Le président brésilien Jair Bolsonaro a quitté le Brésil vendredi pour les États-Unis, deux jours avant la fin de son mandat et l’intronisation de son successeur Luiz Inácio Lula da Silva à Brasilia, ont rapporté plusieurs médias. La figure d’extrême-droite avait déjà indiqué à plusieurs reprises qu’il pourrait ne pas être présent pour la passation de pouvoirs.
Il ne devrait donc pas être présent dimanche 1er janvier aux cérémonies d’intronisation du nouveau président de gauche, son rival Lula, auquel il était censé passer l’écharpe présidentielle selon le protocole.
Interrogée par l’AFP, la présidence n’a pas souhaité confirmer ces informations. Le vice-président Hamilton Mourão assure l’intérim de la présidence et fera une allocution samedi 31 décembre au soir, a annoncé la radio nationale RNR.
Très silencieux depuis sa défaite à la présidentielle, Jair Bolsonaro s’est adressé à ses partisans sur les réseaux sociaux avant son départ. Il a notamment condamné une tentative d’attentat déjouée avant Noël. L’auteur de cette tentative, l’un de ses partisans avait d’abord reconnu avoir été inspiré du président d’extrême-droite, avant de retirer ses références à ce dernier.
Membre d’un campement pro-Bolsonaro, il avait installé un dispositif explosif dans un camion-citerne à proximité de l’aéroport de Brasilia. Le but : « semer le chaos » et obtenir une intervention militaire.
Rien ne peut justifier ici à Brasilia cette tentative d’attentat terroriste aux abords de l’aéroport, rien ne le justifie. On ne peut pas penser que le 1er janvier est la fin du monde ! Ce n’est pas une question de tout ou rien, non ! Ce n’est pas une affaire de tout ou rien ! Il faut faire preuve d’intelligence, montrer que nous sommes différents des gens de l’autre camp. Nous respectons les lois et la constitution, dieu, patrie et famille. Ce sont des choses qui existent pour toujours. Le Brésil ne va pas faire naufrage. Croyez-en vous-mêmes ! On peut perdre des batailles, mais nous n’allons pas perdre la guerre.
Départ vers Mar-o-Lago, chez Donald Trump ?
Sans mentionner un départ sur les réseaux, Jair Bolsonaro a embarqué à bord d’un avion de la force aérienne vers 14h (17h TU), ont indiqué les médias O Globo, CNN Brasil, Estadão et le site d’information UOL.
« Je suis en vol, je reviens bientôt », a dit le chef d’État d’extrême droite à la chaîne CNN Brasil. Si Jair Bolsonaro n’a pas indiqué où il se rendait, ses services de sécurité se trouvent déjà en Floride, aux États-Unis. Une destination confirmée par le quotidien américain Washington Post.
Selon des médias brésiliens, il ferait un séjour à Mar-o-Lago, dans la propriété de l’ex-président américain Donald Trump, dont il est proche.
Hautes tensions chez les campements de Bolsonaristes devant l’armée
Depuis plus de soixante jours, les électeurs déçus de Jair Bolsonaro contestent encore sa défaite à la présidentielle face à la figure de gauche Luis Inácio Lula da Silva. Ils campent inlassablement devant les quartiers généraux de l’armée dans les grandes villes du Brésil pour réclamer une intervention militaire qui empêcherait l’arrivée au pouvoir du candidat du Parti des Travailleurs (PT).
À la veille de l’investiture à Brasilia, d’une atmosphère très tendue règne chez les Bolsonaristes, rapporte notre envoyée spéciale à Brasilia, Sarah Cozzolino.
Jeudi 29 décembre policiers et militaires ont tenté de démanteler une partie du campement, sans succès. Ils ont été reçus par des jets de pierre et ont dû renoncer à l’opération. Sur place, personne n’accepte de parler à la presse mais les discours sont clairs :
« Renoncer n’est pas une option, affirme sur une petite scène une femme blonde quadragénaire, enveloppée dans un drapeau du Brésil. Nous allons libérez cette patrie » crie-t-elle à une centaine de personnes qui l’écoutent. « Nous allons mourir pour le Brésil », répond le public.
Comme l’auteur de la tentative d’attentat à Brasilia, lui aussi membre d’un campement, certains militants disent qu’ils sont prêts à lutter « jusqu’au bout », car ils refusent toujours de penser que l’investiture de Lula aura lieu.
Mais très vite, le micro de RFI est repéré et l’équipe est expulsée manu militari. Les militants demandent s’il s’agit de journalistes, de personnes gauche, français, envoyées par le président français Emmanuel Macron. En moins de deux minutes, la foule désigne les journalistes de RFI comme des agents du gouvernement français infiltrés dans leurs rangs pour faire capoter le mouvement. L’atmosphère se tend et les militant les expulsent violemment.
In RFI