L’acteur et réalisateur Michel Blanc, figure des Bronzés, est décédé dans la nuit du 3 au 4 octobre à l’âge de 72 ans, après avoir fait un malaise cardiaque dans la soirée, a précisé son entourage à l’AFP.
« On sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher… », pour beaucoup, Michel Blanc restera à jamais Jean-Claude Dusse, le gringalet chauve et moustachu des Bronzés, dragueur raté, toujours persuadé de pouvoir « conclure ».
« Putain Michel… Qu’est-ce que tu nous a fait… », a lancé en guise de condoléances sur Instagram l’acteur Gérard Jugnot, son comparse de la troupe phare du Splendid et des Bronzés. « Michel, mon pote, mon frère, mon partenaire », a également réagi sur Instagram la comédienne Josiane Balasko, une autre figure de ce groupe de comédiens des années 70 et 80.
Alterner le rire et l’émotion pour explorer l’âme humaine
Acteur populaire depuis le succès des Bronzés en 1978, Michel Blanc a alterné le rire et l’émotion en explorant devant et derrière la caméra l’âme humaine.
Après l’énorme succès public de Marche à l’ombre (1984), son premier film en tant que réalisateur, il a élargi son registre en s’éclipsant le premier de la bande du Splendid, avec notamment le transgressif Tenue de soirée (1986) de Bertrand Blier. Il y incarne l’émouvant Antoine, qui s’entiche de Gérard Depardieu et se travestit. Le rôle, couronné du prix d’interprétation masculine à Cannes, marque un tournant dans sa carrière.
Les comédiens de la troupe du Splendid, le 8 octobre 1981. On reconnaît Michel Blanc, à gauche, avec ses collègues, dont Josianne Balasko, Miou-Miou, Christian Clavier ou bien encore Gérard Jugnot parmi tant d’autres.
Après le rendez-vous raté du troisième opus des Bronzés en 2006, l’acteur, nommé quatre fois au César du meilleur acteur, remporte en 2012 la précieuse statuette pour son second rôle inattendu de directeur de cabinet dans le thriller politique L’exercice de l’État.
« Je suis un anxieux qui préfère l’action à la dépression »
Né le 16 avril 1952 à Courbevoie – dans les Hauts-de-Seine -, Michel Blanc est fils unique. Il est issu d’un milieu plutôt modeste avec un père déménageur qui finira cadre moyen et une mère dactylo devenue comptable. Timide, chétif, grand hypocondriaque, le jeune Michel Blanc perd vite ses cheveux et va devoir miser sur l’humour, parfois caustique, et l’autodérision plus que sur son physique.
Dès l’enfance, il se passionne pour la musique classique. À 20 ans, il tente même de faire carrière comme pianiste. Il y consacre six à sept heures par jour, mais renonce assez vite, comprenant qu’il ne sera jamais « le nouvel Arthur Rubinstein ».
Changement de cap, il rejoint alors sa bande de copains du lycée de Neuilly -Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte et Christian Clavier – pour se lancer dans l’aventure du café-théâtre au sein de la troupe du Splendid.
« C’est un homme solitaire, blessé, déconcerté », disait son amie, l’écrivaine Françoise Sagan. « Je suis un anxieux qui préfère l’action à la dépression », précisait l’intéressé. Tout au long de sa carrière, ce grand bosseur, perfectionniste, sait d’ailleurs utiliser ses complexes et son talent d’écriture pour explorer le désenchantement et façonner les personnages de ses films, notamment ceux qu’il réalise comme Grosse Fatigue (1994) et Embrassez qui vous voudrez (2002).
« Les Bronzés, c’était il y a cinquante ans, le monde a évolué »
Il se montre convaincant dans le registre dramatique, en incarnant le travesti Antoine dans Tenue de soirée (1986) de Bertrand Blier, et en campant l’inquiétant Monsieur Hire (1989), d’après Simenon, ou un médecin homosexuel au début du sida dans Les témoins (2007) d’André Téchiné. Ou encore à la télévision dans L’affaire Dominici (2003). L’acteur, nommé quatre fois au César du meilleur acteur, remporte en 2012 la précieuse statuette pour son second rôle inattendu de directeur de cabinet dans le thriller politique L’Exercice de l’État.
Grand travailleur, perfectionniste, Michel Blanc savait utiliser ses complexes et son talent d’écriture pour explorer le désenchantement et façonner les personnages de ses films, notamment ceux qu’il avait réalisés comme Grosse Fatigue (1994) et Embrassez qui vous voudrez (2002). En 2006, Patrice Leconte avait à nouveau réuni la troupe des Bronzés pour un troisième volet, qui avait été un échec critique. Malgré cela, Michel Blanc avait toujours envie de retravailler avec ses anciens complices du Splendid, comme il l’avait dit au printemps à Paris Match: « Faire des choses ensemble, oui, mais pas Les bronzés. On ne sait plus faire cet humour-là. C’était il y a bientôt cinquante ans, le monde a évolué ».
M. B.