Le populaire chanteur belge nous a quittés ce samedi. Le chanteur serait mort des suites d’un cancer du pancréas à son domicile de Court-Saint-Etienne, a précisé le journal la Dernière Heure. Revenons sur sa carrière faite de tubes indémodables, mais aussi de drames.
Le Rital
Sans doute sa chanson la plus célèbre. Nous sommes à la toute fin de l’année 1983. Claude Barzotti va voir son single être numéro 1 en France sept semaines d’affilée. (du 17 décembre à la semaine du 5 février). Le Rital surclasse tout. C’est sûrement car le titre vient du cœur. Il y parle de ses racines, de la fierté qu’il a d’être originaires de la botte italienne et surtout du racisme auquel il est confronté sous nos latitudes. Le titre est cependant terriblement entraînant et ses « cheveux couleur corbeau » ne laisseront pas indifférent le public. 400.000 disques seront écoulés, et son album, Madame, sera vendu à 1,5 million d’exemplaires.
L’accent de Claude Barzotti et son sourire ont fait mouche. Cet accent, il le tient donc de ses origines, l’Italie. Plus exactement de Cai’ Serra, un petit patelin accroché aux Appenins, près d’Urbino, dans les Marches. C’est là qu’il a passé le plus clair de son enfance, avec son grand-père. Mais « la misère guette » et à Cai’Serra, il n’y « reviendra pas », comme il le chantera dans une de ses chansons.
Barzotti, de son vrai prénom Francesco, est pourtant né en Belgique, à Châtelineau, en 1953. D’un père mineur au Borinage. Et c’est dans le royaume qu’il reviendra, fixant définitivement 18 ans plus tard ses amarres, venant du bord de l’Adriatique, à Court-Saint-Etienne.
L’ascension
Le début de la décennie 70 est marquée par plusieurs petits métiers. Il sera professeur de musique, réparateur de vélo… Sa passion, c’est déjà la chanson (il recevra son premier accordéon à l’âge de 6 ans). Et en 1973, celui qui a déjà sorti un premier disque appelé « Vous mes amis » trois ans auparavant – sous le nom de Franco Angéli-, est engagé chez Vogue Belgique. Il y deviendra directeur artistique et prendra définitivement comme nom de scène Claude Barzotti. Pour son ami le Grand Jojo, son surnom chez Vogue, c’était « le Rital », comme il le dira dans la DH. De quoi inspirer l’artiste qui composera cette chanson quelques années plus tard.
Mais avant la sensation de 1983, il y aura déjà un beau succès avec l’album Madame, son premier en studio. Le disque, sur lequel on retrouve le titre éponyme, connaîtra déjà une belle aura.
Il connaîtra encore quelques succès avec des titres comme « Je ne t’écrirai plus » qui sera disque d’or en France en 1984 (et se classera n°2 au Top50) et disque de platine en Belgique. Il faudra ensuite attendre 1990 pour qu’un autre single fasse parler de lui dans les charts, ce sera Aime-moi.
Ordre de Léopold
Celui qui sera distingué Officier de l’Ordre de Leopold II en 2005 ne squattera plus le haut de l’affiche dans les décennies suivantes. Mais cela ne l’empêchera pas de sortir des albums best-of, de faire un peu de télé ou de remplir encore des salles. Des tournées en Belgique, en France, mais aussi plus loin, comme au Liban, en Algérie ou à Haïti.
Il écrira aussi pour d’autres, comme Dalida, Jane Manson ou Morgane, qui représentera la Belgique à l’Eurovision 1992 avec son titre Nous, on veut des violons. Cette dernière lui vaudra néanmoins un procès pour plagiat (d’un autre chanteur de charme, Claude Michel).
En 2007, le clip de sa chanson Jada, écrite pour la fille adoptive de la productrice de TF1 (et épouse du ministre Dousty-Blazy), Dominique Cantien, passera trois fois par jour sur la chaîne privée française.
Son dernier album studio était Un homme, sorti en 2019. Auparavant, il y eu Une autre Vie (2012) et Le temps qui passe en 2015.
Tête (et gueule) de bois
Au tournant des années 2010, la mode est alors à la nostalgie. Et c’est tout naturellement que Claude Barzotti remontera sur les scènes de France et de Navarre dans le cadre des tournées Age tendre et Têtes de Bois. Le succès de ce genre de spectacle est au rendez-vous. Passionné de belles voitures, il aura aussi des déboires, comme pour la comédie musicale « les nouveaux nomades », qu’il voulût créer en 2002. Se disant travailleur acharné, il continuera les galas et refoulera le sol de l’Olympia en 2004 et 2008.
Difficultés
Mais Claude Barzotti à partir du milieu des années 90, fera aussi la une d’une certaine presse pour des choses moins réjouissantes. Ses procès pour plagiat, mais aussi pour viol (il sera acquitté en juin 1999). A partir des années 2000, ce sera son état de santé qui commencera à sérieusement inquiéter. Il déclarera boire – beaucoup — trop (jusqu’à sept bouteilles de whisky par jour). Cet excès éthylique, le chanteur dira que ça a « tout abîmé », et détruit sa carrière. Il aura alors beaucoup de hauts et de bas, et la situation deviendra alarmante au mitan des années 2015. L’alcool le fait sombrer.
Des séjours en hôpital réguliers, des problèmes au foie, au cœur, à l’estomac. En novembre 2020, Barzotti souffre d’une grave pancréatite. « Les médecins n’ont jamais vu ça », déclare-t-il. Il décide d’annoncer qu’il ne reviendra plus à la chanson.
Symbole d’une immigration d’origine italienne qui a façonné et façonne encore notre contrée, Claude Barzotti et sa personnalité attachante ont marqué la chanson mais aussi la vie locale. Il était entre-autres actif dans le club de tennis de table de Court-Saint-Etienne la Palette Stéphanoise. Sa commune dans laquelle il se lancera aussi dans la restauration avec l’ouverture d’établissements notamment à La Roche, son village. Ses succès, eux, laisseront des traces dans bien des cœurs, et continueront sans doute à être fredonnés encore longtemps.
M. B.