Le président américain Joe Biden et son homologue français Emmanuel Macron ont affiché ce jeudi 1er décembre la solidité de l’alliance qui unit les États-Unis et la France, malgré les tensions sur la politique industrielle américaine jugée « super agressive » par Paris.
« Les États-Unis ne pourraient pas demander de meilleur partenaire avec qui travailler que la France », a affirmé Joe Biden depuis les jardins de la Maison Blanche en précisant que l’alliance avec la France demeurait « essentielle ». « Notre destin commun est de répondre ensemble » aux défis du monde, lui a répondu Emmanuel Macron. « Nos deux nations sont sœurs dans leur combat pour la liberté », a-t-il assuré, appelant à ce que la France et les États-Unis redeviennent « frères d’armes ».
Emmanuel Macron et son épouse Brigitte ont été reçus en grande pompe lors de cette visite d’État, soigneusement calibrée pour afficher la bonne entente. Le chef d’État français est le premier à qui le président américain réserve un tel traitement depuis son investiture en janvier 2021. Joe Biden se fait fort, après le mandat de Donald Trump, de resserrer les liens avec les partenaires traditionnels des États-Unis.
Les États-Unis et la France alliés pour soutenir l’Ukraine
Joe Biden et Emmanuel Macron se sont engagés d’une même voix à soutenir l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra ». « Nous resterons unis pour s’opposer à la brutalité » de la Russie en Ukraine, a affirmé le président américain lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue français, qui a lancé : « On veut réussir ensemble, pas l’un contre l’autre ». Les présidents américain et français se sont engagés à fournir à l’Ukraine « une aide politique, sécuritaire, humanitaire et économique aussi longtemps qu’il le faudra », y compris en renforçant la défense anti-aérienne de ce pays, selon un communiqué conjoint publié à l’issue d’une rencontre de plus d’une heure dans le Bureau ovale à la Maison Blanche.
Les deux dirigeants ont également déclaré vouloir « coordonner » leur réponse vis-à-vis de la Chine, notamment en matière de droits humains. Ils ont aussi exprimé leur volonté de travailler « avec la Chine sur des sujets mondiaux d’importance, comme le changement climatique ».
La crise des sous-marins toujours dans les esprits
Une bonne entente affichée donc entre Joe Biden et Emmanuel Macron. Pourtant leur relation n’avaient pas très bien commencé. En septembre 2021, les États-Unis avaient annoncé une spectaculaire nouvelle alliance militaire avec le Royaume-Uni et l’Australie, soufflant à la France un énorme contrat de sous-marins. Joe Biden, sans revenir sur le fond de la décision, avait reconnu une « maladresse » et a depuis tout fait pour apaiser Emmanuel Macron. Un processus qui, selon les analystes, culmine dans cet accueil solennel à Washington.
D’autres différends devraient être évoqués pendant cette visite. Emmanuel Macron a ainsi déploré le mercredi 30 novembre sur un ton particulièrement offensif les décisions économiques « super agressives » pour les entreprises européennes de son homologue américain. Le président américain a en particulier fait voter un gigantesque programme d’investissements, le « Inflation Reduction Act » (« Loi sur la réduction de l’inflation »), qui prévoit de subventionner les voitures électriques tant qu’elles sont « Made in USA. » Cela dans l’objectif de redynamiser son industrie et rassurer une classe moyenne ébranlée par la mondialisation, tout en tenant tête à Pékin.
« Vous allez peut-être régler votre problème, mais vous allez aggraver le mien », a déclaré Emmanuel Macron à des parlementaires américains, en insistant sur la nécessité pour la France aussi de soutenir la classe moyenne et l’emploi. Ces choix « vont fragmenter l’Occident », a-t-il ensuite martelé devant la communauté française. Ils « ne peuvent fonctionner que s’il y a une coordination entre nous, si on se décide ensemble, si on se resynchronise », a-t-il ajouté.
Diplomatie et gala
Après cette charge, Emmanuel et Brigitte Macron sont allés dîner avec Joe et Jill Biden dans un restaurant de fruits de mer sur les rives du Potomac, pour un moment à la fois privé et « politique », selon un conseiller de l’Élysée. « On n’est pas venus à Washington pour célébrer l’alliance », cela « c’est acquis », il faut parler des « vrais sujets », a-t-il plaidé.
Au-delà de ces discussions, les deux dirigeants voudront certainement afficher leur entente sur la réponse à apporter à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. « Nous devons ensemble tramer les nouveaux équilibres du monde pour faire advenir la paix, construire un partenariat renouvelé et plus équitable avec le Sud », a estimé Emmanuel Macron. Ces graves questions seront laissées momentanément de côté pendant un dîner de gala qui aura lieu ce jeudi soir.
M. B.