vendredi 22 novembre 2024
Accueil > A la UNE > Corée du Sud : la fabrication de batteries en péril chez le numéro 2 mondial

Corée du Sud : la fabrication de batteries en péril chez le numéro 2 mondial

La Corée du Sud est le deuxième fabricant au monde de batteries électriques. Mais à cause de stocks insuffisants, cette industrie est aujourd’hui à la merci de la moindre rupture d’approvisionnement en minerais et métaux.

La Corée du Sud partage le même handicap que le Japon : elle n’a pas été gâtée par la géologie et affiche un gros déficit en matières premières minérales. En 2023, elle importait 95% de ses minerais critiques, rappelle le dernier rapport de l’Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques, coordonné par l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) en consortium avec Enerdata et Cassini.

Comme le Japon encore, le pays a développé depuis plusieurs dizaines d’années – en 1967 – une stratégie de stockage de minerai pour réduire sa vulnérabilité, et répondre aux besoins de son industrie, et en particulier celles des batteries dont la Corée du Sud est devenue le deuxième producteur. Des stocks censés prendre en compte aussi les besoins en cas de guerre.

Six jours de stocks pour le lithium

Sont considérés comme stratégiques tous les minerais importés à 90%, dont la valeur à l’importation dépasse 100 millions dollars et qui peuvent être raffinés sur le sol rappelle le rapport de l’OSFME. Car tout l’intérêt d’un stock stratégique, explique un de ses auteurs, est de pouvoir être transformé sur place. 34 métaux critiques, plus de 17 terres rares et 6 platinoïdes étaient en 2020 officiellement listés comme stratégiques et donc concernés par la politique de stockage sud-coréenne.

Mais le secteur est en pleine crise : les ambitions du gouvernement sud-coréen qui étaient d’avoir 60 jours minimum de stock ne sont pas remplies. Sauf pour les terres rares.

L’État des stocks s’avère critique pour plusieurs minerais qui entrent dans la composition des batteries automobiles : on atteindrait ainsi difficilement 6 jours de stock pour le lithium et 12 jours pour le cobalt. La moindre fluctuation d’approvisionnement, un simple retard de livraison de lithium par exemple, et c’est la production coréenne de batteries qui pourrait se trouver à l’arrêt pendant plusieurs mois.

Un système de stockage dysfonctionnel

Derrière ce constat alarmant, il y aurait une mauvaise gestion des stocks. En Corée du Sud, elle est assurée par deux entités : la Komir et la PPS, le service coréen des marchés publics qui veille à la stabilisation des prix. Un système mal coordonné et dysfonctionnel, à en croire la presse coréenne citée par l’OSFME.

Les prochains mois suffiront-ils à regarnir les entrepôts sud-coréens ? C’est en tout cas le but des autorités qui ont relevé de 30% le budget qui leur est dédié pour 2024. L’ambition sud-coréenne serait même d’augmenter les objectifs de stockage, en passant de 60 jours de consommation à 180 jours et d’élargir la liste des matières concernées Pour répondre à cette ambition, une nouvelle base de stockage de près de 200 000 m2 devrait voir le jour d’ici à 2026 dans le pays rapporte l’OSFME.

M. B.