En perte de vitesse par rapport à la Chine et à la Russie qui réalisent d’importantes avancées économiques et diplomatiques en Afrique, Washington change de braquet pour renforcer son influence sur le continent.
Le président américain, Joe Biden, et son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, se rencontreront le vendredi 16 septembre à Washington pour discuter de la coopération économique bilatérale et des « défis régionaux et internationaux », alors que les Etats-Unis cherchent à rapprocher les pays africains du camp occidental et à contrer l’influence russe et chinoise sur le continent.
L’annonce a été faite par la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, dans un communiqué publié le jeudi 1er septembre.
« Dans le prolongement de leur conversation téléphonique fructueuse datant d’avril et du dialogue stratégique entre les Etats-Unis et l’Afrique du Sud engagé en août, les deux dirigeants discuteront des possibilités d’approfondir les coopérations dans les domaines du commerce, de l’investissement, des infrastructures, du climat, de l’énergie et de la santé », a précisé la Maison Blanche.
Les deux dirigeants devraient également évoquer les « actions communes pour relever les défis régionaux et internationaux », a-t-on ajouté de même source, sans plus de précisions.
La rencontre prévue entre le président américain et son homologue sud-africain intervient quelques semaines après une tournée africaine de six jours du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, qui l’a conduit en Afrique du Sud, en République démocratique du Congo et au Rwanda.
Stratégie de reconquête
Lors de cette tournée, le chef de la diplomatie américaine a déclaré vouloir « un véritable partenariat entre les Etats-Unis et l’Afrique ». Simultanément, Washington a dévoilé à Pretoria une nouvelle stratégie africaine prévoyant une refonte de sa politique en Afrique subsaharienne « qui renforce le point de vue des Etats-Unis selon lequel les pays africains sont des acteurs géostratégiques et des partenaires essentiels pour les questions les plus urgentes de notre époque, qu’il s’agisse de promouvoir un système international ouvert et stable, de s’attaquer aux effets du changement climatique, de l’insécurité alimentaire et des pandémies mondiales, ou de façonner notre avenir technologique et économique ».
Deux semaines avant la tournée d’Antony Blinken, le président américain avait annoncé l’organisation d’un sommet Etats-Unis/Afrique en décembre 2022 pour « démontrer l’engagement durable des Etats-Unis envers l’Afrique et souligner l’importance d’une coopération accrue sur des priorités mondiales communes ».
La Maison Blanche semble ainsi rompre définitivement avec le désintérêt pour l’Afrique qui a caractérisé les années Trump pour tenter d’y rattraper son retard par rapport à la Chine devenue le premier partenaire commercial du continent.
Washington remet également le cap sur l’Afrique pour contrer l’influence grandissante de la Russie, qui s’est notamment manifestée par l’abstention de nombreux pays africains lors du vote d’une résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie à l’Assemblée générale de l’ONU en mars dernier.
Membre du groupe des BRICS aux côtés de la Chine, la Russie, l’Inde et le Brésil, l’Afrique du Sud a jusqu’ici adopté une position neutre sur le conflit russo-ukrainien et refusé de se joindre aux appels occidentaux à condamner Moscou.
M. B.