Le Premier ministre hongrois, le nationaliste Viktor Orban, a fait cavalier seul au sommet de l’Union européenne des 14 et 15 décembre. Il a répété qu’il était contre l’ouverture de négociations d’adhésion avec Kiev, même s’il a évité de saboter l’invitation de l’Ukraine en s’abstenant de participer au vote des 26 autres États membres. Toutefois, Viktor Orban a décidé de bloquer le soutien financier de 50 milliards d’euros prévu pour le pays en guerre contre Poutine. Viktor Orban paraît isolé sur la scène européenne. Mais en Hongrie, sa diplomatie trouve un écho favorable, et pas seulement chez ses électeurs.
« L’argent du contribuable hongrois n’ira pas à l’Ukraine ». Cette phrase triomphante de Viktor Orban, qui a bloqué l’aide européenne à l’Ukraine, on la trouve dans tout l’empire médiatique du Premier ministre hongrois. « Viktor Orban a gagné sur tous les plans » titre Mandiner, un journal conservateur.
À la télévision publique, une analyste du Centre d’études des droits fondamentaux (think tank pro-gouvernemental) et « influenceuse » du gouvernement, Fanni Lajko, appuie la position du Premier ministre. « On n’aurait pas dû ouvrir les négociations avec l’Ukraine. Dans des circonstances normales, l’Ukraine ne serait pas apte à être candidate à l’adhésion ; alors en temps de guerre, encore moins ! »
Ilona, une habitante de Budapest qui soutient Viktor Orban, est tout à fait d’accord avec lui. « Le Premier ministre est déterminé, il voit des années à l’avance ce qui va se passer. Faire adhérer l’Ukraine à l’Union européenne ? ! Mais quelle idée ils ont, à Bruxelles ! l’Ukraine est dévastée. L’Union européenne part à vau-l’eau. »
Et même les opposants à Viktor Orban sont sceptiques. Balazs, un artisan qui préfère parler loin du micro, pense que si l’Ukraine intégrait l’Union européenne, elle causerait des problèmes. « Les Ukrainiens sont comme les Hongrois. Et Bruxelles a déjà assez de problèmes comme ça avec la Hongrie », estime ce Budapestois.
F. L.-B.