samedi 19 avril 2025
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Cinéma : Minecraft, Mario, The Last of Us… quand Hollywood mise sur le gaming

Ces dernières années, les adaptations de jeux vidéo en film ou en série ont la cote. Portées par des franchises cultes avec une forte communauté de fans, elles remplissent les salles, dominent les plateformes et engrangent des millions. Boostées par le succès de The Last of Us ou encore Minecraft, ces adaptations de jeux vidéo deviennent la nouvelle poule aux œufs d’or de Hollywood.

Sorti en salles le 4 avril 2025, Minecraft : le film, adapté du jeu vidéo du même nom, a généré plus de 570 millions de dollars en deux semaines. Un démarrage tonitruant, le meilleur de l’année.

Un carton au box-office accueilli tièdement par la critique. Avec une moyenne de 2,3 étoiles sur 5 sur Allociné, le long-métrage divise. Pourtant, il a tout d’un succès programmé : un humour enfantin qui séduit les plus jeunes, Jack Black et Jason Momoa à l’affiche pour attirer les familles, et une licence culte — le jeu le plus vendu de l’histoire — pour rassembler les fans.

Ces dernières années, les adaptations de jeux vidéo en film semblent être devenues la poule aux œufs d’or à Hollywood. Mais comment expliquer cet engouement ?

Du game over au jackpot

Pendant des décennies, les adaptations de jeux vidéo n’étaient que des comédies grossières. Super Mario Bros (1993) ? Une farce volontaire. Street Fighter (1994) ? Une parodie sans âme. Entre scénarios bâclés, méconnaissance des univers d’origine, et des choix artistiques à côté de la plaque, ces adaptations pilotées par des producteurs qui n’y connaissaient pas grand-chose insultaient les fans.

Mais aujourd’hui, les studios ont changé de disque. Et les succès s’enchaînent : The Last of UsArcaneFallout… Des franchises connues, déjà validées par des millions de joueurs, portées à l’écran avec soin. Super Mario Bros. Le Film (2023) a dépassé le milliard de dollars de recettes. Quant à la série The Last of Us, diffusée sur HBO en 2023, elle a séduit plus de 30 millions de téléspectateurs par épisode, récolté six Emmy Awards, trois Golden Globes et relancé les ventes du jeu de 238 %. La saison 2 sortie le 13 avril réalise, elle aussi, un démarrage tonitruant.

Un succès logique pour ce jeu qui nous plonge dans un univers post-apocalyptique quand on sait que le producteur exécutif de la série n’est autre que… le créateur du jeu : Neil Druckmann. « Si nous avions tenté de simplement copier le jeu, cela aurait été un échec. Il fallait une nouvelle approche », confiait l’homme dans une interview accordée à The Hollywood Reporter. La recette du succès semble là : respecter l’œuvre d’origine, impliquer les studios du jeu dans la création, et viser une narration ambitieuse sans chercher à coller à 100 %.

Plaire aux gamers et aux néophytes

Longtemps moqués, qualifiés de geek, les gamers sont aujourd’hui un levier stratégique pour les producteurs. Avec 3,3 milliards de joueurs dans le monde en 2023, selon Newzoo (spécialisé dans l’analyse et la recherche sur l’industrie des jeux vidéo), le marché du jeu vidéo est estimé à plus de 180 milliards de dollars. C’est plus que le cinéma et la musique réunis.

Adapter des franchises mondialement connues, c’est embarquer avec soi des communautés de fans forcément au rendez-vous. Un public aussi précieux qu’exigeant. En 2022, la série Resident Evil produite par Netflix a été annulée après une saison, victime de critiques virulentes sur son éloignement de l’œuvre originale.

Pour éviter le fiasco, les studios co-produisent désormais avec les éditeurs de jeux eux-mêmes. Avec pour objectif principal de séduire les puristes sans exclure les néophytes. Exemple frappant avec la série Arcane, adaptée du jeu League of Legends et co-créée par l’éditeur du jeu Riot Games avec Netflix. Sans reprendre l’intégralité de l’univers du jeu, la série se focalise sur l’histoire de deux sœurs, pouvant séduire tous les publics.

Un équilibre difficile entre accessibilité, fidélité et overdose

Le défi est là : parler à ceux qui connaissent chaque pixel, sans perdre ceux qui n’ont jamais touché une manette. Une adaptation réussie ne doit pas être un simple clin d’œil, mais une œuvre à part entière.

Une réussite pour Arcane ou encore Fallout, un échec pour le film Assassin’s Creed, sorti en 2016, critiqué pour un scénario confus et une surcouche de références qui laissaient les néophytes sur le carreau. Quant à Minecraft, malgré son carton au box-office, il a suscité des réserves chez les puristes qui regrettent un scénario trop codifié quand le jeu de base est conçu comme un espace de liberté infini.

Reste que le raz-de-marée des adaptations ne devrait pas s’arrêter là. Selon le média IGN, plus de 70 adaptations de jeux vidéo sont en cours de développement comme Zelda ou encore les Sims. Pour autant, Phil Spencer, PDG de Microsoft Gaming, interrogé par le Business Insider, pose quelques réserves sur cette fièvre du gaming au cinéma : « Les jeux vidéo sont un média à part entière, et toutes les franchises ne nécessitent pas une adaptation cinématographique ou télévisuelle. Il est essentiel de respecter l’essence de chaque jeu et de ne pas les transformer en simples produits dérivés. »

T. G.