Des diplomates chinois, japonais et sud-coréen se serrant la main. C’est une scène devenue rare qui s’est déroulée à Séoul, où des représentants des ministères des Affaires étrangères des trois pays se sont engagés à faire revivre la relation trilatérale, à l’arrêt depuis 2019. Un sommet entre les leaders japonais, sud-coréen et chinois pourrait avoir lieu d’ici la fin de l’année 2023. Alors que la Corée du Sud et le Japon se sont significativement rapprochés des États-Unis et que les tensions avec la Chine se sont accentuées ces derniers temps, que peut-on attendre de cette spectaculaire reprise du dialogue ?
Le sommet trilatéral doit être organisé « le plus tôt possible » ; la formule du ministère des Affaires étrangères sud-coréen témoigne de la volonté de renouer le dialogue. Depuis son arrivée au pouvoir le président Yoon Suk-yeol a pourtant tout misé sur la coopération renforcée avec les États-Unis et le Japon, concrétisée par le sommet de Camp David.
Ces derniers mois, les tensions avaient même grimpé entre Séoul et Pékin. Mais désormais le ton a changé. Le week-end dernier, le Premier ministre sud-coréen a rencontré Xi Jinping et le président chinois envisagerait même un déplacement en Corée du Sud, une première depuis 2014. Parmi les dossiers importants, celui des semi-conducteurs.
Levier économique
Les États-Unis cherchent à exclure Pékin des chaînes de production de ce matériau sensible. Le Japon a limité l’exportation de certains outils de fabrication de puces vers la Chine, mais les entreprises sud-coréennes restent dépendantes du marché chinois et disposent d’usines sur place. D’autant que la Chine reste le premier partenaire commercial de Séoul et Tokyo.
Ce levier économique est l’atout principal de Pékin pour tenter de limiter l’influence croissante des États-Unis dans la région. Cependant, sur les grands dossiers de défense que sont Taïwan et la Corée du Nord, les positions des trois voisins semblent trop éloignées pour imaginer des avancées significatives.
N. R.