libération nationale, étaient morts asphyxiés et brûlés par des gaz toxiques.

Compagnon du chahid Ali Nemeur, Belkacem Kherchouche, actuellement secrétaire de la Kasma des moudjahidine à Merouana, s’est dit bien se souvenir en dépit de ces 92 ans, qu’après le départ des soldats français qui avaient encerclé le lieu pendant trois jours, il fut quasiment impossible pour les moudjahidine de s’approcher de l’entrée de la grotte du fait de l’odeur des gaz.

Nul ne put entrer dans la grotte qu’après une semaine du massacre, ajoute ce moudjahid qui assure ce que l’on a vu à l’intérieur était un horrible carnage : les victimes brûlées vives originaires de différentes régions étaient des masses de chair inidentifiables.

Les cadavres d’une vingtaine de chouhada ont pu être retirés et enterrés (avant le transfert de leurs restes après l’indépendance vers le cimetière des martyrs de Merouana) et les autres victimes se trouvent toujours dans les entrailles de cette grotte où il était alors impossible de pénétrer, a ajouté le même témoin.

L’arrestation d’un Fidaï a conduit à la découverte de Ghar Benkermiche

L’arrestation d’un Fidaï au troisième jour de la bataille de Sour au village de Nafla à Hidoussa qui avait duré du 4 au 6 avril 1959 entrainant la mort de près de 100 chouhada civils avait conduit, assure le moudjahid Djemaï Abidri alias Abderrahmane (86 ans), à la découverte du refuge de Ghar Benkermiche.

Dans l’après-midi de la même journée, des forces françaises avaient encerclé ce lieu avec des vols intenses de reconnaissance pour empêcher tout retrait possible, a ajouté le même témoin.

Cette grotte se trouve sur un escarpement difficile à atteindre par un avion et cela a amené l’ennemi à recourir à un char qui a lancé trois obus chargés de gaz toxique brulant, détruisant l’entrée de la grotte et exterminant tous ceux qui étaient à l’intérieur dont Brahim Anoune, responsable de ce refuge, son frère, son fils et le gardien de la grotte, a précisé Abidri.

Le carnage de Ghar Benkermiche qui a prolongé la bataille de Sour, a été commis de la même manière barbare que le massacre commis deux semaines auparavant le 23 mars 1959 dans la grotte Ghar Ouchettouh près du village Terchiouine à Taxlent (Batna) où 118 personnes furent gazées, a encore souligné Abidri qui a relevé que la seule différence réside dans le nombre de victimes.

Les deux crimes de Sour et de Ghar Benkermiche constituaient des représailles contre la population de la région de Hidoussa qui offrait plusieurs refuges sûrs et points de repos et d’approvisionnement aux moudjahidine empruntant ce passage stratégique reliant les monts d’Ouled Soltane, Guetiane et Boutaleb aux monts des Aurès orientaux, a estimé le même témoin.

La grotte Benkermiche sur le mont Arfa de la chaine montagneuse Chelaâlaâ était d’abord un centre d’approvisionnement et de repos des moudjahidine supervisé par la famille Anoune avant d’être transformé en une infirmerie après l’aménagement de petites chambres en bois par les deux chouhada Moukhtache Mohamed et El Messaoud, ont affirmé de leurs côté Hamdane Touile dit Djemaï et Amar Aboubou âgés tous les deux de 82 ans.

Selon plusieurs témoignages, cette grotte avait servi de refuge aux habitants de la région durant les évènements de 1871 et 1916 avant d’être élu par l’ALN comme centre de repos aux moudjahidine puis d’infirmerie pour les blessés qui constitue désormais un témoin de la barbarie de l’armée d’occupation française et des sacrifices du peuple algérien durant son combat pour arracher l’indépendance.

APS