dimanche 22 décembre 2024
Accueil > A la UNE > Conférence de Bandung, un prélude à l’internationalisation de la cause algérienne

Conférence de Bandung, un prélude à l’internationalisation de la cause algérienne

Les célébrations du soixantenaire de l’indépendance de l’Algérie coïncident avec le 68e anniversaire de la tenue de la conférence de Bandung qui a permis de poser les jalons d’une internationalisation de la cause nationale au milieu des années 1950.

La conférence de Bandung (18-24 avril 1955) en Indonésie a réuni 29 pays asiatiques et africains et quelque 600 délégués. Elle a contribué à l’accélération du processus de décolonisation, à l’émergence d’un nouveau groupe de pays qui forment le « tiers monde » et à dénoncer le système colonial inhumain qui sévissait encore dans certaines régions du monde.

Ce rendez-vous, dont la portée historique revêt une grande importance pour l’Algérie, a marqué le début de la participation des représentants du Front de libération nationale (FLN) dans les fora internationaux pour faire entendre la voix du peuple algérien et lui permettre de recouvrer sa souveraineté.

En effet, une année après le déclenchement de la glorieuse Guerre de libération nationale le 1er novembre 1954, les responsables de la Révolution ont décidé de mener, en plus de la lutte armée, une action diplomatique, avec comme toile de fond, l’idée de revendiquer ouvertement et encore une fois, l’indépendance, « dans le but de faire de la question algérienne une réalité pour le monde entier avec l’appui de tous nos alliés naturels », écrivaient alors les membres fondateurs du FLN.

Ainsi, la diplomatie algérienne a amorcé une étape décisive de son histoire à travers la conférence de Bandung, étant le premier rassemblement afro-asiatique où les militants de la cause nationale avaient prouvé leur capacité à défendre la cause algérienne et leur perspicacité diplomatique et politique dans la mobilisation de différents médias.

L’Algérie, qui était alors en guerre, avait participé en tant qu’observateur avec une délégation emmenée par Hocine Aït Ahmed, M’hamed Yazid, Saad Dahleb, Tayeb Boulahrouf et autres qui sont parvenus à inscrire la question algérienne au débat, lors duquel des hommes d’Etat, à l’image de l’ancien président indonésien Soekarno ou de l’ex-Premier ministre indien Jawaharlal Nehru, avaient été convertis à la thèse nationale.

Les leaders afro-asiatiques ayant pris part à la rencontre de Bandung avaient plaidé, au bout de sept jours de débats, pour un nombre de principes, entre autres, le respect des droits humains, la souveraineté et l’intégrité territoriale de toutes les Nations, l’égalité de toutes les races et l’égalité de toutes les Nations, la non-intervention et la non-ingérence dans les affaires internes des pays, l’abstention d’actes ou de menaces d’agression ou de l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un pays et le règlement des conflits internationaux par des moyens pacifiques.

Par ailleurs, la conférence de Bandung a constitué un prélude à l’inscription de la question algérienne à l’ordre du jour de la session ordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU, le 30 septembre 1955.

L’Algérie continue de s’inspirer de l’esprit de Bandung

Les militants de la cause nationale avaient alors surfé sur l’élan de solidarité et de sympathie des pays du « tiers monde », qui a permis à la question algérienne de prendre définitivement une dimension internationale, avec l’ouverture d’un bureau du FLN à New York ainsi que l’adoption, en 1960, d’une résolution reconnaissant « le droit du peuple algérien à la libre détermination et à l’indépendance ».

La conférence de Bandung a, en outre, été un jalon important dans la constitution du Mouvement des non-alignés (MNA) en 1961 à Belgrade, où des pays afro-asiatiques ont affirmé leur volonté de rester à l’écart de la rivalité entre les blocs Est et Ouest.

Depuis son élection en 2019, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, s’est inspiré de l’esprit de Bandung en définissant clairement les grandes lignes de sa politique étrangère dont les fondements sont la non-ingérence, le respect du droit international, la construction d’un nouvel ordre politique et économique mondial, le droit des peuples à l’autodétermination et le soutien aux peuples colonisés.

Grâce à une diplomatie très active, l’Algérie affiche notamment un soutien indéfectible en faveur des causes justes des peuples palestinien et sahraoui qui luttent pour recouvrer leurs droits fondamentaux.

En effet, durant les dix années qui ont suivi la tenue de la conférence de Bandung, 31 pays africains, dont l’Algérie, ont arraché leur indépendance, marquant par là la fin de l’ère coloniale, à l’exception de la Palestine qui vit encore sous le joug de l’occupation sioniste et le Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, dont le peuple mène aujourd’hui un rude combat pour son autodétermination.

Dans son allocution à l’occasion de la réunion au sommet du groupe de contact du MNA dont les travaux se sont tenus le 2 mars à Bakou (Azerbaïdjan), prononcée en son nom par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, le président de la République avait réaffirmé l’attachement constant de l’Algérie aux principes et objectifs du MNA qui ont prouvé, au fil des évènements ayant structuré les relations internationales, leurs justesse et validité dans le contexte actuel.

A cet égard, le Président Tebboune avait appelé l’ensemble des pays membres à l’impératif de « renouveler leur engagement vis-à-vis du mouvement et de redoubler d’efforts pour redynamiser son rôle dans le rééquilibrage des relations internationales, marquées par de nouveaux défis et enjeux ».

M. B.