vendredi 22 novembre 2024
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Brésil : la foule envahit Brasilia, Lula investi à la présidence pour un troisième mandat

Plusieurs dizaines de milliers de sympathisants de Lula vêtus de rouge ont envahi ce dimanche 1er janvier à la mi-journée le centre de Brasilia, quelques heures avant que le chef historique de la gauche ne soit proclamé président du Brésil pour la troisième fois. Le président brésilien réélu s’est offert un bain de foule, parmi ses partisans, avant de prêter serment devant le Parlement. Dans son discours, Lula s’est engagé « à reconstruire le pays, avec le peuple brésilien ».

La cérémonie d’investiture de Lula a débuté par une minute de silence en hommage à la légende brésilienne du football, Pelé, et au pape émérite Benoît XVI. Avant que l’hymne brésilien ne retentisse dans l’enceinte du Congrès, à Brasilia.

Le président brésilien a signé le registre avec un stylo ayant une valeur sentimentale. Ce stylo lui a été donné par l’un de ses partisans dans un meeting en 1989 à Piauí, longtemps avant son accession au pouvoir, pour qu’il puisse signer le jour de son investiture. Lors de son élection en 2002 et puis en 2006, il n’avait pas le stylo avec lui. Là, il l’a retrouvé et l’a préféré au stylo mis à sa disposition par le Congrès, « en hommage au peuple de Piauí », a-t-il.

« Reconstruire le pays, avec le peuple brésilien »

À 77 ans, Luiz Inacio Lula da Silva a été proclamé pour la troisième fois président du grand pays émergent de 215 millions d’habitants, douze ans après avoir quitté le pouvoir à l’issue de deux mandats (2003-2010). Dans son discours, Lula a largement critiqué le mandat de l’ex-président Jair Bolsonaro, sans jamais le citer.

Le nouveau président brésilien a aussi largement évoqué dans son discours la reconquête des droits sociaux et des libertés, qui pour lui ont été bafoués lors de la présidence de son prédécesseur d’extrême droite. Le président a ainsi critiqué la diffusion de fausses nouvelles, l’utilisation de la machine publique à des fins électorales, et le démantèlement dans plusieurs domaines : la santé, l’éducation, la science et l’environnement.

Il s’est engagé « à reconstruire le pays, avec le peuple brésilien » dans un discours au ton ferme. « Nous ne portons aucun esprit de revanche contre ceux qui ont tenté d’assujettir la nation à leurs desseins personnels et idéologiques, mais nous allons garantir l’État de droit », a-t-il assuré.

Il a aussi axé ce discours d’investiture sur le combat pour l’environnement. « Nous allons pouvoir vivre sans abattre des arbres, sans brûler », des forêts, a-t-il déclaré, rappelant son objectif de « déforestation zéro en Amazonie ».

Lutte contre les inégalités

Lula a prononcé un deuxième discours très porté sur les inégalités sociales devant la foule.  Lula s’est engagé à combattre toutes les formes d’inégalités sociales. Il a appelé à s’engager à combattre toutes les formes d’inégalités sociales. Il a appelé à une mobilisation générale contre les inégalités qui sont parmi les pires dans le monde, où 5 % des plus riches Brésiliens gagnent autant que le reste de la population.

Lula a insisté : il n’y aura pas de citoyens de seconde classe sous son gouvernement. Il a également appelé à la réconciliation, après les années Bolsonaro. Il a dit : « Assez de haine, assez de divisions au sein de la société ». Il a répété qu’il n’y avait pas deux Brésil, mais qu’il faut unir le pays.

L’autre temps fort de la journée, c’était la passation de pouvoir. Un petit groupe de dix Brésiliens représentant de la diversité de la société brésilienne ont mis symboliquement l’écharpe présidentielle à Lula. Parmi les dix Brésiliens représentant cette diversité, il y avait le cacique Raoni, il y avait un petit garçon noir de 10 ans, une cuisinière, un ouvrier.

Soleil de plomb

Jusqu’à 300 000 personnes étaient attendues pour cette journée devant allier la pompe, avec des cérémonies réglées au millimètre auxquelles doivent assister 17 chefs d’État, et une fête populaire avec des concerts.

À 15 heures, heure locale (18 h TU), les électeurs de Lula commençaient à s’impatienter. Cela fait quatre ans qu’ils attendaient de tourner la page du gouvernement de Jair Bolsonaro. Une marée rouge et blanche aux couleurs du Parti des travailleurs (PT), devant le palais présidentiel, a scruté cette cérémonie officielle sur grand écran depuis la pelouse de la place des Trois Pouvoirs.

La plupart avaient fait plusieurs jours de route pour arriver. Ils s’étaient levés aux aurores pour assister à ce moment historique. Épuisés, certains militants de gauche ont commencé à critiquer l’organisation. Ils n’étaient plus trop inquiets quant à la sécurité de l’événement, mais se demandaient combien de temps ils allaient tenir dans ces conditions.

« Olé, olé, olà, Lula, Lula », et  « A esplanada é nossa! » (« l’esplanade est à nous »), criait une foule joyeuse, en référence à l’Esplanade des ministères, au cœur de Brasilia.

Jair Bolsonaro aux États-Unis

Reclus et quasi muet depuis sa défaite d’octobre, Jair Bolsonaro, qui perd son immunité présidentielle, a quitté le Brésil vendredi pour la Floride, au sud des États-Unis. Alors que ses fidèles les plus radicaux veulent empêcher l’accession de Lula au pouvoir et campent toujours devant des casernes du pays, réclamant une intervention militaire, la sécurité a été renforcée.

Toutes les forces de police du district de Brasilia, quelque 8 000 agents, sont mobilisées, ainsi qu’un millier de policiers fédéraux. Le nombre de personnes pouvant assister au discours de Lula devant le palais de Planalto a été limité à 30 000 personnes.

Des patrouilles ont lieu à l’aéroport de Brasilia près duquel un engin explosif a été découvert il y a une semaine dans un camion-citerne, posé par un bolsonariste qui voulait  « créer le chaos »  au Brésil.

M. B.