C’est au niveau de l’hôtel Sofitel qu’à eu lieu la conférence internationale maritime, organisée par le World Trade Center, en collaboration avec Global Trade Support. Le thème proposé était « L’économie maritime : Perspectives pour catalyser une économie maritime durable en Méditerranée ».
Le mot d’ordre de cette conférence internationale était « préparer et développer les performances du transport maritime ».
D’ailleurs M. Ahmed Tibaoui, directeur général du World Trade Center, dans son allocution de bienvenu, a bien défini les contours de cette conférence.
Au vu des engagements pris pour booster son commerce extérieur et assurer pleinement son intégration sur les marchés extérieurs, notamment africains, l’Algérie se doit de renforcer sa logistique maritime. Un effort qui viendra consolider les réalisations en matière de transport terrestre, à l’image du mégaprojet de la Transsaharienne ou même aérien marqué par l’ouverture de nouvelles lignes vers plusieurs pays du continent.
La rencontre a permis aux experts et responsables du secteur de mettre en relief les points forts de ce secteur, mais surtout d’évoquer les insuffisances en vue d’aboutir à des recommandations. Force est de constater, des différentes présentations, que le secteur maritime a encore du chemin à faire pour se mettre au même diapason des ports internationaux. L’idéal est d’arriver à réaliser des ports intelligents multimodaux avec une capacité d’accueil plus grande, a souligné l’expert en transport maritime Abdelkrim Rezzal. « L’Algérie qui œuvre pour tirer vers le haut le niveau de ses exportations hors hydrocarbures doit mettre en place une stratégie et une politique maritime intégrée pour prendre en charge ses besoins et optimiser les coûts de ses échanges commerciaux et être compétitive à l’export », a-t-il indiqué, soulignant que le pays a tous les atouts qui lui permettraient de devenir un portail ou un hub logistique vers l’Afrique.
« Il y a beaucoup de pays qui veulent être leaders dans ce domaine. Nous avons les atouts. Il est impératif de construire de nouvelles infrastructures modernes pour accueillir les grands navires de dernière génération », a-t-il indiqué, tout en mettant l’accent sur l’interconnectivité. Il a fait savoir que ce qui manque en Algérie « c’est la construction des infrastructures portuaires spécialisées, notamment dans le transbordement ». « Le port d’El Hamdania à Cherchell serait d’un grand apport pour le secteur et ouvrir de fortes perspectives à l’exportation », a-t-il ajouté, soulignant que « 120 millions de tonnes de marchandises sont traitées dans les ports, dont 64,7 millions tonnes de vrac liquide, 39 millions de vrac solide et 16 millions de marchandises diverses ». Selon lui, le montant global du fret maritime de et vers l’Algérie est de 4 milliards de dinars annuellement.
Vers la restructuration du pavillon national
Le général manager de Cnan-Med, Nouredine Koudil, a fait observer que tout l’effort va dans l’optique de renforcer les performances du pavillon national pour gagner en termes de parts de marché. « Dans le secteur du transport de cargaisons homogènes, notre part du marché est quasiment nulle du fait que nous n’avons pas de navires spécialisés dans ce genre de transport », a-t-il dit, ajoutant « que même le transport de conteneurs n’est pas vraiment important. Il ne dépasse pas les 7%. C’est très faible ». Il soulignera qu’il est impératif d’investir dans le renforcement du pavillon national pour pouvoir glaner des parts de marché plus respectables. L’idéal est d’avoir 30%. Koudil a fait savoir que le transport de la cargaison hors hydrocarbure est assuré, en tout et pour tout, par 13 navires. « Ceci reste insuffisant, d’où la volonté des pouvoirs publics de renforcer le pavillon national par l’acquisition de nouveaux navires pour une meilleure performance logistique. C’est imminent », a-t-il dit avant de préciser que le projet de fusion de Cnan-Med et Cnan-Nord va bientôt aboutir et entrera en activité bientôt. « Nous sommes en pleine restructuration du pavillon national », a-t-il indiqué.
Revoir la réglementation, une priorité
Le président de l’Association professionnelle des agents maritimes algériens (Apama), Mouloud Belaid, a souligné que « la priorité est d’entamer la reconfiguration du code maritime qui est incompatible avec les objectifs et les enjeux de l’heure et de mettre en place une politique maritime intégrée avec une meilleure gouvernance ». Il a aussi plaidé pour « libérer le transport aux nationaux pour surtout optimiser les coûts de fret qui connaît une forte volatilité ». La digitalisation du secteur a été également soulignée comme un impératif pour fluidifier et instaurer une transparence dans toutes les opérations portuaires. C’est ce qui permettra une connexion entre tous les acteurs du secteur. Dans ce cadre, le directeur de la digitalisation auprès de Serport, Idir Batache, a opté pour que le secteur maritime soit doté d’une plateforme communautaire qui se veut être un guichet unique maritime portuaire. « Depuis son lancement en juillet 2021,nous comptons 6.000 utilisateurs », a-t-il informé.
Mohammed Bessaïah