jeudi 17 octobre 2024
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Revue de presse française / À la Une : l’affaire Lola tourne à la polémique politique

C’est d’abord un horrible fait divers : Lola, une adolescente de 12 ans violentée, torturée et tuée vendredi dernier à Paris et dont le corps est retrouvé ensuite dans une malle en plastique. Rapidement, une suspecte est arrêtée : une femme de 24 ans de nationalité algérienne, avec un profil psychologique trouble, qui faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire depuis le 22 août dernier.

C’est là que le politique entre en jeu… Hier, pointe Le Monde, « les Républicains et le Rassemblement national ont mis le fait divers au menu des questions au gouvernement. (…) les députés Eric Pauget (LR) et Marine Le Pen (RN) ont renvoyé l’exécutif à son impuissance dans la lutte contre l’immigration illégale, dont l’extrême droite fait son miel depuis des années. »

Eric Pauget, relate Le Parisien, « a accusé très durement le gouvernement : ‘le défaut d’exécution de la décision de justice de quitter le territoire rend le ministère de la Justice responsable de ce drame’, a pointé le parlementaire pour qui la place des ‘bourreaux’ est ‘dans l’avion ou en prison’. »

« Une honte ! »

Aussitôt, bronca dans les rangs de la majorité présidentielle et de la gauche. « Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, d’abord sous les huées de l’extrême droite, puis dans un silence de mort, a renoué avec ses envolées de ténor du barreau, raconte Le Monde. Morigénant le député – ‘Se servir du cercueil d’une gamine de 12 ans comme on se sert d’un marchepied, c’est une honte !’ –, puis, regardant vers les bancs de l’extrême droite – ‘Ne rajoutez pas à l’atrocité la plus absolue le commerce indigne de la démagogie’ –, il a fini sous l’ovation de la majorité et de la gauche. »

Commentaire de Libération : « Dupond-Moretti a eu les mots justes. (…) Les clivages devraient en pareille circonstance être mis en sourdine. Cela n’est visiblement pas l’intention de l’extrême droite et d’une partie de la droite, décidées à jouer les charognards. »

« Il y a les profiteurs de guerre. Il y a les profiteurs de malheurs », dénonce pour sa part Le Parisien.

« L’indécente récupération », fulmine en Une L’Ardennais.

« Une fillette et des vautours », tempête Sud-Ouest. « Le calvaire de Lola ne s’arrête pas là, pointe le journal. La voici transformée en enjeu électoral, de la part de responsables politiques qui ont choisi de jeter le mot de décence aux orties. »

« À l’État de faire respecter les règles… »

Le Figaro fait entendre sa différence : « le recueillement n’interdit pas le débat, affirme le journal. L’indignation n’est pas nécessairement synonyme d’instrumentalisation. D’un côté, il y a l’insondable mystère des comportements individuels. Imprévisibles, c’est entendu. Mais, de l’autre, il y a les règles qui régissent, garantissent et protègent notre vie en société. À l’État de les faire respecter. Ce qu’il fait de moins en moins sur le front régalien, estime Le Figaro. Les expulsions d’étrangers en situation irrégulière sont effectuées au compte-goutte. (…) Pour Lola, rien ne réparera l’irréparable. Mais, au nom de cette adolescente et pour toutes celles qui ont l’avenir devant elles, l’État doit être mis en demeure de corriger ses fautes. »

Manifs d’hier : coup dans l’eau ou coup de semonce ?

A la Une également : les manifestations d’hier pour les salaires… « Faible mobilisation » pour Les Echos pour qui « il faut en finir avec une dynamique mortifère. Aucun pays n’est aussi distributif au monde, assure le quotidien économique, nous avons l’inflation la moins forte d’Europe et nous sommes les premiers à nous mettre en grève. En sciant la branche sur laquelle nous sommes assis. »

Autre analyse pour Libération : « cette journée de mobilisation au succès relatif a confirmé la grogne qui règne dans le pays, mais aussi que l’inquiétude des Français ne s’est pas encore transformée en colère susceptible de mettre de nombreux secteurs à l’arrêt et des millions de personnes dans la rue. Emmanuel Macron et Elisabeth Borne auraient néanmoins tort de penser que le plus dur est derrière eux. » Libération qui s’appuie notamment sur un sondage Viavoice selon lequel « 8 Français sur 10 pensent qu’il y aura des ‘mouvements sociaux d’ampleur dans la rue cet hiver’ à cause de ‘l’inflation, la hausse du coût de la vie et de l’énergie’. »

F. C.