Cinq importantes sociétés chinoises cotées aux États-Unis ont annoncé le vendredi 12 août se retirer de la Bourse de New York, au moment où les firmes de Pékin sont dans le viseur du régulateur américain.
Une loi votée en 2020 au Congrès américain oblige toute société cotée aux États-Unis à faire certifier ses comptes par un cabinet agréé par l’organisation comptable indépendante PCAOB. En cas de non-respect de la législation, les entreprises risquent une radiation à partir de 2024.
Dans ce contexte, les mastodontes du pétrole Sinopec et PetroChina ont indiqué vendredi dans des communiqués séparés un « retrait volontaire » de la Bourse de New York, où ils sont cotés. Le poids lourd de l’assurance China Life Insurance, le géant chinois de l’aluminium Chalco, ainsi qu’une filiale de Sinopec basée à Shanghai ont annoncé des démarches similaires.
Ils justifient tous cette décision par les coûts liés au maintien des cotations aux États-Unis ainsi que la charge que représente le respect des obligations en matière d’audit. Les cinq groupes figurent sur une liste d’entreprises mises en demeure de se conformer à des obligations comptables par l’autorité américaine de régulation des marchés (SEC), et étaient donc menacés d’éviction de la Bourse aux États-Unis.
Les entreprises incitées à chercher des financements sur les places boursières chinoises
Les entreprises chinoises ont longtemps été encouragées à se financer via des entrées en Bourse aux États-Unis. En 2014, le pionnier en Chine du e-commerce Alibaba avait ainsi levé à Wall Street 25 milliards de dollars, signant la plus grosse introduction en Bourse de tous les temps. Mais dans un contexte d’affrontement croissant avec Washington, en particulier dans le domaine technologique, la Chine incite désormais ses pépites à chercher des financements sur ses places boursières (Hong Kong, Shanghai, Shenzhen ou encore Pékin).
Soumises à une surveillance et des restrictions plus strictes aux États-Unis, nombre d’entreprises chinoises optent également pour une seconde cotation en Bourse à domicile, à l’image du moteur de recherche Baidu, ou d’Alibaba cotés à Hong Kong.
À rebours de bon nombre de ses compatriotes, Didi avait malgré tout maintenu en juin 2021 une levée de fonds aux États-Unis. Ce champion en Chine de la réservation de voitures avec chauffeur (VTC), avait alors récolté quelque 4,4 milliards dollars (3,7 milliards d’euros). Mais l’opération avait provoqué le mécontentement de Pékin qui craignait un transfert de données sensibles aux États-Unis. Les autorités chinoises avaient déclenché dans la foulée une enquête administrative contre Didi en lien avec sa collecte de données privées.
Didi a finalement écopé le mois dernier d’une amende de quelque 1,2 milliard d’euros. L’entreprise a subi la reprise en main par les autorités chinoises du secteur de la tech entamée en 2020, après une période de laisser-faire en matière de données.
M. B.