Un grand cinéaste américain s’est éteint. William Friedkin, réalisateur de L’Exorciste, oscarisé pour The French Connection, est mort lundi 7 août à Los Angeles à l’âge de 87 ans. Il a été l’un de ces artistes du Nouvel Hollywood dans les années 1970 avec des films sombres, urbains, parfois tournés comme des documentaires.
C’est l’une des plus impressionnantes course-poursuite vues sur grand écran : une voiture qui pourchasse à 100 km/h le métro new-yorkais dans The French Connection. William Friedkin n’avait pas l’autorisation de la mairie pour tourner cette scène. Il l’a fait quand même, au mépris de la sécurité, comme il le confiait dans le podcast WTF : « Je ne fais pas le fier. C’était dangereux pour un tas de gens, y compris moi. Mais en fait, je n’y pensais pas. Et ceux qui travaillaient avec moi non plus. Aujourd’hui, je ne le ferais pas comme ça. »
Le film récolte cinq Oscars, dont ceux de Meilleur film, Meilleur réalisateur et Meilleur acteur pour Gene Hackman. Ce dernier n’était pourtant pas à l’aise au départ avec le personnage de Popeye Doyle, un flic dur à cuire et raciste, mais un flic réaliste, insistait Friedkin.
Deux ans plus tard en 1973, le réalisateur bat des records au box-office. Après le film policier, il sublime un autre genre : l’horreur. Après les trafiquants de drogue, il étudie une autre version du mal, le Diable lui-même. L’Exorciste traumatise des générations de spectateurs.
La carrière de Friedkin est alors à son pic. Son remake du Salaire de la peur, son thriller Police fédérale, Los Angeles en 1985 ou Killer Joe, avec Matthew McConaughey il y a dix ans, ne marquent pas autant les foules, aussi réussis soient-ils.
Mais le gamin pauvre de Chicago, passé par la télévision, le documentaire et même l’opéra, un temps marié à l’artiste française Jeanne Moreau, n’a jamais arrêté de filmer la face sombre, violente et inquiétante de l’être humain.
M. B.