jeudi 17 octobre 2024
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Entre Paris et Washington, une relation unique ?

La visite d’État d’Emmanuel Macron aux États-Unis a permis de réchauffer une relation mise à mal par l’affaire des sous-marins pour l’Australie, il y a un an. Une visite d’État pour montrer l’importance que Joe Biden attache au lien avec « le plus vieil allié » des Américains. « Une relation unique », insiste-t-on des deux côtés. Mais comment l’expliquer ?

Cette relation particulière trouve sa raison d’être dans l’histoire des deux nations. À plusieurs reprises, le sort de l’une a été conditionné par l’aide de l’autre. Et dans des circonstances particulièrement importantes. Pour les États-Unis, l’aide de la France a tout simplement permis l’indépendance de ces anciennes colonies britanniques. Pour la France, l’intervention des États-Unis à la fin de la Première Guerre mondiale, et surtout durant la Seconde Guerre, a tout simplement permis la victoire et la préservation de son indépendance – et de son rang sur la scène internationale.

À la fin du XVIIIe siècle, les trajectoires françaises et américaines offrent même des similarités exceptionnelles. En 1763, la Grande-Bretagne sort vainqueur de son conflit de sept ans avec la France, qui y perd par conséquent une bonne partie de ses possessions en Amérique du Nord, à l’exception notable de la Louisiane, qui sera vendue 40 ans plus tard aux Américains par Napoléon.

Londres remporte donc la guerre de Sept Ans, mais la Couronne britannique est ruinée et cherche de nouvelles recettes. Et c’est l’imposition d’une taxe sur les exportations de thé dans les colonies américaines qui va mettre le feu aux poudres, déclenchant la guerre d’indépendance qui va créer les États-Unis.

Des intérêts communs 

Et les colons en révolte vont être aidés, de manière décisive, par la monarchie française, désireuse de prendre sa revanche sur la Grande-Bretagne. Grâce à l’action de Lafayette notamment, les 13 colonies britanniques deviennent les États-Unis. Mais le royaume de France sort exsangue financièrement de cette intervention en faveur des Américains, ce qui pousse Louis XVI à convoquer des états généraux en mai 1789, pour trouver de nouvelles recettes. Ceux-ci vont déboucher sur la Révolution française.

Cet incroyable enchevêtrement historique aboutit, à quelques années d’intervalle, à la création de deux républiques, reposant sur des valeurs très proches, dans un monde dominé alors par le système monarchique. Cette communauté de destin ne sera jamais démentie au fil des décennies, en dépit des nombreux épisodes de crispation, voire de compétitions, entre Paris et Washington. Aujourd’hui, les systèmes politiques restent proches, avec des différences bien sûr.

Mais la figure centrale du président, élu au suffrage universel, et donc le rôle essentiel que joue l’élection présidentielle dans les deux pays, contribuent à cette amitié transatlantique. Il ne faut pas être naïf : les sujets de discorde ne manquent pas. Depuis un siècle, la relation est devenue asymétrique entre la nouvelle superpuissance américaine et l’ex-superpuissance française. Les relations de Washington avec Londres et Berlin sont aussi très fortes, mais sur un registre différent.

Au final, on peut dire qu’il y a bien quelque chose d’unique dans cette relation complexe, mais toujours vive entre Paris et Washington.

B. D.